Comme beaucoup de cinéphiles, je pense, j'avais été assez choqué par la disparition, terriblement brutale, du producteur de cinéma Humbert Balsan, patron de la maison de production Ognon Pictures dont il était le fondateur.
Ce passionné de cinéma, qui avait notamment fait beaucoup pour le cinéma du Proche-Orient, (celui de Maroun Bagdadi et Youssef Chahine) ainsi que pour de jeunes cinéastes français comme Sandrine Veysset (Y aura-t-il de la neige à Noël ?), se suicida par pendaison dans les bureaux de sa maison de production en février 2005.
Quelques années plus tard, la jeune réalisatrice (que je connaissais en tant que critique aux Cahiers du Cinéma) Mia Hansen Love qui connaissait Humbert Balsan en tant que producteur de son tout premier film de réalisatrice, Tout est pardonné, a tenu à lui rendre hommage en écrivant son deuxième film autour d'un personnage qui lui est explicitement inspiré.
Le geste est donc à la base, sincère et profondément généreux, il est d'autant plus regrettable que rien de tout cela ne transparaisse à l'écran.
En effet, simple succession de scènes qui se veulent très réalistes, mais qui en fait apparaissent totalement dépourvues du moindre intérêt tant elles semblent creuses, le film se laisse tout juste voir jusqu'à la mi film, grâce surtout à l'abattage de l'acteur principal, Louis Do de Lencquesaing, qui, pour son premier grand rôle au cinéma, possède un vrai charismatique.
Ensuite, une fois passé le noeud central du film, à savoir le suicide du producteur, le film, insipide, jusque là, devient carrément inepte : on ne sait absolument pas ce que veut nous dire la réalisatrice, et on ne comprend pas la moindre motivation des personnages qui s'agitent en vain sur l'écran.
De quoi Mia Hansen-Love veut vraiment nous parler :de cette famille bouleversée par cet acte incompréhensible, tragique et égoïste ? Ou bien du monde du cinéma etouffé par lescontraintes budgétaires ? Certainement un peu des deux, mais faute d'apporter une réponse tranchée, le spectacteur reste, un peu hébété, et surtout, sans aucune réponse jusqu'à la fin du film.
Et de plus, cerise sur le gateau, la réalisation, encensée pourtant une grande majorité de la critique, apparait ici terriblement plate, et ne dépasse jamais le niveau d'un téléfilm du merceredi soir du service public.
Bref, une parfaite illustration d'un très beau sujet complétement gaché par un scénario et une réalisation médiocre.
Que le film ait reçu un tel accueil de la part de la presse spécialisée constitue un de ces mystères comme il en existe un certain nombre dans une année cinématographique. Le grand film sur le monde de la production de cinéma vue de l'intérieur reste donc à faire.