Baz'art  : Des films, des livres...
19 janvier 2013

Deux curiosités du cinéma français en DVD

DEGG_packshotHDAujourd'hui,  et comme la semaine dernière, je regroupe, pour ma chronique DVD du samedi, deux DVD vus cette semaine, et qui ont la particularité d'être édités par la même société, l'audacieuse et très dynamique Epicentre.

Il y a même un autre point commun entre ces deux films, celui de ne pas être sortis en salles l'année passée, contrairement à la grande majorité des nouveautés DVD. Cela dit, si un de ces films reste quand même trés récent ( il est sorti fin 2010), l'autre est par contre bien plus ancien, puisque figurez vous qu'il a presque mon âge...

Petite revue en détail de ces deux films :

1. Dernier étage gauche, gauche: un bien intéressant premier film

Voilà un film, un de plus, sorti dans un véritable anonymat (je crois  même qu'il n'a pas été diffusé sur Lyon) en octobre 2010 et qui, heureusement, grâce à Epicentre, revient un peu sous le feu de l'actualité plus de deux ans après sa sortie.

A sa sortie, je pensais naivement que le film était une vulgaire comédie un peu lourdaude sur la banlieue, car la (rare) promo et la bande annonce l'avaient un peu vendue ainsi; or, le film est bien plus complexe et subtil que les apparences qu'il donne.

En fait, ce film, qui commence comme une comédie sociale qui semblerait un peu attendue et caricaturale, nous entraîne vite  sur les pas de trois hommes enfermés à l’intérieur d’un appartement situé en banlieue un peu "craignos",  et qui sont condamnés à se comprendre, à s’apprivoiser et à s’entendre. L'oeuvre lorgne en fait bien plus que vers les comédies de banlieue française auquel la toile de fond pourrait faire penser,  vers les films de la grande  comédie italienne  traditionnelle avec  un mélange de gravité et de fantaisie, des personnages, tous un peu affreux sales et méchants.

Et ces personnages vont surtout nous montrer progressivement des facettes de leur personnalités, facettes qui ne paraissaaent pas évidentes à la base : ceux qui semblaient les plus rebelles et les plus forts vont s'avérer finalement assez conventionnels et vice versa...

 Ce scénario, plus subtil qu'escompté est également parfaitement contrebalancé par l'énergie de la mise en scène  qui  exploite habilement le huis clos presque permanent de cet appartemùent ( oui, celui situé au dernier étage gauche gauche, vous suivez bien). Il y a également un vrai soin apporté à la photo et surtout un trio d'acteurs ( Fellag, Hyppolite Girardot et la révélation Aymen Saidi), complémentaires et qui, visiblement, s'éclatent avec leurs personnages, Girardot notamment étant particulièrement en verve.

Le scénario pêche un peu sur la fin, laissant de coté certains personnages (comme la femme de l' huissier jouée par la discrère et revenante Judith Henry ) et finissant vraiment en queue de poisson, mais ce dernier étage gauche gauche reste une étape à laquelle on peut s'arreter sans problème.

Dans l'édition DVD, à noter qu'on y retrouve un passionnant entretien avec le jeune cinéaste Angelo Cianci, qui bien que novice, a semble totalement sur de son projet, malgré tous les embuches qu'il a du rencontrer. Un work in process en 5 actes captivant à suivre!!

 

neige2. Neige  : la résurrrection d'un polar des années 80

Alors là, on n'est plus en 2010, mais carrément 30 ans plus tard avec un film, dont personnellement je n'avais jamais entendu parler avant...2013 et la sortie de ce DVD chez Epicentre....

Ce film, Neige, le premier film  par un duo de réalisateurs ( également couple à la ville)  Juliet Berto et Jean-Henri Roger, avait visiblement pas mal fait parler de lui lors de sa sortie en salles, mais depuis avait complétement disparu des radars. Le film,  sorti dans les salles en 1981, se refait une beauté à l'occasion d'une sortie DVD, en version remasterisée. 

Comme j'avais 5 ans à l'époque de sa sortie, et que je ne guettais pas ( ah bon?) les sorties ciné à la loupe, il m'avait fait faux bond et pour moi, ce fut donc comme une sortie totalement exclusive. 

Neige  est en fait une  production indépendante faite avec un tout petit budget, réalisée hors  des circuits traditionnels, sans l'aide de la télévision, en décembre 1980, par un couple l'actrice  Juliet Berto et le réalisateur underground Jean-Henri Roger  (tous deux décédés depuis, dont J. Y Roger,  le 31 décembre dernier), dont l'objectif était de tenter de saisir au présent l’atmosphère bigarrée des quartiers nord (Pigalle, Barbès, la Goutte d’Or) du Paris de l’époque en le gratinant de thriller sous fond de drogue ( la neige en question en argot de l'époque).

 Le (petit)  charme  de ce film tient d'ailleurs à la nostalgie qu'il draine avec lui,  car il permet de se replonger dans cette époque et ces quartiers que j'ai connus avec mes yeux d'enfant.  Le film, qui est tourné en décors naturels entre Barbès et la place Blanche (et à Belleville)  vaut avant toute pour ce décor et cette ambiance un peu onirique. Le seul véritable personnage qui prend corps dans Neige est  sans doute ce  Pigalle  du début des années 80 lorsqu'on les lieux mythiques de la nuit parisienne fermaient tour à tour, remplacés par des chaînes de fast-food. Le film joue sur cette corde  crépusculaire, sur fond de reggae et la caméra filme ce  monde  et ces personnages en perpétuel mouvement.

Car pour le reste, il s'avère difficile de se passionner pour l'intrigue, si intrigue il y a.  Il est vaguement question d'un dealer abatu au tiers du film par la police des stups et d'une gérante d'un bar ( Juliet Berto) et d'un pasteur noir qui vont aider les toxicomanes à avoir leurs doses au nez de la police, mais tout cela n'est pas suffisament ancré dans le récit et semble toujours filmé en arrière plan, comme si l'intrigue n'avait en fait aucune espèce d'importance. Il n'y a pas vraiment d'action ( sauf à la toute fin), peu de dialogues,  bref tout ce qui pourrait faire un grand thriller urbain comme l'étaient par exemple un peu à la même époque  d'autres films auquel ce Neige pourrait se comparer, tels que Rue Barbare ou Extérieur Nuit...

 Bref, un film interessant, plus pour les souvenirs et l'univers qu'il convoque, que pour son contenu.  Et, en plus de se  livrer dans une version mastérisée ,le film s'enrichit en bonus, avec notamment  une interview de Jean-Henri Roger, d'autant plus émouvante qu'elle a été réalisée quelques temps seulement avant sa mort, et dont je vous laisse un petit extrait ci dessous.

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