comme auPendant toute la lecture de "Comme au cinéma", le tout nouveau roman d'Hannelore Cayre, que j'ai lu grace à  l'opération Masse Critique de Babelio,  je n'ai cessé d'avoir en tête et de la fredonner à haute voix (au grand dam de ma copine) la chanson éponyme d'Alain Delon, une des rares interventions du grand Alain dans le monde de la chanson (certes un peu moins mémorable que son Paroles, Paroles avec la diva Dalida)....

Je ne sais si la romancière y a pensé en choisissant le même titre que cette chanson, mais il faut dire qu'Etienne Marsant, un des personnages centraux de ce roman, pourrait être une sorte d'Alain Delon, un acteur jadis très populaire et qui désormais un peu hors service et passé de mode. Cela dit, on pense plus à Belmondo ou à Claude Brasseur, vu que l'Etienne Marsant en question a joué des rôles dans lesquels tous les français pouvaient s'identifier, ce qui n'est pas forcément le cas de notre Alain Delon national.

Bref, au début du roman, l'ancienne gloire Etienne Marsant est invitée à un festival de cinéma dans une petite ville de Haute Marne, Colombey les 2 églises, commune évidemment connue grâce au général de Gaulle.

Parrallélement à ce festival, se tient, à Chaumont, bourgade voisine, le procès d'un jeune braqueur de banques récidiviste qui pourrait prendre gros, vu la férocité du magistrat, dit le boucher de Haute Marne. Jean Bloyé, grand avocat las et déprimé, assure sa défense assisté par sa femme avocate aussi.

 Les deux histoires, qui  n'ont au départ rien en commun, vont vite se rejoindre, car Hannelore Cayre va nous démontrer dans sa fable judiciaire (le sous titre de  ce Comme au cinéma) le parrallèle entre  justice  et  cinéma, où chacun y joue un rôle, et où le cynisme y est roi...

Les thèmes ne sont pas étrangers du tout à l'auteur : Hannelore Cayre connaît en effet parfaitement bien les décors de ces deux mondes puisqu'elle est avocate pénaliste, et a également réalisé un film, Commis d'Office tiré d'un de ses premiers romans.

J'ai une vraie tendresse pour l'auteur, et notamment pour ce Commis d'Office, le livre, portrait trés jubilatoire sur les coulisses du monde judiciaire (même si le film, avec Rochdy Zem dans le rôle principal était plus faible).

Dans  son nouveau roman, qui vient juste de sortir, on retrouve dès les premières pages sa verve habituelle, sa façon de parler de choses graves sur notre société avec fantaisie et légereté.

Et elle est incontestablement l'une des romancières les plus douées pour peindre l'univers judiciaire à la fois avec réalisme et beaucoup d'humour (un humour totalement dépourvus des pavés de John Grisham par exemple). 

Parfois, le trait est un peu appuyé et certaines remarques des protgagonistes laissent entrevoir une vision un tout petit peu réactionnaire de la société (avec notamment une attaque en règle d'Internet qui laisse percer des artistes à la Justin Bieber), mais les rouages de l'intrigue sont parfaitement noués, et la fin, qui se permet toutes les audaces avec un vrai aplomb, est vraiment jouissive.

Sans oublier que Cayre n'a définitivement pas son pareil pour camper des personnages en quelques pages, même certains trés secondaires.

Dans la jungle de mes lectures (et films) un peu déprimants lus et vus en cette rentrée, ce Comme au cinéma m'a fait l'effet d'une vraie parenthèse divertissante de haute tenue à conseiller à tous les étudiants en droit cinéphiles, et aussi tous les amoureux de bonne littérature évidemment!!!

Et pour que je ne sois pas le seul à l'avoir dans la tête, voici la chanson de Monsieur Delon, petit cadeau pour mon dimanche ( moi qui ai pris l'habitude de vous gater en ces jours saints)