Quand c'est court, c'est bien aussi!!!
Lorsque j'avais plus de temps pour vivre ma cinéphilie à fond, je consacrais pas mal d'heures à l'actualité des courts métrages. Je ne manquais pas les nombreux programmes télévisés qui les célébraient (Micro Ciné sur Canal Plus, Court Circuit sur arte, Libre Court sur France 3, Histoires Courtes sur France 2), émissions pour la plupart toujours à l'oeuvre sur ces chaines hertziennes, mais à des horaires souvent trop tardives pour le jeune papa actif que je suis.
Vous pourriez me rétorquer que je peux toujours me rabattre dans les bonnes salles de cinéma de ma région , sauf que, désormais, les salles obscures qui projettent les courts métrage avant un long sont de moins en moins nombreuses, certaines, comme le Cifa St Denis à la Croix Rousse, faisant un peu office de dernier des Mohicans.
Du coup, plus par facilité plus que par choix, je me suis consacré uniquement aux longs métrages, mais en gardant gravé à l'esprit que je commettais une belle erreur de négliger autant les courts.
En effet, et le réalisateur Raphaël Jacoulot que j'ai eu le grand privilège de cotoyer quelques jours à Annonay (qui ne sait pas encore que j'y suis allé??) me l'a confirmé : un court métrage, ca reste quand même la plus belle carte de visite qui soit pour tous les futurs grands génies de la pellicule : c'est dans un court qu'on peut se permettre, même avec peu de moyens, toutes les audaces, formelles ou scénaristiques qui soient....Souvent, les DVD proposent avec des films, les courts métrages antérieurs des réalisateurs de l'oeuvre, et il s'avère ainsi passionnant d'aller guetter les prémisses et les promesses des films à venir.
Bref, le court métrage reste une pièce maitresse préalable à toute carrière cinématographique digne de ce nom,ainsi qu'une oeuvre artistique parfois fondamentale, et je me languissais de ne plus en voir ou si peu, mais heureusement, très récemment, j'ai eu l'opportunité de me refaire une petite cure de regenérescence en la matière.
Tout d'abord au festival d'Annonay (où ça?), où j'ai pu voir le court métrage ardéchois Totem qui, même s'il m'a laissé dubitatif, reste un objet de cinéma intéressant (j'ai été un poil sévère dans mon compte rendu quand même), et m'a surtout fait prendre conscience du travail et de l'investissement énorme de ces professionnels autour d'un projet, aussi bref soit le résultat une fois mis en images.
Puis, quelques jours aprés, Agathe, de la société de distribution Ouatmédia, spécialisée dans la distribution de courts métrages (notamment sur le réseau Itunes), m'a demandé si j'étais interessé pour visionner trois perles issues de son catalogue. Ces trois courts métrages ont pour point commun la Cérémonie des Oscars.
En effet, si l'un d'entre eux, WEST BANK STORY, a eu l'Oscar du meilleur court-métrage de fiction en 2007, les deux autres (RAJU et PENTECOST) ont eu la particularité d'être tous deux nominés comme meilleur long métrage de fiction lors de la 84ème cérémonie qui aura lieu dimanche soir prochain, le 26 février (le soir où notre Jeannot Dujardin devrait avoir sa consécration mondiale, enfin c'est ce que disent tout le monde, du moins, tous les français :o)
Bref, j'ai eu donc la chance de les regarder tous les trois, mais en version originale non sous titrée, et comme je ne suis pas Mylittlediscoveries, j'ai un peu ramé, surtout pour celui qui se passe en Irlande. Voici un rapide résumé de ces 3 films ne dépassant pas les 25 minutes:
Pentecost de Peter Mac Donald :
L'histoire : Dans l'irlande trés croyante de la fin des années 70, un jeune garçon de 11 ans voit sa passion pour le football et pour le mythique club de Liverpool se confronter avec ses obligations d'enfant de choeur. Est ce que son père arrivera à comprendre que l'amour de son gamin pour le foot vaut toutes les messes du monde?
Mon avis : Les quelques mots de l'intrigue suffisent à clairement le faire comprendre: nous sommes ici dans la pure comédie britannique, qui fait beaucoup penser à Billy Eliot ou certains films de Stefen Frears. Gentiment irrévérencieux, truculent dans les dialogues ce film, réalisé par un acteur irlandais spécialisé dans les seconds rôles, nous offre 10 bonnes minutes de fraicheur et de tendresse absolue.
Raju de Max Zähle
L'histoire : Un couple allemand arrive à Calcutta pour adopter un orphelin indien de 4 ans. Lorsque celui-ci disparaît soudainement, le couple se rend compte que leurs problèmes ne font que commencer et qu'ils en sont peut- être la source.
Mon avis : Un très beau film au sujet fort original : à part Holy Lola, j'ai vu peu d'oeuvres sur l'adoption, et ici l'intrigue est traitée comme un polar métaphysique avec un Calcutta filmé magnifiquement, intriguant et mystérieu à souhait. Des personnages et des situations fortes campées en peu de dialogues et de scènes, des acteurs totalement investis dans leur rôle, Raju, choc émotionnel et esthétique intense, me restera longtemps gravé en tête, malgré (ou grâce à ?) ses 24 minutes.
West bank story d'Ari Sandel
L'histoire : David, un soldat israélien, tombe amoureux d'une belle serveuse de fast food palestinienne, Fatima. Hélas, leurs deux familles, rivales dans le domaine de la restauration du Moyen Orient, se détestent cordialement.
Mon avis : L'idée de départ est bonne (une comédie musicale à la Bolywood sous fond de conflit israélo palestinien, matiné de Roméo et Juliette avec plein de falafels dedans), mais la sauce ne prend hélas jamais vraiment: trop lourd, trop kitsh, trop mal joué: on frôle l'indigestion pendant les 21 minutes de ce court métrage... Et pourtant le film a eu l'oscar en 2007, les américains doivent donc avoir l'estomac plus solide que moi :o)
Enfin, mes goûts sont évidemment d'une très grande subjectivité, et si vous vous voulez vous faire votre propre opinion sur ces 3 courts, sachez que depuis le mardi 21 février, Raju, Pentecost et West Bank Story sont aussi disponibles sur iTunes, pour la modique somme d'1€,99 chacun (cliquer directement sur le lien pour accéder au téléchargement du film). Pour ceux qui ne pourront être présent à Holywood Boulevard dimanche soir, voici la meilleur occasion de se faire une idée plus précise du potentiel des nominés pour cette récompense, peu médiatisée, et pourtant si importante.