Je tiens à rassurer les mélomanes qui me lisent et qui étaient assez éffarés par mon sectarisme et mom goût quelque peu douteux en matière de musique : non , la varietoche chanson française n'est pas l'unique style musical que j'écoute à longueur de temps...En effet, je suis aussi un grand afficionados de...folk music!!!

Bon, je pense que je vous aurasi plus surpris en vous dévoilant mon gout pour le métal ukrainien ou le trip hop, mais le fait est que la folk music a dans l'ensemble bien meilleure presse que la variété francaise pris au sens le moins noble du terme.

Et cette passion pour la folk music, elle m'est tombée dessus au début des années 2000, grâce à ma compagne (qui ne l'était pas encore tout à fait) qui m'a fait découvrir le premier album d'un chanteur anglais , un certain Tom Mac Rae, dont le nom m'était alors totalement inconnu.

Immédiatement, son univers désenchanté de cet auteur-compositeur-interprète m'a totalement parlé. Avec une voix androgyne et éraillée, le chanteur transmet avec ferveur le profond désespoir qui l'anime. Son talent de mélodiste planait sur tout l'album, subtilement soutenu d'accompagnements folk minimalistes mais vraiment poignants. 

 Dans ce CD figurait là des morceaux tout simplement exceptionnels de mélancolie et de beauté, à l'image de "You cut her hair", "2nd law", extrêmement ethéré, avec pour seul accompagnement un piano et quelques voix off, "Bloodless" ou encore "Boy with the bubblegun". Bref, j'avais littéralement été happé dans un autre monde d'une rare mélancolie.

Ensuite, j'ai bien évidemment continué d'acheter et d'écouter ses albums suivants, que j'ai tout autant aimé, surtout son suivant, Just Like Blood; qui prolongeait magnifiquement son univers sombre et feutré ( avec notamment,voir clip ci dessous, ce très beau A day like today), en y ajoutant ici et là quelques éclarcies un peu plus rythmées. Ces albums suivants déroulaient toujours le même écrin, mais on avait quand même l'impression tenace que Mac Rae faisait un peu de surplace et n'arrivait pas assez à se renouveller.

Je l'ai donc un peu abandonné, comme une majorité de ses fans de la première heure, son dernier album Alphabets of Hurricanes étant sorti sous un tout petit label, et de façon trés confidentielle.

Si j'avais eu la chance de le voir sur scène, cela remontait maintenant à une bonne décennie, en 2002 au New Morning, une des magnifiques salles de la capitale. Sur Lyon, il avait failli venir se produire en 2006 au Transbordeur, mais à la dernière minute, suite à un conflit avec son tourneur, la tournée avait été annulée, au grand desespoir de ses fans lyonnais.

Ceux ci ne lui ont pas vraiment tenus rigueur, puisqu'ils étaient plus de 300 à aller le voir le 5 octobre dernier dans la petite salle intimiste de l'Epicerie Moderne à Feyzin. Je n'ai évidemment pas manqué cette occasion, même si le handicapé de la voiture que je suis à du faire appel à des tierces personnes ( merci à ce cher Antony et ses potes de m'y avoir conduit) pour se rendre dans ce lieu, un peu éloigné de tout...

Et dès les premières notes du concert, je me suis rappellé pourquoi j'étais tombé sous le charme de cet artiste à la voix tellement hors du commun. 

Tom apparut seul sur scène (il nous expliqua- en anglais- que son agent fut tellement perplexe quant à sa tournée en province française, qu'il lui imposa de venir sans musicien supplémentaire), entourés d'instruments divers (3 guitares, un piano, un ukélélé) que Mac Rae utilise différemment selon les morceaux.

Et ce qui est génial dans ce genre de concert à l'atmosphère aussi intimiste que feutrée, c'est qu'on a vraiment l'impression que le type chante uniquement pour nous (j'imagine que chez les filles, cette impression est décuplée, vu que le type en question n'est pas vilain, avec de faux airs d'Owen Wilson, en plus beau gosse). Et lorsque, placé au second rang de la fosse, je me suis à sortir pour tout nouvel android que je ne maitrise pas du tout pour immortaliser ce si beau moment, j'ai vu que mon flash sorti de nulle part avait complétement perturbé Tom qui n'était pas loin de m'assassiner du regard, à ma grande honte!!!

Mais une fois remis de ma maladresse, j'ai pu me délecter totalement de ces moments de live aussi  magique, étant notamment complètement sous le charme de sa version de « The Boy With the Bubblegun »,  et du reste, tant les arrangements  étaient si subtils pour cette voix souvent à nue, sans pudeur dans la noirceur et bouleversante de sincérité.

Le public déjà conquis depuis le début du show s’improvisera en choral spontanément par moment : notamment sur le titre "End Of The World News" (issu du tout premier album de l’artiste) et sur "Still Love You" qu’il jouera avec un ukulélé et que le public sachant  utiliser ses lèvres comme sifflet était invité à reprendre avec lui en sifflant.

Et Mac Rae n'est pas seulement un songwriter de génie, il est également très à l'aise avec le public, en maniant l'humour par certaines anecdotes assez amusantes (en plus je comprenais tout son anglais) et ne cessant de se moquer du poublic assis sur les gradins, les "comfortables people".

Certains des fans connaissaient l'intégralité de ses morceaux par coeur, ce qui sembla surprendre l'artiste, qui paraissait vraiment ému de nous quitter à la fin du show.

Et dès le lendemain, sur son compte twitter, une petite phrase nous montra qu'il avait aussi aimé notre prestation à nous " Well Lyon, standing people, comfortable people, whistling people, you were magnificent. Merci. "

Si nous étions magnificient, alors que dire de vous, Mister Mac Rae?