Un intense et glacial Shadow dancer
Si, les semaines passées, je vous avais beaucoup parlé de films sortant en DVD, cette semaine, vous avez du voir que je me colle un peu plus à l'actualité salle ( ce qui est la moindre des choses pour un prétendu blogueur ciné) en vous chroniquant des films, qui sont, soit prochainement à l'affiche (comme 5 caméras brisés dont je vous ai parlé lundi), soit actuellement en salles.
Il faut dire que j'ai dernièrement osé braver le froid glacial de février pour aller me réfugier pas mal dans les salles pour aller voir des nouveautés, qui, soit dit en passant, ne réchauffent pas forcément beaucoup plus...
Prenez ce Shadow dancer que j'ai vu la semaine passée avec ma compagne, qui a d'ailleurs également chroniqué ce film sur son blog, voir sa jolie chronique ici même.
Ce film, adapté du roman éponyme de Tom Bradby, correspondant de guerre en Irlande du Nord pour la télévision des années 90, s’attaque à un sujet oh combien douloureux et épineux problème du terrorisme irlandais, qui était un des sujets récurrent des actualités télévisées de ma jeunesse.
Quand on pense à ce film, le premier adjectif pour caractériser ce thriller britannique qui nous vient sans doute à l'esprit est effectivement et précisemment "glacial", tant c'est une athmosphère constamment glacée et glacante (c'est bien, j'ai fait tous les adverbes de la même famille, vous en trouvez d'autres?) que l'on ressent dès les premières images, jusqu'à la fin, surprenante et....également glaciale !!o)
Sans forcément aller jusqu'à trouver comme mon dieu vivant James Gray ( comme il l'avait indiqué sur les affiches françaises du film) que ce film est un chef d'oeuvre "saissisant et singulier", ce Shadow Dancer (réalisé par ames Marsh dont j'avais vu le beau documentaire le Funambule en cloture l'année dernière du festival d'Annonay) est un très beau film, un thriller intimiste et vraiment palpitant, qui nous fait pas mal poser de questions à la fin du film sur ce cas de conscience que vit l'héroine de ce film, Colette, qui a toujours vécu depuis toute petite dans la violence du terrorisme et de la guerre des religions.
La toute première scène du film, pose d'ailleurs terriblement le cadre du film, puisqu'on voit Colette, au début des années 70, une petite fille qui habite dans un lotissement misérable des quartiers catholiques de Belfast, doit aller chercher des cigarettes pour son père. Elle se décharge de la corvée sur son petit frère. A peine a-t-il passé la porte qu'on entend une fusillade. Quelques instants plus tard, des voisins ramènent le corps de l'enfant.
Passé ce prologue, on est de suite plongé 30 ans plus tard lorsque cette même Colette est arrêtée pour un attentat avorté dans le métro londonien. Mise au secret, elle est alors forcée par un agent du MI5 de trahir sa famille et d’espionner ses proches pour conserver la garde de son fils.
Prisonnière de ce trauma fondateur, on saisit d’emblée les enjeux du cruel dilemne qui lui est imposée : trahir les siens, c’est avant tout se trahir soi-même, et le voyage prend dès lors le goût d’une longue et lente descente aux enfers.
Thriller psychologique plutôt que thriller d'espionnage, à mon grand plaisir vu mon peu de gout pour le film d'espionnage pur et dur, ce Shadow Dancer laisse une bonne place à ses personnages et au jeu de ses acteurs.
Ainsi, Andrea Riseborough que je n'avais jamais vu jouer, est la grande révélation de ce long métrage, imposant sa présence à la fois forte et fragile, et,à ses cotés dans ce jeu de chat et de la souris, Cliwe Owen, comme toujours, trés classieux, arrive à parfaitement nous faire partager la condition de pion manipulé de son personnage, coincé entre la sympathie (l'amour?) grandissante que lui inspire Colette et la pression de la bureaucratie du gouvernemment britannique.
Bref, ce Shadow Dancer est un très beau thriller paranoiaque, tour à tour intimiste et palpitant, que je vous invite très chaleureusement à aller voir avant qu'il ne disparaisse des écrans.