Lausanne, d'Antonio Soler
La seule chose qui peut nous élever au-dessus de notre insignifiance naturelle, au-dessus de cette dimension infime, ridicule, c'est l'innocence. Et jamais, jamais nous ne devrions commettre la sottise d'imaginer que nous pourrions être autre chose. Ainsi allons-nous, ainsi gravissons-nous ce court escalier qui va vers la lumière. Innocents. Comme toujours et à tout moment nous avons été.
Je ne connaissais pas l'auteur espagnol Antonio Soler, visiblement reconnu dans son pays natal, et son nouveau roman Lausanne a été l'occasion de me familiariser avec sa plume.
Le livre se déroule pendant un voyage en train, ce qui est amusant vu que le roman que j'avais lu avant celui ci ( 06H41 de JP Blondel, dont je n'ai pas encore parlé) se déroulait exactement dans le même lieu et le même espace temps.
Ici c'est entre Genève et Lausanne que l'héroine, Margarita se remémore les grandes étapes de sa vie. Issue d'une famille d'immigrés républicains espagnols, ayant trouvé refuge à Lyon, puis femme du fraiseur Vila, l'employé de son père, son existence sera à jamais troublée par la relation extra-conjugale de son mari. Une relation à trois, destructrice, que Margarita nous conte au fil des gares de la côte lémanique. Le roman est ainsi découpé en chapitres calqués sur les différentes gares traversées, mais le décor suisse laisse vite la place aux souvenirs de Margarita.
Si l'idée de raconter cette histoire pendant un voyage en train peut constituer une belle analogie avec le fil de la vie, le procédé lasse à mi parcours. Comme le doux bercement d'un train, Antonio Soler nous emmène dans un récit plutôt lent et contemplatif, où il alterne observations des autres passagers et réflexions sur le passé.
D'une plume certes sensible, mais parfois un peu lénifiante et qui ne sonne pas toujours trés juste, le lecteur découvre les fêlures de l'âme de Margarita.
Un voyage interessant et sensible, à défaut d'être passionnant et inoubliable.