Baz'art  : Des films, des livres...
3 mai 2012

Margin Call, le film qui te fait aimer les traders

Kevin Spacey Margin CallIl y a quelques mois de cela, j'avais assisté avec mon fils à un spectacle d'improvisation pour les enfants qui demandait, comme souvent dans ce genre de représentations, pas mal d'interacitivté avec le public. A un moment, un des comédiens m'interpelle et me demande de lui donner sans réflechir l'identité du métier que je déteste le plus...Ne m'attendant pas à cette question, j'ai lancé le premier métier qui me venait à l'esprit, qui était " trader". On était pourtant déjà loin des scandales de Kerviel et compagnie, mais comme un certain nombre de français, je garde une rancoeur tenace pour cette profession qui a commencé à avoir une très mauvaise réputation depuis la crise financière de 2008, et mon inconscient a donc gardé ce métier comme la "pire profession du monde".

Cela étant dit, je n'avais de ce métier de trader qu'une image forcément caricaturale, à savoir celle d'un type qui vendrait père et mère pour se faire le plus de blé possible. En effet, s'il y a bien un domaine qui ne m'a jamais interessé, c'est bien l'économie (malgré un Bac économique, allez savoir) et j'avoue n'avoir jamais cherché à vraiment connaitre les vraies raisons de cette crise et le détail des missions de ces traders.

Heureusement que le cinéma est là pour pallier cette carence et heureusement qu'il y a des invitations avant première pour voir desmargin-call-2011-20299-1619893536 films dont le sujet me dit si peu : je cultive un  tel mépris pour ce milieu là que passer 2 heures en compagnie d'employés et de dirigeants d'une grande entreprise financière à l'aube de la crise des subprimes menacait de me plonger soit dans l'agacement soit dans l'ennui le plus profond.

Ce film, c'est Margin Call, sorti hier sur nos écrans, et réalisé par un jeune cinéaste américain, J.C Chandor, dont c'est le tout premier film, et qui a réussi, sur la simple base de son script, à rassembler une superbe brochette de comédiens, des plus confirmés (Kevin Spacey, Jeremy Irons, Demi Moore) à des plus jeunes comédiens, découverts dans des séries du moment (Zachary Quinto vu dans Héroes).

L'objectif de la fiction de J.C Chandor, est de retracer 24 heures décisives dans la vie d'une banque d'investissement avant le krach boursier de l'automne 2008, de la naissance du soupçon jusqu'à la prise de conscience de l'étendue du cataclysme.

Et c'est peu de dire que le pari du réalisateur est réussi, tant, pendant toute la projection du film, je n'ai pas pensé une seule seconde à autre chose qu'au destin de ces personnages qui s'agitaient (et dieu sait qu'ils s'agitaient) à l'écran.

Margin-Call-05Si Margin call arrive à être un film réellement passionnant sur un sujet qui ne l'est pas au départ, plusieurs raisons peuvent l'expliquer.

Avant tout, le film est extrémement documenté et jamais caricatural (comme pouvait l'être Wall Street 2), le père du réalisateur a travaillé pendant 40ans dans une banque d'investissement, et a donné énormément d'informations à son fils qui en a tiré profit pour batir des personnages autenthiques et des situations parfaitement crédibles. Certes, les grands pontes de cet établissement développent un cynisme et se prêtent à des stratégies diaboliques simplement dans le but de maintenir la tête de leur établissement hors de l'eau, et qu'importe les conséquences sur les milliers de personnes qui sont au bout de la chaine. Mais les autres employés, des chefs de service aux agents situés tout en bas du système, ont des vrais états d'âme et un sens des responsabilités dont on ne se doutait pas forcément.

Par ailleurs, le scénario bénéficie d'une construction de récit très ingénieuse basée sur une unité de lieu (cet immeuble qu'on nePaul+Bettany+Margin+Call quitte quasiment pas du film, sauf en de rares pauses faussement plus respirables) et de temps : le film dure exactement 24 heures, et du coup, la fiction possède une force qu'il n'aurait pas eu si l'histoire s'était déroulée en plusieurs jours.

Par ailleurs, la mise en scène est au diapason de ce récit: tendue à l'extrême, concentrée exclusivement sur son sujet (aucune histoire parrallèle comme souvent dans ce genre de films), elle donne au film une intense dimension dramatique qui contribue énormément à la réussite éclatante du film.

Mais tout ceci ne serait rien sans un casting aux petits oignons, ce qui est assurément le cas: quel plaisir de revoir Kevin Spacey Demi Moore, et Jeremy Irons défendre des personnages aussi complexes et consistants. Quel bonne surprise de découvrir  enfin ce Simon Baker dont tout le monde me parle (dois je vous rappeller que je ne regarde jamais les séries de TF1, par pur snobisme? :o) Et pour Paul Bettany, qui ne jouait que dans des nanars (Priest,) en voilà une belle résurrection! Et je n'oublie pas les petits jeunes, tout à fait à la hauteur des anciens.

Bref, à cause de ce film nuancé et haletant de bout en bout, je serais bien embeté si, aujourd'hui, je retournais au spectacle d'improvisation et qu'on me reposait la même question... Et je ne pourrais pas, à la place, répondre "flic", à cause de Polisse de Maïwenn,et évidemment je ne pourrais pas plus rétorquer: " huissier" depuis que j'ai vu Je ne suis pas là pour être aimé de Stéphane Brizé... Quelqu'un pourrait t-il ainsi me donner une idée d'un métier à mauvaise réputation que le cinéma n'a jamais encore humanisé? Merci d'avance :o)..

Commentaires
L
Rude défi que de rendre un cigarettier sympathique, quand on sait de quoi ils sont capables. Je te laisse commencer...
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F
salut loulou, heureux de te lire!!<br /> <br /> visiblement le cinéaste a été critiqué aux USA parce qu'il a trop cherché à humaniser ces types, mais le fait que son père ait bossé 40 ans dans cette branche n'est pas étranger à son parti pris que je défends évidemment becs et ongles )<br /> <br /> je suis content j'avais écrit ma critique avant de découvrir celle de télérama et nous sommes sur la meme longueur d'ondes, donc tu peux tenter le coup sans pb...deux personnes de goût au moins ont aimé )<br /> <br /> cigarettier, effectivement, voila un beau métier de crapule...et si alors tu nous pondais un bon roman prenant un cigarettier comme personnage principal que je puisse enfin en aimer un , qu'en penses tu? )
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L
Intéressante critique, ce sera peut-être le prochain film que j'irai voir. Il est vrai que le métier de trader n'a pas bonne presse, mais ce sont toujours des êtres humains qui se cachent derrière. Cigarettier, c'est peut-être pire ?
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F
@mydiscoveries : il est déjà sorti en UK? il est passé inaperçu? car en France ou aux States, on en a bcp parlé et presque tjrs en bien...<br /> <br /> @aurore : c bien de faire du sport, je devrais en prendre de la graine...pt être seras tu moins enthousiaste que moi, c pt etre un univers bien masculin...<br /> <br /> @potzina : "des mois passés ensemble"?carrément? :o) je ne suis pas mécontent de mon petit effet...bon avant le tim burton de la semaine prochaine ( et ne me dis pas que tu n'iras pas juste pour me surprendre aussi), si tu peux aller voir celui la, je serais curieux de savoir si tu as partagé ou pas mon enthousiaste...c pour moi un des tous meilleurs vus cette année...bisous
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P
Bououououhhh ! Je me suis trompée dans mes pronostics !!!! Pour une surprise, c'est une surprise mon cher Watson ;) Après tous ces mois passés ensemble, tu me surprends encore, c'est beau !<br /> <br /> A priori ce film me tentait surtout pour le casting mais si en plus l'histoire est haletante, j'essaierai de le voir.<br /> <br /> Bonne fin de journée filou.
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