Sur la route...oui, mais laquelle exactement?
L'histoire : New York, fin des années 1940. Sal Paradise (Jack Keourac) mène une vie d’étudiant bohème, ponctuée par les soirées-beuveries entre copains, les phases d’écriture plus ou moins intenses et par l’arrivée de son maigre chèque d’ancien combattant en fin de mois. Jusqu’au jour où son ami Carlo Marx (Allen Ginsberg), lui présente une de ses vieilles connaissances, un fou furieux nommé Dean Moriarty (Neal Cassady). Nerveux, sec, en perpétuel mouvement, doté d’une aura extraordinaire et d’un bagou non moins stupéfiant, Dean a fait les quatre cents coups durant son adolescence à Denver et exerce immédiatement sur le petit cercle d’amis new-yorkais une influence considérable. Sur un coup de tête, Dean s’est marié à une magnifique blonde de seize ans, Marylou, avec laquelle il mène une vie totalement foutraque d’un bout à l’autre des États-Unis.
Encore une fois, je me mets à nu devant vous chers lecteurs (enfin pas au sens littéral, ca vaut mieux pour vous) en vous faisant une confidence qui n'est pas à mon avantage : non, je n'ai jamais lu de ma vie le roman de Kerouac, Sur la route, le modèle de toute une génération qu'on a appelé la beat génération.
Et pourtant, dieu que j'en ai entendu parler, de ce livre. La première fois, je crois, c'est lorsque j'ai vu Thelma et Louise au cinéma, puis ensuite, Western.
En fait, les médias aiment les raccourcis et à tout road movie, quelqu'il soit, ils adorent accoler l'étiquette du roman de Kerouac, qui est vraiment l'instigateur de toutes une flopée d'oeuvres littéraires,cinématographiques, et même musicales ( On The road again de Nanar Lavillers) célébrant le mouvement et la déambulation toutes voiles (roues?) dehors.
Bref, quarante ans après sa mort, Kerouac n’en finit pas de fasciner avec son texte-manifeste de la liberté avec un grand L. Cette oeuvre marque les débuts d’une révolution culturelle américaine qui prendra tout son sens dans les années 1960, mais aujourd'hui, ceux qui le lisent le trouvent tout autant révolutionnaire qu'à l'époque, ou au contraire, complètement daté. En effet, si on peut comprendre dans les années 60 ce que le livre pouvait avoir de nouveau et de stimulant, on peut se demander, alors que nous vivons en 2012, pourquoi ce livre insuffle toujours autant de désir et de fascination.
Il faut notamment voir à quel point le projet de son adaptation cinématographique a suscité de convoitises et de frénésie (le projet a notamment été resté bloqué quelques années dans les tiroirs de Francis Ford Coppola).
A la vision de l'adaptation faite par Walter Salles, le réalisateur du magnifique Central Do Brasil, j'ai du mal à comprendre la force suscité par le texte de Kerouac. J'imagine que cela provient de cette adaptation un peu tiédasse et qui manque autant d'âme et de force.
Certes, le film se laisse voir sans déplaisir pendant ces deux heures vingt qu'on sent quand même bien passer, mais quelques jours aprés la vision du film, il n'en reste malheureusement pas grand chose.
Le tout donne surtout une impression tenace de décousu, avec une narration déconstruite, et des personnages ou des situations, présentés de façon expéditive et baclés. Etle personnage principal, Jack Kerouak, renommé dans le roman et le film, Sal Paradise, semble surtout d'une passivité extrême, et on ne sent jamais monter en lui la fiévre et la frénésie qui feront naitre son talent de conteur hors pair.
Surnagent dans le film la prestation enfiévrée de Garrett Hedlund dans le rôle de Dean Moriarty, le physique ravissant de Kirsten Steewart que je découvrais pour la première fois sur un écran de cinéma, ainsi que l'avant dernière scène, sur un trottoir new yorkais quelques années aprés la folle escapade, où pour la première fois du film, vient poindre un souffle d'émotion. Une émotion qui arrive bien trop tard pour empecher que le film dont j'attendais beaucoup ne soit une bien cruelle déception, une deuxième dans les films sélectionnés à Cannes après Moonrise Kingdom.