J'aime regarder les filles : raté à Annonay, rattrapé en DVD
Lorsque j'avais reçu le mail annoncant ma candidature au jury d'Annonay, j'avais regardé immédiatement le programme joint avec le courrier et sélectionné plusieurs films présentés hors compétition officielle en me disant que j'aurais bien un moment pour les voir.
En fait, je me suis vite aperçu que le programme d'un jury de festival n'est pas celui d'un festivalier ou d'un journaliste chroniquant un festival : à part les films en compet, on a pas du tout le temps de voir les autres films. C'est ainsi que dans les films au programme, étaient diffusés des premiers films français sortis au cours de l'année 2011 et qui avaient comme point commun de mettre en avant des acteurs montant de la jeune génération du cinéma français. Parmi ces films, j'avais donc noté Poupoupidou, 17 filles ou bien encore J'aime regarder les filles.
C'est ce dernier, le plus léger des 3, et surtout le plus dans la mouvance Saint Valentin du moment, que j'ai tenu à rattraper au vol le plus vite aprés mon retour d'Ardèche. Il faut dire que ce premier film, réalisé par un certain Fréderic Louf, est sorti en catmini en plein été dernier, mais auréolé de critiques dans l'ensemble particulièrement favorables pour une oeuvre dont le résumé pourrait faire penser à une sorte de boum ou de LOL.
En effet, "J'aime regarder les filles" est clairement une comédie d'initiation sentimentale située au temps de l'arrivée de Mitterrand au pouvoir. Et c'est ce particularisme temporel qui contribue pour une bonne part au charme du film : le film commence à la veille du second tour, et l'arrivée du premier président socialiste sous la Vème République a provoqué un tel bouleversement chez les français de l'époque que même lesjeunes de 18 ans, plus préoccupés au départ par la réussite au bac, et surtout par leurs émois amoureux en subissent aussi quelques conséquences dans leur vie de tous les jours. Tous les petits détails historiques du film confèrent au film une vraie nostalgie, sans qu'elle n'empeche jamais de suivre l'histoire.
Le scénario suit à la trace ce Primo (comme Primo Lévy) qui passe le bac pour la seconde fois, et qui va tomber éperdument amoureux de Gabrielle, une jeune BCBG en provenance d'une famille bourgeoise de Paris et habituée à trainer avec une bande de petits morveux pédants de droite. Pour tenter de la séduire, Primo va perdre la tête et lui inventer une autre vie, loin de ses petits boulots, de sa piole minable, et des parents, modestes commerçants de Province. Ce postulat de départ pourrait laisser penser à une comédie bien lourde avec quiproquos et situations de vaudeville, mais c'est sans compter sur la subtilité de l'écriture et des dialogues. Fréderic est un indécrottable romantique, mais sa maladresse et ses mauvaix choix plombent considérablement sa destinée sentimentale. Quiconque a aimé follement la personne qu'il ne fallait pas peut totalement s'identifier à ce personnage dont le jeune Pierre Niney, plus jeune pensionnaire de la comédie française, présent le premier week end à Annonay, (en compagnie d'Audrey Bastien, autre actrice du film) apporte un côté lunaire et décalé assez enthousiasmant.
Pour tous ceux qui n'ont pas découvert en salle cette touchante love story mitterandienne, la sortie du DVD pour la Saint Valentin est donc une belle aubaine.