Allez, en ce jour de fête du cinéma français, je vais vous parler d'un des acteurs de légende du french cinema, qui continue à bercer des générations de cinéphiles, même plusieurs décennies après sa mort.
Cet acteur, c'est l'immense Jean Gabin, à qui le journaliste Philippe Durant rend un vibrant hommage à travers un ouvrage original paru en novembre dernier aux Editions du Nouveau Monde, et qui s'appelle Le Petit Gabin illustré par l'exemple.
Philippe Durant est un journaliste spécialiste du cinéma français des années 60 70, et de lui j'avais déjà lu son nouvrage sur les élephants du cinéma français dans lequel il nous racontait moults anecdotes du cinéma français de la grande époque, mais Gabin n'en faisait pas partie, Durant préférant nous réserver quelques semaines après un ouvrage complet sur le sujet
En fait, ce livre de Philippe Durant n'est pas une autobiographie qui retrace la vie du célèbre Jean Gabin; le journaliste préférant mettre en exergue le vocabulaire riche, original, déroutant et amusant qui caractérisait l'acteur dans chacun de ses films.
Philippe Durant relève plus de 230 mots utilisés par Jean Gabin dans les 95 films qu’il a tournés. Sur des dialogues de Michel Audiard dans « Le cave se rebiffe » (« Si la connerie se mesurait, il servirait de mètre étalon ! ») ou de Jacques Prévert dans « Le jour se lèvre » (« Lui, il boit du lait quand les vaches ont mangé du raisin »).
Philippe Durant explique ainsi son projet : "Contrairement aux apparences, je n'ai pas fait un recueil de citations tirées de films ou d'interviews de Gabin. Je me suis efforcé de mettre en exergue certains mots, replacés dans leur contexte, qui m'ont paru originaux ou peu usités et de les expliquer. J'ai aussi sélectionné et expliqué des phrases dites par Gabin ayant une résonance dans sa propre vie. Au final, le livre compte 20% de répliques et 80% d'explications qui, je le confesse, sont souvent déclinées sur un ton loufoque."..
On voit dès lors dans cet ouvrage que Jean Gabin parlait dans ses films comme dans la vie. Le bonhomme avait du coffre, pour ne pas dire de la gueule, aidé de ses auteurs favoris, Pascal Jardin et Michel Audiard qui n’est jamais loin lorsqu’il faut emprunter au parler de la rue. Et ce parler Gabin se l’était forgé dans les rues de Paname, les music-halls, les loges d’artistes. Personne n’échappait à la verve de Gabin, pas même Marlene Dietrich, son grand amour, pourtant habituée à ce que les autres s‘effacent devant elle. Excédé, il pouvait lui lancer –rapporté dans son livre sur Marlene par Louis Bozon : « La Pruskott, tu commences à m’emmerder » (2). Dernier avertissement avant l’avoine. Dans le parler populaire, l’avoine du cocher se donnait avec le fouet , histoire de faire avancer la bête. L’argot, nous dit Philippe Durant, en fit un verbe, synonyme de marron, de gnons, de baffes.
On s'aperçoit aussi que Gabin pouvait très bien manier l'argot (qu'il avait découvert très jeune) ou un langage très châtié, dans la vie (dans ses interviews, par exemple) comme au cinéma (Les grandes familles, entre autres, ce qui en dit long sur le particularisme de ce comédien mythique.
Allez, juste pour la mise en bouche, je vous laisse avec quelques petites perles relevés dans le livre, et tirés des plus grands films du comédien, : « T’as peut-être les idées larges mais t’as la tête trop petite. Alors tes idées elles se débinent de tous les côtés. » Le jour se lève
« Des godasses, un tesson de bouteille, un vieux peigne… Ah, il est bath le fond de la mer ! » Le Quai des brumes
« Quand je pense à la réputation que j’avais sur les cinq continents et tu me fais faire sept mille bornes pour me faire repasser par un cave. T’avoueras que c’est beau, non ? » Le cave se rebiffe
Bref, si vous aimez les dialogues à la Audiard et les réparties les plus cinglantes et déjantées possible, ce livre est forcément pour vous!!