Bon, vous allez commencer à vous dire que cette année, contrairement à 2012, je n'arrête pas de démolir le cinéma français,  moi qui l'ai tant défendu sur ce blog, mais encore une fois ma chronique du jour ne va pas être tendre avec lui.

En effet avant de voir Happiness Therapy au cinéma, la dernière comédie romantique avec la danse en toile de fond que j'avais pu voir était le film de Valérie Donzelli, Main dans la Main, et si l'on doit faire une comparaison entre les deux, la balance va nettement pencher en faveur du film américain.

Happiness Thérapy possède  pourtant un handicap de départ, qui au départ m'a presque découragé à aller le voir, à savoir son titre  français , complétement à coté de la plaque et quand même bien niaisouille, alors que son homologue anglais,  SILVER LININGS PLAYBOOK, que l’on pourrait traduire par « la stratégie de l’optimisme » correspond bien plus à l'esprit du film.

Ce film suit les traces de Pat Solitano (Bradley Cooper), cocu en sortie de cure et en quête de rachat matrimonial et de Tiffany (Jennifer Lawrence), veuve virée nympho post-trauma, qui cherche son salut dans la danse. Les deux déviants étaient faits pour se rencontrer, débute alors un jeu du chat et de la souris dans les rues de la périphérie de Philadelphie.

Bref, le talent du cinéaste David O Russell, dont je n'avais pas forcément beaucoup aimé les films précédents, est d'arriver à renouveller l'esprit des comédies romantiques traditionnelles en insfflant une vraie folie douce, du à la pathologie des deux personnages principaux. Le thème de la bipolarité est un sujet très personnel pour le cinéaste ( qui a un fils qui souffre de cette maladie), et du coup, contrairement à ce que fait habituellement Holywwod, la folie est traité de facon plutot modérée et vraiment subtile.

Russell  filme ses excentriques avec une bienveillance qui fait du bien, en évitant soigneusement de tomber dans le piège de la surenchère qui aurait fait de ses dépressifs des phénomènes de foire, et en nous rendant clair le contexte familial dans lequel leur folie a pu s'installer .

On comprend ainsi aisément que Pat ait pu craquer avec son père bourré de TOC et qui fait des paris sur des matchs à longueur de journée, une mère effacée qui arrondit les angles et un frère imbu qui le rabaisse.

Sans aucun autre artifice que ses comédiens et une écriture ultra ciselée, le cinéaste parvient à rendre cette romance crédible et à lui confèrer une énergie incroyable. Le film arrive ainsi parfaitement,  et sans doute plus encore dans la très belle seconde partie que la première, à tisser un équilibre ténu mais réel entre tragédie et comédie.

Mais la grande réussite du film repose sur son couple principal, que ce soient par l'épaisseur des personnages qui le composent et des comédiens qui les incarnent : le couple Pat/Tiffany (Cooper/Lawrence) fonctionne à merveille et on rit beaucoup de leurs échanges. Pour que la mayonnaise prenne autant il fallait une alchimie parfaite au niveau des comédiens, et cela est vraiment le cas ici : Bradley Cooper,  à la fois nuancé et si vigoureux, est parfait dans ce rôle de ce pauvre type qui n'hésite pas à se ridiculiser à force d'incompréhension des règles sociales, repartant à chaque fois à l'assaut de ce monde qui le rejette.

Mais la vraie révélation du film, c'est indubitalement Jennifer Lawrence, déjà prodigieuse dans Winters Bone : ici, son  visage poupon, ses yeux fuyants confère au personne de Tiffany une  beauté énigmatique et renversante, un personnage mi enfant, mi garce,  qui apportent à toutes les scènes où elles jouent une fraicheur et une ambiguité incroyables, et sa récompense récente aux Oscars est pour moi totalement méritée, Weinstein ou pas Weinstein à la manoeuvre.

Du coup, le reste de l'intrigue, lorsque Miss Lawrence en est absente, est un peu plus faiblaarde, avec notamment une intrigue secondaire sur les paris de Pat senior (avec un De Niro, dont le cabotinage habituel irrite un peu), trop prévisible et pas indispensable, même si comme je le disais, cela explique le background du personnage principal.

En revanche,  la dernière demi heure, avec le concours de danse dans lequel se lancent Pat et Tiffany, achève de rendre ce film si précieux et si enthousiasmant. Si vous n'avez pas encore eu la chance de voir ce film je vous le conseille incontestablement, même si tout le monde n'a pas été charmé comme je le fus, rangeant le film comme une vulgaire comédie sentimentale de plus, ce qui n'est absolument pas le cas à mes yeux, comme vous avez pu le voir à travers ces quelques(?) lignes et à travers l'extrait que je vous joins ci dessous.