Ludivico Einaudi, le réveur incandescent
A quelques jours des élections très importantes de ce week end, je consacre sur mon blog ma journée à l'Italie.
Et après ma chronique, à l'aube, du dessin animé 100 % italien Pinocchio, je vais vous parler d'un autre légende transalpine, Ludivico Einaudi, musicien de son état, même si une fois de plus, c'est par son lien avec le cinéma que je vais vous en parler.
Car, comme beaucoup de cinéphiles je pense, j'ai découvert Ludivico Einaudi grâce au film le plus connu de 2011, je veux évidemment parler d'Intouchables.
En effet, les premières notes que l'on entend dans cette fameuse scène de course poursuite sur l'autoroute, avec Omar Sy appuyant comme un fou sur le champignon , ces notes qui donnaient une vraie intensité au film est Fly, un des morceaux phares de Ludovico Einaudi, compositeur et pianiste italien.
Et du coup, profondément touché par ce morceau et les trois autres qui figuraient dans la bande originale du film, je me suis plongé dans son oeuvre et avoue avoir été surpris de ne pas avoir été interpellé par cet artiste avant le carton des Tolédano Nakashe.
Car, avant Intouchables, les musiques d'Einaudi avaient beaucoup été utilisés par la publicité (comme le morceau Divenire pour la pub Orange internet (avec les mots à double sens) , mais cela ne me surprend pas, vu que je ne suis pas du tout sensible à la publicité, mais il avait également contribué à d'autres films que j'ai pu voir et apprécier comme This Is England ( très beau film de Shane Meadows sur la jeunesse violente britannique) ou The Reader avec Kate Winslet.
Il faut dire que les morceaux d'Einaudi ont tout pour plaire aux créatifs de la pub ou du cinéma : de son style qualifié de minimaliste, sans autres fioritures que quelques arrangements harmoniques, Ludovico compose des musiques tantôt mélancoliques, tantôt entraînantes, tantot incandescentes et apaisantes, mais toujours méditatives.
Un parcours éclectique - Pour mémoire, Ludovico Einaudi se trouve être le fils d’un très fameux éditeur milanais, Giulio Einaudi, et donc le petit-fils de Luigi Einaudi, Président de la République italienne de 1948 à 1955… Issu d’une bourgeoisie érudite et éclairée, il a pris goût au piano dès l’enfance sous l’influence de sa mère, a étudié au Conservatoire Verdi de Milan avant de suivre les enseignements du compositeur Luciano Berio, fameux pionnier de l’électroacoustique.
Bien que Ludovico Einaudi préfère ne pas être classé dans un style particulier de compositeur, on le qualifie le plus souvent de minimaliste. Certaines œuvres de Ludovico Einaudi sont référencées comme telles par certains spécialistes du genre sans doute en raison de l'absence de développement des thèmes musicaux, lesquels se trouvent repris sans autres enrichissements qu'une légère transformation harmonique, c’est beau, dépouillé, contemplatif et propice aux rêves et à l'évasion.
Equilibriste et singulière en ce sens qu’elle est à la fois riche et sobre,foisonnante et épurée, sa musique est traversée par des mélodies lunaires etracées, propices à la méditation. Circulaire, répétitif au besoin, tout en élégance et parfois au bord de la transe, le chant de son piano nous y guide comme s’il tirait les ficelles d’une rêverie sans fin.
Il y a quelques jours, est sorti In a time Lapse, qui est déjà son douzième album que j'ai pu écouter en avant première grâce à Sylvain d'Accent Presse, ) fidèle à ce style introspectif qui lui réussit tant. Enregistré dans un monastère près de Vérone, ce disque mêle piano, cordes (dont le violoniste Daniel Hope) et électronique, tissant calmement ses ambiances bleues.
Quatorze morceaux qui nous projettent dans un vaste voyage à destination inconnue, joyeusement ornementé par les apports subtils de cordes, de percussions et d’éléments électro. Cet album m'a particulièrement touché par les échos de la musique baroque et du folklore italien mais aussi par les cordes élégantes et aériennes de l’ensemble I Virtuosi Italiani et de la star internationale du violon Daniel Hope. Des ambiances sonores uniques au service d’une profonde réflexion, à la fois sur le temps qui passe et celui qui est à venir.
Ludovico passe à la fin du mois de mars sur Lyon, j'espère vraiment pouvoir être du voyage, pour partir avec lui dans ces contrées où lui seul sait nous mener.