Rue Mandar : un arret pas indispensable
Dans la foulée de ma lecture du dernier roman de Shalom Alexander, l'espoir cette tragédie, lecture récente dont je vous parle très prochainement, j'ai eu envie de prolonger la question juive avec un film récemment sorti en salles, et qui a également cette religion en toile de fond.
Ce film, c'est Rue Mandar de la réalisatrice Idit Cebula, qui s’est inspirée de ses propres souvenirs de jeune fille vivant dans une famille de juifs hauts en couleur, et dans la même rue que celle qui donne son nom au film.
La réalisatrice part donc de ses souvenirs d'enfant pour raconter les anecdotes résultant de cette fratrie juive de trois enfants qui se retrouve à l’occasion de l’enterrement de leur mère.
Le film est donc fortement intime , et lui permet d'aborder des thèmes plus universels comme la famille, la perte de l’enfance, l’attachement aux lieux où on a grandi… Abordant son film sur le ton de la chronique familiale un peu folklorique, tous ses personnages cultivent tous de bonnes sortes de névroses et de dysfonctionnement en tous genres.
Tout cela est très sympathique sur le papier, mais à l'écran, le résultat est hélas bien moins réussi : jamais, sauf peut etre sur la fin, la réalisatrice ne parvient à transcender son matériau de départ, et les situations restent à l'état de vignettes croquignolesques,
Il manque au film cette capacité à rendre universel des souvenirs personnel : les personnages manquent d'approfondissement et d'épaisseur psychologique, ce qui est vraiment domage car ils sont tous visiblement inspirés par des personnes que la cinéaste a cotoyé et qu'elle a également certainement profondément chéri.
Les spécificités de la culture juive pourraient donner une vraie couleur et une vraie fantaisie, mais alors même que ces questions ont déja été maintes fois fait dans d'autres films ( récemment Pourquoi tu pleures?, et bien sur tous les films de Woody Allen), cette folie douce parait ici un peu artificielle et un peu plaquée
Le film est donc à l'image de cette famille : vaguement irritant, un peu joyeux, légérement sympathique, mais aussi malheureusement un tantinet caricatural et prévisible aussi...
Certes, j'aurais pu m'abstenir de faire le détour par cette Rue Mandar, car le film était fort peu défendu par la critique, une des blogueuses que je suis fidèlement, MyLittleDiscoveries n'avait pas été tendre avec lui, mais j'avais eu des invitations et j'ai voulu quand même tenter le coup, vu que le thème en parlait bien.
Et puis, figurez vous que tout le monde ne déteste pas le film, bien au contraire car j'ai reçu, pas plus tard qu' hier , quelques jours aprés avoir vu le film, un sms de ma mère qui me disait ( alors qu'elle connaissait mon opînion sur le film) : vu un film extraordinaire hier : Rue Mandar... Si elle savait que le film faisait l'objet d'une telle tribune de ma part ( il a échappé de peu à la fameuse rubrique des coups de griffe du samedi), je crois qu'elle serait folle de fureur...pire qu'une mère juive, ma parole!!!!