Même si je suis moins calé sur la question que mon collègue blogueur Film de lover qui a carrément consacré son blog à ce genre, je suis une vraie fleur bleue qui revendique son gout affirmé pour les comédies sentimentales, quelque soient leurs nationalités d'origine.
Cela dit, même pour les afficionados du genre, force est de reconnaitre que les comédies sentimentales françaises trainent derrière elles de bien mauvaises réputations, surtout lorsqu'on les compare aux modèles américains.
C'est pour cela que lorsqu'une d'entre elles arrive à se hisser au niveau des fleurons du genre, cela se sait bien avant la sortie du film. Et c'est ainsi que s'est créée, depuis maintenant plusieurs mois, autour du film Populaire, comédie romantique française largement influencée des chefs d'oeuvre de l'âge d'or de la comédie américaine un buzz énorme, crépitant comme une.... machine à écrire (exemple pris absolument au hasard, vous pensez bien)!
En tout cas, avec l'excellente réputation qu'elle drainait (le film a collectionné l'ensemble des labels spectacteurs des exploitants de salle d'UGC à Pathé), il était logique que j'aille voir le film, ce que j'ai fait, même quelques jours avant sa sortie officielle ( et je ne vous livre la chronique que maintenant, toujours en avance, le filou)
Populaire est donc avant tout une comédie sentimentale, mais ne lorgne pas pour autant dans le bas de gamme. En effet, pour sa première réalisation Régis Roinsard n’hésite pas à se frotter à ce que Hollywood a pu produire de mieux en termes de "screwball comédie", à savoir ce genre de comédies faisant affronter un homme et une femme aux caractères que tout oppose vont gentiment s’affronter à base de dialogues géniaux et de situations cocasses avant de tomber dans les bras l’un de l’autre pour le plus grand plaisir du public. Le film de Régis Roinsard lorgne ainsi, tout en l'assumant totalement, du côté de My Fair Lady, le must de la comédie romantique de cette époque.
Plein de vitalité, plein de charme, jamais pédant, Populaire réussit à nous amener de façon très crédible dans une époque révolue où le bonheur et l'insouciance était de mise. Sans miser sur le kitsch, la caméra de Roinsard impose un ton, servi par des dialogues truculents parfaitement écrits, une ambiance aux couleurs chatoyante, des décors et des costumes qui font avantageusement penser à la série Mad Men, sans oublier, et ce n'est pas le moins important, une histoire simple (et parfois un peu cousue de fil blanc), mais qui n'est jamais cucul la praline comme on pouvait le craindre
Et, le gros bonheur du film vient avant tout de ses acteurs, et en premier lieu Déborah Franois, à mille lieux de ses rôles précédents ( L'enfant des frères Dardenne ou le télefilm Mes chères études) qui est épatante de fraicheur dans le rôle d’une provinciale des années 50, un peu timide au départ, et qui s’émancipe grâce à ces concours de dactylo. Et chose assez rare dans les comédies sentimentales, les seconds rôles ne sont pas négliglés, notamment Bérénice Béjo, lumineuse, et qui continue sur la lancée de The Artist, avec un rôle clé et lumineux. Quant à Romain Duris, après l'arnacoeur, il prouve qu'il est très à laise dans ce registre.
Bref, Populaire est une bien belle comédie romantique à l'ancienne, du genre qui respecte le spectateur, qui devrait de son coté renvoyer l'ascenseur en venant nombreux et groupés, ce qui a d'ailleurs pas mal commencé, vu les entrées qu'il a cumulé lors des deux premières semaines de sa sortie (406 295 pour sa première semaine d’exploitation, le million pratiquement assuré en seconde et les vacances de Noël qui approchent à grand pas)...