Hasard de mes lectures, j'ai lu coup sur coup cet été, deux fictions romanesques écrites par deux personnalités importantes du monde des médias et dont les ouvrages respectifs semblent surtout parler presque exclusivement.....d'eux !!!
Parlons tout d'abord du livre qui m'est tombé des mains (bah oui vous connaissez maintenant mon coté sadique), je veux parler de Ticket d'entrée de Joseph Macé Scaron, ancien rédacteur en chef des pages Idées du Figaro et désormais directeur adjoint de l'hebdomadaire Marianne, directeur du mensuel Le Magazine Littéraire et producteur d'une émission de critique littéraire sur France Culture.
Ces deux dernières casquettes revetent leur importance, car, et ce n'est hélas pas le seul dans ce cas, la sortie de son roman a déclenché un certain nombre de bonnes critiques dans les médias, et lorsqu'on lit le livre en question, on se demande quand même où se situe l'objectivité de ces différentes opinions. Pour ne pas se facher avec quelqu'un qui a pignon sur rue dans le domaine de la chronique littéraire et qu'on peut régulièrement croiser dans les soirées littéraires du tout Paris, il faut réussir à pondre une critique qui n'est peut-être pas si excellente qu'elle en a l'air, mais à condition de lire entre les lignes. Ce que ne fait assurément pas le lecteur lambda, influencé par le battage médiatique fait autour de ce livre et qui du coup, se révèle assez consterné par les feuilles de ce Ticket d'entrée.
Ne soyons pas bégueuls : L'auteur a certes une plume, mais le problème est qu'il ne se soucie absolument pas de raconter une histoire: à la fois chronique de ses aventures homosexuelles avec de jeunes ephebes qui n'ont rien dans le crane et beaucoup ailleurs, et également satire du monde de la presse mais qui n'en dit pas tant que cela quand même pour ne pas facher grand monde, sans oublier et portrait d'un quadragénaire un peu dépressif mais pas trop, Ticket d'entrée n'est finalement rien de tout cela et laisse un sentiment de vacuité assez incontestable et surtout, sous couvert d'autodérision forcée, une impression de narcissisme évidente chez l'auteur.
L'autre roman que j'ai lu de ces grands pontes des médias s'improvisant auteurs, c'est Un très grand amour, qui provient d'un "auteur" encore bien plus célèbre que Macé- Scaron, j'ai nommé Franz- Olivier Giesberg, connu aussi sous le dyminutif de F.O.G. FOG en anglais, ca veut dire brouillard, et si vous me permettez l'expression, son livre m'a un peu laissé dedans (je sais, elle est facile).
Certes, contrairement au roman de Macé- Scaron, le tissu romanesque d'Un trés grand amour est plus riche, mais le narrateur fait quand même énormement penser à l'auteur : homme des médias, chroniqueur littéraire à la télé, qui a rencontré les grands de ce monde, écrivains et politiciens ( de Julien Green à Mitterrand), ca me fait penser à quelqu'un, quand même, mais je vois vraiment pas à qui...)))
Là encore, le gros problème du livre est la mégalomanie évidente de l'auteur: à presque toutes les pages, l'auteur nous auto cite ses plus belles réflexions, ou alors, celles des auteurs qu'il affectionne particulièrement. Très vite, le livre ressemble à un vaste catalogue de citations littéraires, dont certaines sont effectivement plutôt bien tournées ("Si l'on peut mesurer l'amour au degré de peur qu'il engendre, celui-là était le plus grand que j'aie jamais connu" ou bien encore "Je suis un homme: autrement dit le seul animal de la Création qui a sa queue devant et ne cesse de courir après".) qui entrave complètement le fil narratif. FOG passe avant pour un don Juan qui collectionne les aventures avec les belles et (très) jeunes femmes, et finalement le très grand amour en question n'est jamais vraiment ressenti comme il devrait l'être.
De plus, les derniers chapitres du livre, décrivant par le menu détail le cancer de la prostate dont a souffertvéritablement Giesbert, m'ont semblé particulièrement impudiques et m'ont mis vraiment mal à l'aise. De Giesbert, je préfère défintivement ses essais politiques, dont la tragédie du président qui m'avait bien captivé en nous dévoilant les facettes de la Présidence Chirac.
De tous ces hommes des médias s'essayant au roman, seul Jérome Garcin du Nouvel Observateur et du Masque et la Plume me semble vraiment possèder un vrai talent de conteur, comme son dernier roman, Olivier dédié à son frère mort lorsqu'il avait 7 ans le démontre.