Go Go Tales: le bien joli come back d'Abel Ferrara!!
Abel Ferrara, autrefois réputé comme étant un des cinéastes les plus brillants et les plus appréciés du cinéma américain d'auteur, a connu, depuis un certain nombre d'années une pente descendante.
Au début des années 1990, grace à des chefs d'oeuvre de films noirs et sombres marqués par la rédemption et la foi (King of New York, Bad Lieutenant, deux grands succès publics, et Nos Funérailles, pour moi son meilleur film), je le considérais comme un des grands maitres du cinéma américain, et j'avoue qu'il faisait partie de ceux dont j'allais voir tous les films, mêmes les mineurs....
Puis, peu à peu laché par les studios, Abel Ferrara s'est fait plus rare, et même ses plus grands adorateurs ont laché prise devant son Mary, réalisé en 2005 (avec Juliette Binoche dans le rôle titre), parabole christique bien trop lourde sur la vierge Marie.
J'avais eu vent , en 2007 qu'il avait réalisé un film cette année là, intitulé Go Go Tales, et présenté hors compétition au Festival de Cannes de la même année, mais le film n'était jamais sorti en France, et je m'étais dit que c'était parce qu'il devait sans doute être encore plus raté que ce Maryde triste mémoire.
Et, finalement, à ma grande surprise, le film sorti cette année dans les salles françaises, 5 ans après sa présentation cannoise, quand même un peu en catimini, mais quand même bien défendu par une partie de la critique française.
Le film traînait depuis dans les limbes de la distribution, officiellement pour des problèmes de droits musicaux, officieusement, sans doute, parce qu'Abel Ferrara n'attire plus beaucoup de spectacteurs. Miné par des excès en tous genres, lachés par le milieu du cinéma dans sa grande globalité, le chemin emprunté par Ferrara ne laissait peu d'espoir quant à la qualité de cette oeuvre et accessoirement à la suite de sa carrière...
Et à la vision du DVD du film, qui vient de sortir le 20 novembre dernier (hier en fait) et que j'ai pu voir grace à son éditeur, Capprici (un grand merci à eux), on regrette beaucoup qu'il ait fait l'objet d'une telle sortie salle sacrifiée.
Car Go Go Tales est un film qui impose un vrai charme, et c'est également un film plus apaisé que les anciens films du cinéaste, dans lequel l'histoire a moins d'importance que son atmosphère assez hyptonisante. On assiste assez fasciné à un ballet de filles superbes, de déhanchements élégants, de personnages un peu louches, sous fond de musique langoureuse. Décidemment, après Magic Mike, je me dis que l'univers des boites de streap tease ( ici sous l'angle féminin) est trés cinégénique et aussi qu'il me plait particulièrement ( à la grande perplexité de ma compagne qui ne connaissait pas ce penchant là :o).
Ferrara filme une nouvelle fois une histoire de descente aux enfers, et d'éventuelle rédemption, mais avec une douceur et une légereté à laquelle il ne nous avait pas habitué.
Le film m'a aussi beaucoup touché pour son coté hors du temps et ses relents d'un cinéma des années 90 qui n'existe plus. Le film convoque d'ailleurs des comédiens fétiches du réalisateur qu'on ne voit plus du tout en dehors de son cinéma (Willem Defoe, Mathew Modine, Bob Hoskins) et tous ont l'air ravis de tourner pour l'ex maitre du cinéma américain des nineties.
Réalisé intégralement dans les studios de CineCitta à Rome, le dernier film de fiction d'Abel Ferrara à ce jour (il a depuis tourné 3 documentaires non sortis en France) constitue donc une vraie jolie surprise.
Vu le mal qu'il a eu à le distribuer, on aurait pu penser que ce film soit aussi son chant du cygne, mais heureusement, les nouvelles le concernant sont plutot bonnes : son dernier film, 4h44 dernier jour sur terre, toujours avec Willem Dafoe, sort le 19 décembre prochain, précédé d'une très belle réputation, et évidemment son projet de film sur l'affaire DSK avec Notre Gérard Depardieu national dans le rôle de l'ex patron du FMI l'a remis totalement sur les feux du projecteur...
Pour quelqu'un qui a toujours aimé les histoires de déclin et de rédemption, la sienne est certainement l'une des plus belles jamais contées...