Que les fans de cinéma d'horreur et d'épouvante qui vont régulièrement sur mon blog ne ratent pas ce billet, vu que j'en fais environ un par an.
Le dernier remonte en effet au mois de février 2012 après ma chronique du film qui a resucité la Warner, La Dame en noir, qui doit d'ailleurs bien être un des tous premiers films d'horreur que je voyais en salles, vu le peu d'attrait que j'ai pour ce genre ( la plupart sont quand même de vrais nanars totalement invraisemblables et totalement baclés), et surtout, assumons le une bonne fois pour toute, vu ma très grande vulnérabilité devant ce genre de films lorsqu'ils sont réussis.
La dame en noir avait plutot convaincu spectacteurs et critiques, et moi par la même occasion, mais incontestablement un autre film de ce genre emporta la mise en 2012. Ce film, c'est Sinister, sorti en salles novembre 2012, et disponible en DVD dès demain, soit le 13 mars exactement ( édité par Wild Side vidéo que je remercie pour l'envoi).
Malgré d'excellentes critiques, de la presse spécialisée et généraliste et des spectateurs qui ont pu le voir, le film n'avait pas forcément eu l'exploitation en salles qu'il méritait : en effet, la veille de sa sorties en salles, son nombre de copies avait été diminué d'une cinquantaine d'exemplaires (même problème que pour Les paradis artificiels dont j'ai parlé samedi, mais pour un problème différent).
En effet, certains distributeurs ont préféré, à la toute dernière minute ne pas le projeter, arguant des raisons de sécurité. Il faut savoir que quelques semaines avant la sortie de Sinister, arrivait dans les salles Paranormal Activity 4, et dans plusieurs salles de ciné, certains petits malins(?) s'étaient amusés (?) à semer la terreur dans les salles de ciné, pour rajouter de la peur à la peur... Du coup, Sinister ne passa pas dans une bonne cinquantaine de salles, celles de multiplexes de grande périphéries, des salles où il aurait certainement été le plus apprécié, et sa sortie DVD est donc un excellent moyen de rattraper le coup.
Surtout qu'en DVD, et contrairement en salles, on peut toujours accélerer les moments du film où ca fout trop la pétoche, ou alors essayer de jeter un oeil sur sa revue posé juste à coté de son canapé, histoire de ne pas être trop absorbé par ce qui se passe sur l'écran.
Mais tout ceci ne fonctionne pas vraiment, tant ce Sinister est terriblement efficace et réussit allégrement son pari, qui est de foutre vraiment la frousse, évidemment sur moi, mais aussi sur quantité de personnes bien plus habitués au genres et bien plus blasé.
Et pourtant au départ le film souffre deux handicaps :1. son cinéaste Scott Derrickson qui avait réalisé deux très mauvais films, le jour où la terre s'arreta avec Keanu Reeves ( c'est aussi le jour où le carrière de Keanu s'arreta), et Emily Rose une histoire d'exorcisme particulièrement mal fichue... 2.son scénario qui fait énormément penser à plein d'autres films du genre.
Et d'ailleurs dans les premières minutes du film, quand on voit cette famille typique emménager dans sa nouvelle maison, une maison qui a connu d'horribles meurtres, on se dit qu'on navigue en terrain très connu, tant cette situation de départ se retrouve dans de nombreux films.
Mais très vite le réalisateur va rendre ce projet bien plus intelligent et plus subtil que son matériau de départ, notamment parce qu'il intègre au film classique des éléments de "found-footage", ce concept très à la mode dans le cinéma américain, et notamment le cinéma d'horreur. Le film possède en sa base une belle idée de mise en abyme : le père regarde des vidéos retrouvés dans cette maison, et qu'il visionne sur un projecteur 8 mm, et découvrir que chacun d'eux montre l'assassinat sauvage d'une famille.
Et nous regardons ce film en même temps que lui. L'identification est ainsi facilitée, et on reprend le (même procédé que dans Ring, un autre grand film d'horreur de ces dernières années que j'avais également vu. ), le film étant ainsi organisé en fonction des vidéos et de l'obsession grandissante du père pour cette historique diaboliquement...diabolique!!!.
La mise en scène de Scott Deriksson progresse dans l'angoisse de la même manière au fil du film, les mouvements de caméra ou le montage devenant plus frénétiques; le cinéaste prenant vraiment le temps . temps d'implanter lentement une ambiance glauque, sombre, angoissante. La réalisation joue beaucoup sur les ombres. Pendant une bonne partie du film, les images des vidéos sont déformées, les scènes sont peu éclairées : le cinéaste s'amuse avec les suggestions. Et c'est quand l'ambiance est là qu'il déclenche vraiment l'histoire, qu'il fait avancer l'intrigue. Nous, spectateurs, sommes comme le père : d'abord curieux, puis angoissés, enfin affolés.
Par ailleurs, on note un gros effort sur la bande son qui participe beaucoup de cette angoisse également. Pas vraiment de musique, mais des bruits. On peut reconnaître un projecteur, une caméra, des chants incantatoires, etc.
Par ailleurs, autre gros atout du film, le personnage principal est loin d’être lisse, contrairement à souvent dans les films d'horreur que j'ai pu voir : il est manipulateur, et il est davantage porté par ses peurs et sa volonté de retrouver la gloire que l’amour de sa famille. Dans ce rôle, Ethan Hawke, qui a eu une trajectoire bien particulière à Hollywood est totalement crédible et parfaitement impliqué ( le reste du casting par contre est un peu plus faiblard, et semble plus droit sorti d'une série B).
En bref, une grande réussite du genre pour un film que tous les amateurs de films d'horreur doivent voir, et même les autres, sauf bien sur les grands allergiques à la moindre goute de sang et la moindre vue de fantome!!!
PS: une belle édition DVD avec notamment des scènes coupées interessantes commentées par le réalisateur et l'acteur principal, où l'on voit apparaitre un nouvel et inquiétant personnage de voisin qui ne figure pas dans la vesion finale...