ANOTHER-YEAR_120-564x768Après vous avoir parlé de la reine mère il y a bien peu de temps, je continue sur ma lancée avec des billets sur la Grande Bretagne. Heureusement que je n'ai pas vu la Dame de Fer, ca aurait pu vous faire beaucoup. Remarquez, j'en connais au moins une qui ne devrait rien avoir à y redire à cette overdose anglaise.

Aujourd'hui, je voudrais vous parler d'un film réalisé par un très grand metteur en scène anglais, Mike Leigh, et d'un de ses films que j'ai trouvé typiquement anglais, et dans sa forme et dans son fond. Ce film, Another Year, son dernier en date, a, sur bien des points, bouleversé mes modes de fonctionnement.

Qu'est que j'entends exactement par là? Jugez en plutôt par vous même :

1. Je n'ai pas, contrairement à nombre de cinéphiles, tendance à voir un même film plusieurs fois de suite en peu de temps : je me dis qu'il sort tellement de films par an et que mes journées ont si peu d'heures de libre que je ne peux prendre le luxe de multipilier les séances de visionnage d'un même film, et tant pis si un film ne m'a pas dévoilé tous ses trésors dès la première fois;

2. Les rares fois où je déroge à ce principe d'une unique vision sont lorsque jeanother-year-mike-leigh ressors totalement emballé d'un film (le nom des gens),  et que j'ai envie de prolonger quelques mois aprés l'euphorie que j'ai ressenti en sortant de salles :

3. Lorsque je vais voir un film au cinéma ou à la télé, c'est pratiquement dans la foulée que j'écris un billet dessus : si je laisse trainer trop de temps, finalement je n'ai plus en mémoire ce que je voulais dire dessus: et si jamais un article sur un blog  me donne envie de réagir dessus, il faut qu'il soit contraire, et de façon tranchée à mon opinion,  car je suis meilleur dans la contre argumention (n'est ce pas Potzina?);

4. Lorsque je suis déçu par un film, en général j'arrive à pointer du doigt les raisons de ma déception, c'est pour ca d'ailleurs et avant tout que j'aime chroniquer ;

   anotehr-year-469x313  Or, avec Another Year, j'ai fait tout en dépit du bon sens, sur les 4 points que je viens d'énoncer:

1. J'ai vu le film une fois au cinéma à sa sortie en décembre 2010 tout seul et je l'ai revu un an plus tard à la télé avec ma copine;

2. Cela est d'autant plus paradoxal que j'étais sorti assez circonspect de la salle de cinéma; j'attendais tellement de ce film (depuis sa sélection en cannes plusieurs mois avant), et j'étais persuadé que j'allais être totalement conquis, or, sans avoir détesté (loin de là), j'avoue que je m'attendais à être bien plus emporté par l'intrigue et les personnages;

3. Que ce soit lors de sa vision en salle ou celle à la télé, je ne savais pas trop quoi écrire sur ce film.  Et c'est finalement un article de blog  Fleur de menthe m'a donné envie d'écrire sur ce film. Mais, au lieu de contredire l'auteur de ce billet en insistant sur ce qui m'a déçu dans le film, son article- oh combien élogieux- m'a donné envie d'arreter de faire la fine bouche et de défendre ce film qui m'a quand même assez retourné les deux fois

4. En sortant de la salle de cinéma, je me souviens avoir appellé ma copine (j'étais à l'époque sur Paris, et elle sur Lyon) et lui avoir dit que le film m'avait déçu, mais sans en comprendre les raisons, et cela m'enervait, car ne pas réussir à mettre des mots sur des sentiments n'est pas dans mes habitudes.

Pour toutes ces raisons, Another Year n'est peut être pas pour moi le chef d'oeuvre du siècle, mais assurément un beau film simple et émouvant sur des gens certes ordinaires et pas forcément héroïques, mais en  fin de compte terriblement humains. L'atout premier des films de Mike Leigh, et notamment de celui ci, réside dans sa grande capacité à peindre une mosaïque de personnages attachants et tout à fait crédibles, jusque dans leurs excès.

Et puis, et surtout un tel film qui a fait ainsi changer mes habitudes de vieux garçon est forcément un film hautement estimable, non?