Nous sommes dans les années cinquante. Au large de Boston, sur un îlot nommé Shutter Island, se dresse un groupe de bâtiments d'allure austère. On dirait une forteresse. C'est un hôpital psychiatrique. Mais les pensionnaires d'Ashecliffe Hospital ne sont pas des patients ordinaires. Ils souffrent de graves troubles mentaux et ont tous commis des meurtres particulièrement horribles. D'où la présence de gardes armés sur l'île.
Lorsque le ferry assurant la liaison entre Shutter Island et le continent aborde ce jour-là, deux hommes en descendent : le marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule. Ils sont venus à la demande du directeur de la prison-hôpital et du médecin chef, le docteur Cawley, car l'une des patientes, Rachel Solando, manque à l'appel. Il s'agit d'une dangereuse schizophrène qui a tué ses trois enfants dans un moment de crise et demeure convaincue qu'ils sont vivants.
Son évasion est inexplicable, elle semble s'être volatilisée. Comment a-t-elle pu sortir d'une cellule fermée à clé de l'extérieur et franchir les barrages de sécurité ? Pour aller où ? L'île est totalement inhospitalière, bordée de falaises abruptes, baignée par de violents courants ; or, malgré les recherches entreprises sur place, Rachel n'a toujours pas été retrouvée.
De façon tout à fait subjective comme objective également, Shuttler Island constitue pour moi un des meilleurs thrillers de ces 20 dernières années : une maestria énorme, un des livres qu'on a envie de relire une seconde fois après la dernière page refermée pour essayer de voir ce qu'on a pas compris, et de trouver un nouvel éclairage à l'aune du rebondissement final que personne ne pouvait deviner.
Je pense que pour apprécier pleinement le film, il ne faut avoir lu le roman de Lehane auparavant, car forcément il va apparaitre d'un niveau inférieur, simplement déja parce que l'on se souvient forcément du twist final, et du coup, l'effet de surprise ne peut pas autant nous prendre à rebrousse poil, et dès le départ, on voit forcément le héros autrement que comme un simple marschall, et on a d'ailleurs l'impression que le scénario nous distille les doutes sur sa santé mentale plus rapidement que le livre.
De même, adapter un livre aussi fort bute sur les limites du visuel sur l'imaginaire: en nous plongeant dans le roman, on se faisait une idée de l'ile, de l'asile, et du phare où se passe ces experiences horribles sur le cerveau humain, et irrémédiablement, l'illustration de ces lieux, même créés par ce superbe styliste qu'est Scorsese apparait plus fade que ce qu'on avait en tête.
En outre, Scorsese a misé sur les effets visuels horrifiques (les rats, les hallucinations très voyantes), et un peu de sobriété aurait certainement encore attisé la tension.
Des 3 cinéastes qui ont adaptés Lehane au cours des dernières années, j'ai la nette impression qu' Eastwood avec Mystic River ou Ben Affleck avec Gone baby gone s'en sont mieux tirés,mais il faut dire aussi que les romans choisis, avec un suspens moins important que l'ambiance générale s'y prétait certainement mieux.
Cela étant dit, et encore une fois pour ceux qui découvriraient l'histoire, Shutter Island reste un très efficace polar, dont la fin éblouissante et tellement triste ne peut que hanter les mémoires longtemps aprés sa vision.