En allant voir récemment le résultat de mes requêtes google, je me suis aperçu qu'un certain nombre d'internautes venaient sur mon blog avec une recherche précise : celle de connaitre la fin des films. En effet, j'ai du avoir une bonne vingtaine de demandes concernant la fin du film Polisse, une dizaine sur la fin des 38 témoins, et 4 ou 5 sur le Prénom et Babycall, films que je n'ai meme pas vu au demeurant, mais dont j'ai juste parlé dans mes sélections du mercredi.
Je ne saurais évidemment dire si ces requêtes proviennent de personnes qui ont vu le film et qui veulent avoir des précisions ou alors d'autres, qui veulent s'épargner la vision du film et pouvoir le raconter en public pour faire comme si!!
Devant cet afflux de demandes, je me suis demandé pourquoi nous, blogueurs ciné, prenions ce parti pris de ne jamais raconter la fin des films, ni même des éléments clés de l'intrigue, exactement comme dans les autres médias, alors que rien ne nous l'interdit formellement. Cette pratique a d'ailleurs un nom que j'ignorais jusqu'à récemment, elle vient de l'anglais, ca s'appelle spoiler.
On entend par spoil tout document ou texte qui dévoile tout ou une partie de l'intrigue d'une œuvre (livre, film, série). Et qui donc gâche le plaisir et la surprise que la personne aurait en découvrant l'œuvre par elle-même. . J'ai vu que sur Wikipédia, mais je ne sais pas trop d'où ils sortent cette théorie, que généralement, on ne considère plus comme spoil le fait de donner ces informations (cruciales ou pas) lorsque la date de sortie de l’œuvre dépasse les 5 ans.
Sur le site Allo ciné, j'ai remarqué que, depuis peu de temps, lorsqu'un internaute poste une critique sur le site, il a la possibilité d'activer une touche " spoiler" pour cacher certains passages trop significatifs de son écrit, ce qui rend d'ailleurs ensuite le texte peu lisible, un peu comme lorsque dans les reportages foireux de M6, on ne voit la moitié des visages et des lieux floutés.
Si on pourrait légitimement penser qu'une grande majorité des gens veulent absolument ignorer le dénouement des films, de plus en plus de cinéphiles pensent le contraire et vont même chercher à savoir la fin d'un film, prétextant que l’intérêt ne réside pas dans l’anecdote, mais dans la façon de conduire le récit, la manière de la raconter.
Et d'ailleurs, une récente étude menée à l'Université de Californie à San Diego confirme cette éventualité que les spoilers pourraient en fait accroître le plaisir ressenti devant un film ! Selon le chercheur qui a initié l'enquête, « connaître la fin permet de se focaliser sur d'autres éléments du récit, comme les personnages et le style ». Un point de vue partagé par Charlie Keil, directeur de l'Institut d'études du cinéma de l'université de Toronto, qui complète : « La façon de raconter l'histoire est plus importante que la résolution de l'intrigue. Sinon pourquoi est-ce qu'on regarderait des films déjà vus ? »
Personnellement, je ne suis pas d'accord du tout avec cette analyse et c'est certainement pour cela que je revois peu de films ou alors lorsque je suis certain de ne plus me souvenir de la fin. Pour moi, qui ait tendance à préférer le scénario à la mise en scène, si un film ne me ménage plus de surprise, et notamment sur le dénouement, alors mon plaisir en est largement éventé. Je m'oppose d'ailleurs sur ce sujet férocement à ma mère, qui, pour sa part, n'est absolument pas dérangée par connaitre la fin d'un fim, et qui du coup se fait un malin plaisir de mes les raconter si je n'ai pas vu le film (comme pour le film Incendies, où le twist final revet une importance capitale).
Et je m'insurge pareillement et régulièrement contre le critique de Télérama Pierre Murat, qui dans L'émission radiophonique Le masque et la plume sur France Inter (émission que je n'écoute hélas plus) a la facheuse avait l’habitude, fâcheuse de raconter, non sans une certaine perverse délectation, la fin des films.
Je ne dis pas qu'il ne m'est jamais arrivé de lire des fins de film sans avoir vu le film. Je suis notamment un lecteur assidu d'un ouvrage, L'annuel du cinéma, édité par la revue Les fiches du cinéma, qui raconte dans le détail l'intégralité des résumés des scénarios de l'ensemble des films sortis en France sur une année. Et lorsque je sais que je n'irais pas voir un film qui ne m'attire pas assez, je lis ce résumé jusqu'au bout. Ou bien lorsque je commençe un film mais qu'il ne me plaitt pas assez pour continuer jusqu'à la fin, je lis l'intégralité de la fiche, mais j'avoue que j'a alors toujours au fond de la bouche un petit gout d'inachevé. La lecture de cet annuel est en fait bien plus intéressante pour moi lorsqu'elle m'aide à mieux comprendre une fin de film que j'ai bel et bien vue, mais dont j'ai besoin de quelques éclaircissements (bref une fin d'un David Lynch par exemple).
Si je n'avais pas cet annuel, j'aurais pu également m'aider d'un site internet, la fin du film.com, qui, comme son nom l'indique, dévoilait la fin d'un certain nombre de films, grâce à l'intervention d'une quinzaine de bénévoles,. Le tout classé par catégorie : « Et à la fin il devient gentil », « Alors, en fait, le type », « Et alors là, tout à coup »...Son fondateur, Eric Culnaert, 37 ans, consultant en nouvelles technologies, revendiquait un côté potache : « Je voulais simplement renverser la logique de la critique de films. Si je peux énerver un peu, tant mieux. » Mais ce site a pris fin en mars 2011 pour des raisons inconnues. Et aucun autre site n'est venu combler ce manque.
J'imagine donc que c'est pour cela que les internautes se ruent sur mon blog, et probablement sur les autres blogs ciné, pour faire leurs requêtes. Hélas pour eux, ils doivent repartir bien décus de mon site. Si je ne vais pas changer d'avis et publier au vu et su de tout le monde les fins des films, je propose à tous les internautes qui arrivent sur mon blog dans ce but de m'envoyer un mail privé et de me demander mon point de vue sur la fin du film en question, et je me ferais alors un plaisir de lui répondre. Sauf bien sur s'il s'agit de films que je n'ai pas vu....
Je surfe sur des blogs de ciné & de littérature pour avoir des avis, pas pour connaître en détail les histoires. D'ailleurs lorsque je constate que les critiques st trop longues, je ne lis qu'en diagonale pour ne pas en savoir de trop sur le film ou le livre.
J'ai également envie de découvrir par moi-même les intrigues, les retournements...
Après, on est libre de revisionner de nouveau le film ou de relire un livre apprécié pour aborder le côté plus technique.
J'avais regardé avec un autre oeil Usual Suspect