Potiche: François Ozon ose... et réussit souvent!!!
Le film Potiche, sorti en fin d'année dernière au cinéma, constitue le plus grand succès public de François Ozon ( 2 Millions 300 000 entrées), quasiment à égalité avec son 8 femmes qui réunissait 8 grandes stars du cinéma. Bien qu'appréciant une bonne partie des films de ce metteur en scène ( notamment Sous le Sable ou le temps qui reste avec Melvil Poupaud), et malgré le concert de louanges que le film avait entrainé, je n'avais pas eu envie d'aller le voir au cinéma.
A cela, plusieurs raisons :
- les affiches du film que j'avais trouvé ridicules (et qui sont rassemblées dans le patchwork ci joint);
- la crainte de me retrouver devant une pochade caricaturale et kitsh, un peu comme un autre film d'Ozon, goutte d'eau sur pierre brulante, que j'avais trouvé beaucoup trop outré;
- mon sempiternel prédisposition (que vous commencez à bien connaitre), pour les drames par rapport aux comédies;
- mon peu d'attirance pour le casting d'ensemble qui rassemble des acteurs peu connus dans l'ensemble pour leur sobriété;
- la peur de voir du théâtre filmé, puisqu'à la base, le film est une adaptation d'une pièce, rendue célaèbre par Jacqueline Maillon, et qui est devenue un fleuron d'Au théatre ce soir,
Eh bien, malgré tous ces a priori, je dois dire que j'ai dans l'ensemble bien apprécié ce Potiche, malgré une petite crainte dans les premiers instants du film qu'Ozon ne résiste pas aux sirènes du kitsh: des couleurs du papiers peints ou pull des acteurs, sans passer par le jeu un peu too much de Judith Godrèche ou Lucchini, la première demi heure a du mal à passer.
Ensuite, au fur et à mesure que le personnage joué par Deneuve prend du galon et passe du statut de potiche à femme de tête qui prend les rênes de sa vie et de l'entreprise de parapluie ( avec un bel hommage aux Parapluies de Cherbourg), le film gagne en profondeur en disant des choses assez fines sur le sexisme, sur le rapport patronat/ ouvrier et sur les dictats de notre société patriacarle et même sur la politique (le personnage de Deneuve se lancant dans les législatives dans la dernière partie du film).
Et puis, et surtout le film m'a beaucoup touché par la relation Deneuve/ Depardieu, et la nostalgie que le couple véhicule derrière lui : on pense au Dernier Métro forcément, et on pense aussi aux centaines de films dans lesquels ont joué séparement ces deux monstres sacrés du cinéma français, ici, vraiment en pleine forme ( expression à prendre dans les 2 sens pour Depardieu).
Finalement, j'ai eu bien fait d'aller au delà de mes a priori pour voir ce film dont le succès m'a paru amplement mérité.