Mon petit poucet: le célebre conte revisité
Mardi soir dernier, c'était soirée théatre avec mon fiston, et théâtre plutôt costaud. En effet, nous sommes allés, dans un lieu que je connaissais pas encore, le Théatre Nouvelle Génération dans le 9ème arrondissement de Lyon, un centre d'art dramatique subventionné par la Ville, voir une pièce dont l'histoire est forcément connue, même si l'angle utilisé ici est quelque peu particulier.
L'histoire, c'est celle d'un conte que tous les parents du monde ont raconté au moins une fois à leurs enfants pour les endormir, même si comme la plupart des contes, il raconte des choses assez effrayantes et effroyables. Ce conte, c'est celui de Charles Perrault, le Petit Poucet, mais vu ici sous un angle différent que celui que l'on connait habituellement.
En effet, le conte populaire réécrit par l’auteur et metteur en scène béninois José Pliya, s’attache ici à faire entendre la voix du père. Le « Mon fils a disparu. » qui ouvre le texte à la place du « Il était une fois… », est prononcé d’une voix douce et enveloppante. Mais les phrases qui poursuivent le récit dessinent une réalité plus complexe qui contient tout autant les peurs opaques de l’abandon et la peur de l’obscurité, que le chemin à parcourir et le potentiel insoupçonné qui se révèle chez un personnage faible et inutile en apparence.
Incarnant la figure paternelle, l’imposant Lotfi Yahya Jedidi, ( qui a remplacé décédé sur scène, juste avant que la pièce ne commence, Dieudonné Kabongo) est assez impressionnant, autant pour les grands que pour les petits gouailleur que mystérieux ; il pose tout en nuance la question de la paternité et de la transmission, avec, à ses côtés, une bûcheronne en contrepoint nécessaire à ses balivernes !
Peu de décors, juste une maison et les deux parents et les interrogations à n'en plus finir. Mais la lumière et la bande son habitent suffisament la scène pour rendre le texte palpitant à souhait.
Un bémol toutefois : cette version du Petit Poucet est plus pour les enfants d'au moins 10 ans que les autres. Pas sûr que les plus petits aient envie d'entendre un texte aussi cruel sur un père qui méprise autant un de ses enfants, et qui n'a rien de la figure paternelle aimante et rassurante que l'on voit habituellement dans les contes traditionnels.