Quand certains placent le cinéma et la pop US à mille coudées devant les films et artistes musicaux hexagonaux, personnellement, c'est la littérature americaine que je considére comme mille fois supérieure aux romans bien chez nous. En effet, combien de romanciers français peuvent se targuer de réussir un genre totalement maitrisé par les compatriotes de l'oncle sam, j'ai nommé la Saga familiale sur plusieurs générations? De John Irving à Steinbeck en passant par certains Douglas Kennedy ou Paul Auster, quel brio font preuve ces auteurs pour mélanger la grande Histoire avec la petite de quelques individus piochés au hasard!
Ainsi, lorsque plusieurs mois avant même les premiers coups de la rentrée littéraire, bruissait les rumeurs d'une nouvelle saga digne des chefs d'oeuvre du genre, sorti triomphalement en 2010 aux USA, et adoubée par le Président Obama himself, forcément, j'ai eu envie d'essayer moi aussi, et ainsi, des 12 livres figurant dans la liste des matches de la rentrée littéraire proposé par Price Minister, mon choix s'est naturellement portée sur Freedom de Jonathan Franzen ( un de tres rares écrivains qui a fait la une de Times Magazine et de Libération également).
Et pourtant, le premier éceuil de ce livre, ou disons plutôt le premier caractéristique qui m'a littérallement sauté aux yeux lorsque je l'ai reçu, c'est sa taille : 718 pages écrites dans des caractères toutes petits, c'est ce qu'on appelle un peu péjorativement un pavé.
Et 718 pages lorsqu'on travaille à temps plein et qu'on éleve deux petits bouts, c'est du temps à trouver et forcément un blog à mettre en veilleuse plusieurs jours, car lire du Franzen, malgré la quantité de dialogues et de situations excitantes, ca demande quand même un certain degrès d'exigeance, vu les allers-retours permanents entre 1970, 2004 et aujourd'hui et les différentes thématiques abordées, de l'économie mondiale à la surpopulation en passant par la défense de la paruline azzurée ( Franzen est visiblement un orthinolignue averti)
Mais avant de nous éparpiller, commencons par tenter de résumer l'intrigue. Ca raconte quoi, Freedom au juste? Eh ben, disons, pour simplifier, que cela raconte l’histoire d’une famille moyenne du Minnesota, les Berglund. Les Berglund ont débuté avec les illusions de la jeunesse. Patty se passionnait pour le basket dont elle devint une championne scolaire. Walter était un intello, plutôt à gauche et écolo, grand lecteur passionné par le sort des oiseaux (d'où les longs passages sur cette paruline azurée). Le grand ami de Walter est Richard, plutôt branché drogue et sexe, qui fera carrière dans le rock avec le groupe "Traumatics".
Et les 3 vont former un trio amoureux, entre amitié, désir jalousie et trahison. Et à ce ce trio , vont se greffer d'autres personnages, notamment les 2 enfants de Patty et Walter, Joey et Jessica, ainsi que les grands parents de ces derniers, qui vont drainer avec eux leurs lots de traumatismes et de ressentiments.
Car effectivement, il faut être clair sur le sujet: même si certains passages ne sont pas dénués d'humour ( notamment grâce à la vision assez cynique de Richard sur son métier de rockeur), Freedom n'est pas un livre qui va nous donner la pêche, loin de là, tant il parle de choses sombres : la perte de ses illusions de jeunesse, et notre incapacité à faire le bon choix et surtout à se satisfaire de ce que l'on, quitte à amérement le regretter lorsqu'on l'a perdu. Même si cette réflexion est plutot déprimante, elle n' en est pas moins trés juste, et surtout superbement amenée.
Il faut dire que Franzen excelle dans le portrait psychologique de ses personnages . Rarement on n'aura ressenti une telle justesse devant ces portraits d'êtres humains et de leurs ambiguïtés, leurs confusions, leurs désirs et leurs moments de grande détresse morale.
Mais Freedom est bien plus qu'une passionnante chronique familiale, sa grande force est aussi d'être un cinglant peinture des USA; les dépressions du couple faisant écho à celles de l'Amérique du 11 septembre et de Georges W Bush.
Je pourrais encore en écrire des pages et des pages pour dire tout le bien que j'ai pu penser de Freedom ( et ce, même s'il faut s'accrocher au début, c'est un livre qui se mérite). En tout cas, il n'est pas inutile que je le fasse vu que je commence à voir pas mal de critiques sur les blogs ou dans l'émission Le cercle littéraire, qui descendent en flèche le livre ( "creux, sans rythme, mal foutu", est on sûr d'avoir lu le même livre?), et j'ai l'impression que comme pour le film la guerre est déclarée, on ait besoin de faire dégringoler d'un piédestal une oeuvre qui a connu tant de louanges, car une unanimité autour d'elle est toujours digne de soupsons.
C'est certainement de bonne guerre, mais cela m'irrite tout de même, car pour moi, sans hésitation, Freedom est le 1er grand choc de cette rentrée littéraire 2011.
Ce livre, si vous voulez vous le procurer, on peut le trouver à un prix cadeau sur Price Minister :Freedom de J. Franzen
Cette chronique est également dans le cadre du challenge 1% rentrée littéraire proposé par Hérisson 8.
Dans un autre genre, tu as déjà lu du Jonathan Safran Foer ?