Au revoir, Michel Duchaussoy, un grand monsieur du cinéma et du théatre
Un petit billet sur le pouce pour saluer cet immense acteur du cinéma français, Michel Duchaussoy, décédé à l'âge de 73 ans, d'un arrêt cardiaque dans la nuit de lundi à mardi.
Cette nouvelle m'a profondément attristé, car j'aimais beaucoup l'acteur, au jeu élégant et racé, et représentant d'un pan important du cinéma français, celui de Chabrol et de Louis Malle, deux des plus grands cinéastes (décédés eux aussi), sous la direction desquels il a joué.
Et surtout Chabrol, car Michel Duchaussoy pour moi, restera à jamais ce Charles Thénier de Que la Bête Meure, ce père écrivain, fou de douleur, qui jure de venger son fils quun chauffard a tué, et qui va être confronté à cet effroyable monstre ordinaire joué par Jean Yanne (euh, encore un pris par la Grande Faucheuse, en voilà un billet réjouissant!!!). Par son jeu ambigu et un regard d'où peut se déceler une certaine folie, Michel Duchaussoy apportera une vraie profondeur à ce rôle et une prestation de poids face à Jean Yanne.
A part ce rôle magnifique, la carrière de Michel Duchaussoy au cinéma n'a certainement pas eu l'ampleur qu'elle méritait. Mais il faut dire qu'il était avant tout un grand monsieur du théatre et fut d'ailleurs sociétaire honoraire de la Comédie-Française, dont il fut sociétaire de 1967 à 1984 ( il a notamment joué des rôles très divers dans des pièces de Molière, Pirandello, Marivaux ou Feydeau). Personnellement, j'ai eu la chance de le voir jouer sur scène en 2000 dans la pièce de David Mamet, Glengarry, au Théatre du Rond Point, sous la direction de Marcel Maréchal, et j'avais été épaté par sa liberté de jeu, alors que le cinéma avait tendance à l'enfermer dans un certain type de rôle, les bourgeois un peu cyniques sur les bords. C'est d'ailleurs au théâtre qu'il avait reçu son unique récompense marquante, un Molière du meilleur comédien dans un second rôle, pour le Phédre mis en scène par Patrice Chéreau en 2003.
Car hélas, et c'est un peu son problème durant toute sa carrière, Michel Duchaussoy n'avait que rarement, en tout cas au cinéma, le premier rôle, et souvent les personnages qu'il avait à défendre étaient trop peu étoffé sur le papier pour qu'il puisse montrer tout l'étendue de son talent. Cela dit, ces dix dernières années, j'avais pu apprécier ces partitions toujours pleine de justesse dans deux films sous estimés, Confidences trés intimes de Patrice Leconte (il interprétait le vrai psy, celui dont Fabrice Lucchini usurpait la place) et L'autre Dumas de Sabby Nebou où il faisait un préfet Crémieux savoureux à souhait.
Par contre, je regrette un peu que, la dernière fois où je l'ai vu joué sur grand écran, c'était dans le si médiocre Age de Raison de Yann Samuel, dans lequel son personnage souffrait d'une grande faiblesse d'écriture pour exister vraiment. Du coup, pour enlever ce souvenir amer, j'irais peut être le voir dans le dernier film qu'il a tourné, Astérix et Obélix, au service de sa majesté, dans lequel il joue Abraracourcix, le chef du village, et dont la sortie est prévue en octobre prochain.
En même temps, je suis pas sur que ca soit une bonne idée...
Et si je me refaisais plutôt un petit Que la bête meure, vous en pensez quoi ??