Jack Branch, professeur au lycée de Lakeland, Mississipi, se remémore des souvenirs de l’année 1954, année pendant laquelle se sont déroulés une tragédie dont il se sent fortement responsable. Lors de cette année, où il enseignait à une dizaine d’élève un cours sur le Mal, de ses origines à ses manifestations les plus illustres. Parmi ces élèves figurait un certain Eddie Miller, fils d’un assassin célèbre de Lakeland qui avait 15 ans auparavant, massacré 15 ans une étudiante du campus. Prenant sous son aile ce jeune homme qui semble quelque peu dépassé par son pedigree, Jack va proposer à Eddie de l’aider à écrire sur son paternel pour mieux cerner la nature de l’acte de ce dernier Hélas, au lieu d’aider Eddie à se dépasser, cette démarche aura une tournure bien différente et bien plus tragique.
De Thomas H Cook, je n’avais lu que les feuilles mortes, superbe roman noir à plusieurs niveaux de lecture sur le lien paternel et les secrets qu’il dissimule. Force est de constater qu’il existe un vraie parallèle entre ses deux romans, que ce soit au travers du thème principal, le lien de filiation entre un père et son fils ( en l’occurrence cerné ici sous deux angles différents, celui du narrateur avec son père, éminence grise cassante et illustre, et celui d’Eddie et son père, criminel de la pire espèce) ; mais aussi à travers ses intrigues secondaires -: les rumeurs et les réputations dans une petite ville de province des Etats Unis, les lourds secrets familiaux que l’on traine derrière soi et qui se révèlent en quelques jours- mais aussi par le biais de personnages proches , comme ce frère un peu simplet que l’on retrouve dans les deux ouvrages. Ces similitudes, qui n’entrave jamais le plaisir de ce roman, nous démontre que Thomas H Cook est une véritable auteur, et également une voix très importante dans le roman noir américain contemporain et avec les Leçons du mal, il atteint ici une sorte d’apogée dans son œuvre : l’intrigue, qui embrasse les années à l’intérieur d’un même chapitre est conduite avec une maitrise et une fluidité rare, et l’auteur sait nous cultiver avec de multiples références sur l’art et l’histoire qui jamais ne ralentissent l’intrigue, mais au contraire l’enrichisse fortement. Evidemment, pour qui aime les polars très rythmés avec une action tous les 50 lignes, les leçons du mal n’est pas vraiment approprié, mais pour tous les autres qui aiment les livres qui confèrent une superbe épaisseur psychologique à tous les personnages, des principaux aux secondaires, les livres qui nous emmènent sur des sentiers pas balisés et qui nous surprennent jusqu’à la dernière page, avec un rebondissement assez inattendu, bref des livres à la fois haletants, mélancoliques et profonds (un peu comme Seul le silence de RJ Ellory auquel il fait parfois penser) Les Leçons du mal est un livre à dévorer toute affaire cessante.
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