Vous le savez désormais, car je l'ai notamment dit dans mon récent billet sur le one man show, j'aime particulièrement l'humour un peu méchant, un peu sarcastique, celui qui n'épargne pas les bien pensants de tous poils et les conventions de toutes nature.
C'est ainsi que j'apprécie me plonger régulièrement dans des ouvrages d'auteurs reconnus pour l'acidité de leur plume, et, en ce début d'année 2013, j'ai enchainé à la suite des uns des autres, les lectures des 2 tomes du journal d'un mythomane de Nicolas Bedos puis les Billets durs du rédacteur en chef des Inrocks, j'ai nommé Christophe Conte...
Quelles conclusions puis je tirer de ces trois lectures? Ces deux enervés de la plume ne cacheraient il pas un petit coeur d'or, sous des dehors de brute sanguinaire? Si je reviendrais dans un prochain billet sur le "cas" Christophe Conte", je vais tenter de répondre à cette question que tout le monde se pose ( si, si ) et rester focaliser pour aujourd'hui sur un individu que tout le monde a forcément entendu parler depuis quelques mois, j'ai nommé Nicolas Bedos.
Ne m'attardant que très peu devant la télévision, je n'avais jamais regardé, pendant la saison cathodique 2010-2011, la chronique de Nicolas Bedos qui avait tant fait parler d'elle (je parle de la chronique pas du chroniqueur que je sais être du sexe masculin) dans l'émission Semaine critique présentée par Franz-Olivier Giesbert les vendredi soirs sur France 2.
Certains l'adoraient, trouvant cette chronique hilarante et fantastique d'irreverence, d'autres détestaient, prétextant que le type était imbu de sa personne au possible
En résumé, Nicolas Bedos, qui était jusqu'à cette période quasiement connu par l'opinion publique simplement un fils de personnalité,et éventuellement un dramaturge, dont les pièces jouées à Paris avait rencontré un succès inégal, divisait énormément, le tout Paris, mais surtout...la province!!
Ayant vu, depuis cette grande médiatisation, au hasard des rares émissions que je regarde, le rejeton Bedos à l'oeuvre, j'avais noté son esprit de répartie vif et percutant, mais son coté mégalo et condescendant m'agacait pas mal aussi (et notamment son sinistre clash avec une jeune étudiante qu'il avait allégrement insulté). Nicolas Bedos m'apparassait alors comme l'archétype du jeune parisien fétard invértéré star des lettres et abonné des plateau télé, un peu à l'instar de son grande pote Nicolas Rey (les félures en moins) un fils spirtituel de Frédéric Beigbeder.
Pour pouvoir affiner mon opinion sur le personnage et surtout sur l'écrivain, je me suis plongé dans l'intégrale de ses oeuvres, soit exactement les deux volumes de son journal d'un mythomane, dont le premier volume est paru récemment en poche aux éditions Points et le second au même moment, mais en grand format, aux éditions Robert Laffont.
Cette lecture profonde de l'oeuvre d'un de nos penseurs modernes ne m'a pas pris un temps énorme (l'intégrale de Proust m'aurait certainement plus couté en temps et en investissement personnel) et depuis, grâce à elle, j'en sais un peu plus sur les écrits de Monsieur Bedos fils.
Dans son premier volume, on retrouve donc l'ensemble de ses chroniques télé, y compris celles, antérieures, qu’il avait faites sur Oui FM, ainsi que les nouvelles qu’il a écrites pour L’Officiel de la Mode. Tandis que le second recouvre l'ensemble de ses chroniques qu'il a écrit dans l'hebdomadaire Marianne, un an aprés son succés cathodiques .
Même si le second volume est plus un récit ( fantasmé et fictionné) de sa vie qu'un portrait d'invités comme était le premier, il y a évidemment une vraie continuité dans ces deux ouvrages, et Bedos ne cesse de s'y dépeindre comme un bourgeois-bohème sentimental et ami d'écrivains contemporains mais avide de sexe, de drogues et d'alcool.
Pour les besoins de son personnage qu'il développe au gré des deux tomes, on voit que Nicolas Bedos s'est beaucoup caricaturé en mondain parisien de Saint-Germain-des-Près, accro aux mannequins et aux stupéfiants, et c'est vrai que moi le premier, il est difficile de méler le vrai du faux à ce portrait qui semble tellement crédible au vu de ses apparitions médiatiques.
Tout au long de ces deux ouvrages remplis de "name dropping", on croise régulièrement ses têtes de Turc préférées : Nagui, Mathilde Seigner, Jean-Luc Delarue (qu'il égratigne juste qu'à son décès, heureusement, le type a quand même de la classe) Arthur, Laurent Gerra, Nadine Morano, Franck Dubosc, Marc Lévy, Eric Zemmour, Jean-François Copé…. Il revendique tout aussi franchement ses amitiés pour Jean Dujardin, Nicolas Rey, Benjamin Biolay, David Foenkinos, Michel Denisot, Thierry Ardisson, Fabrice Luchini, Frédéric Begbeider, Edouard Baer… Bref, Bedos prend soin de tirer sur les ambulances mais reste très sympa avec ses amis, souvent des gens très hypes et bien cotés, et cette différence de traitement peut également contribuer à irriter quelque peu les lecteurs les mieux intentionnés.
De plus Bedos est quand même insupportable lorsqu'il affiche ouvertement sa misanthropie et sa condescendance ,par exemple en reconnaissant qu'il déteste devoir parader dans les salons du livre où il a faire face aux vrais gens qui lui racontent leur vie intime : Nicolas B se sait intimement supérieur aux autres, et si il l'est sans doute, je préfère toujours les gens qui font preuve de bien plus d'humilité, qualité dont Bedos Junior est assez dépourvu (son enfance, où il a cotoyé quotidiennement des stars tels que Gainsbourg ou Coluche n'a pas du contribué beaucoup à cela)
Mais malgré cette potentialité à agacer, il faut en toute bonne foi reconnaitre que Bedos Junior a tout de même un putain de style. Bedos adore les mots, et s'éclate à jouer avec les phrases et tous ces billets témoignent d'une plume évidente de facilité et de talent.
Et puis, je l'ai déja dit, il n'arrive pas totalement à nous faire détester du lecteur car Nicolas Bedos ne s'épargne pas du tout dans un autoportrait plein de suffisance et de confessions à peine voilées ( sur son père, ses compagnes), où il tient quand même rarement le bon rôle.
Son talent littéraire est encore plus prégnant dans les chroniques non écrites pour la télévision, notamment celles pour l'officiel de la mode, dans lesquelles il imagine une fiction autour d'une personnalité publique, de Biolay à De Niro en passant par Naomi Watts, à travers un homme de l'ombre qui s'invente une passion fatale avec elle et qui finit par la tuer.
Exercice de style original et audacieux, ses rubriques acquierent là une vraie liberté et une vraie fantaisie, qu'on retrouve aussi dans le volume 2 de son journal d'un Mythomane. Ce qui n'est guère étonnant, car on se doute bien qu'une émission de télévision n'est pas l'endroit où on est le plus libre et inventif.
Bref, cette plongée dans l'oeuvre de Nicolas Bedos ne m'a pas forcément rendu le personnage moins irritant, mais m'a définitivement convaincu de son talent d'écrivain, et de la complexité de son esprit...ce qui n'est déjà pas si mal, n'est ce pas?...
( merci à toi Jérome de Points pour l'envoi du tome 1; j'en profite pour tenter de vous convaincre d' aller voir le site voir le superbe catalogue à venir de ces livres poches à un prix très compétitif )