Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie : tout est dans le titre!!
Nick Flynn n'avait pas connu son père. Ce dernier écrivain sans oeuvre un brin mythomane, menait une vie de bohème, tandis que son fils, lui-même apprenti poète, traversait une jeunesse instable. Jusqu'à leur rencontre dans un asile pour SDF de Boston. Les souvenirs affluent alors, en désordre, à l'image d'un roman familial chaotique, mais aussi d'une médiation poétique sur la filiation. Sans apitoiement, dans une langue fulgurante, Nick Flynn use tour à tour de toutes les formes littéraires pour cerner enfin la mythique figure paternelle, dans l'espoir de donner ordre et sens à sa propre vie. Cette entreprise héroïque, à la porte universelle, devient ainsi un acte de foi dans la grandeur de la littérature.
Dans ce roman entre autobiographie et biographie, l'auteur réunit deux vies en un seul roman: la sienne et celle de son père, qui l'a abandonné durant son enfance. La vie de son paternel est marqué par un sentiment d'échec et de misère cuisants, l'entrainant dans la déchéance, l'alcool, jusqu'à ce qu'il devienne SDF. Et le fils va, plus ou moins inconsciemment ou non, reproduire le même schéma paternel et le même destin chaotique.
Le livre entremele alors les deux histoires, les deux destins, sans vrai souci de chronologie et c'est au lecteur de suivre le fil de ce récit morcelé, et de remettre à sa juste place les pièces du puzzle.
Ce livre ne se réduit ni à un document social sur la misère urbaine, ni à un simple récit autobiographique. S'il rend dignité et parole à toute une humanité souffrante, il s'agit avant tout d'une méditation de poète sur la filiation, hantée par le spectre du roi Lear et les échos de Becket. Bref, un texte assez difficile d'accès et pas forcément à mettre devant tous les yeux.
Car si l'écriture, et sa petite musique si particulière, et qui possède une vraie flamboyance, suit bien ce ryhtme échevelé et de cette quête du père qui est tout sauf linéaire, j'avoue m'être bien vite perdu à essayer de mettre de l'ordre dans ce récit et assez vite, me suis retrouvé, exterieur à cette histoire, pourtant si tragique et authentique.
Un peu de sobrieté et de classisime n'aurait pas nui à la cohérence du récit...