Il est temps que je vous parle plus en détails de ce très beau Hors les murs que je suis ravi de vous avoir fait gagner dans ce billet en question . Le film est sorti le 7 mai dernier, édité par l'excellente boite d'édition Epicentre Films et que j'ai pu voir grâce à Ciné Trafic et son opération "un DVD contre une chronique".
Car ce film, modeste dans son fonds et dans sa forme, est une très belle réussite passée un peu inaperçue lors de sa sortie en salles, et comme je vous le disais dimanche, il n'est pas sur que le mois choisi pour le sortir en salles était le plus judicieux.
Hors les murs est une très belle histoire d'amour homosexuelle, mais, en fait, la force du film est qu'il arrive à être totalement universel et à toucher les hétéros également, Hors Les Murs est avant tout un film d'amour ,car, comme le dit Guillaume Gouix, le genre "homosexuel" que l'on donne parfois à un film ne devrait pas rentrer en ligne de compte vu qu'on ne parle jamais d'histoire d'amour hétérosexuelle lorsqu'on parle d'une histoire d'amour entre un homme et une femme.
Et si il y a quelques semaines, je m'indignais contre la représentation du milieu homosexuel faite par Almodovar dans son dernier opus, les personnages de ce Hors les Murs ont le bon gout de n'être jamais caricaturaux.
Au contraire, ces êtres présentent beaucoup de finesse, et surtout évolument différement pendant le film, de telle sorte que celui qui pourrait paraitre le plus viril et le plus masculin au départ va finalement dans la dernière partie, dévoiler une part plus fragile, plus féminine, au contraire de l'autre, qui prendra le chemin inversé.
Au départ, Hors les murs narre une histoire d'amour toute simple comme on en voit tant : deux jeunes gens, un serveur et un pianiste, se rencontrent, s’aiment vite, deviennent accros l’un à l’autre, l’un des deux va en prison, leur amour va-t-il perdurer. Le film s’articule autour de peu de personnages , assez peu de situation et c’est tout le mérite de David Lambert d’arriver à maintenir toute notre attention avec ce presque rien .
La mise en scène est sobre, parfois sans doute un poil parfois maladroite ( ces scènes déjà vues de couples filmés tête bêche), mais ce qui est le plus frappant dans ce film, c'est la force du montage, pour le moins étonnant pour un premier film : le cinéaste passe d’une scène à l’autre d’une façon très fluide en alternant ellipses discretes et plans séquences assez longs et toujours justifié .
David Lambert possède beaucoup de subtilité car il réussit à filmer avec justesse deux êtres qui s’approchent, se repoussent, jouent l’un avec l’autre, vive leur relation amoureuse tout en hésitation, en insistant sur ces ébauches de gestes que l'on rencontrent forcément dans le cadre d' un amour naissant et intense.
La mise en scène ressemble à ces personnages, elle n’est pas toujours parfaitement habile, mais en même temps, l'on y perçoit beaucoup de tendresse dans le regard de David Lambert car jamais le cinéaste ne surplombe ceux qu’il filme et par là-même n’écrase le spectateur.
Quant au casting, il est parfaitement dans le ton du film : certes, le jeune Matila Malliarakis est parfois agacant et peut parfois, mais c'est aussi son role d' animal blessé cherchant un nid qui veut cela.
En revanche, Guillaume Gouix, déjà apprécié dans depuis quelques années dans d'autres bons films (notamment Allyah ou Johny Rivière) s'impose définitivement comme un des très grands de la nouvelle génération du cinéma français. Il offre ici une partition absolument remarquable en protecteur sur de lui qui perdra de sa superbe au fil des évènements. Et l'humoriste David Salles ( qui est passé récemment sur Lyon à la Comédie Odéon) est épatant dans un beau contremploi d'amant taiseux et patron de sex shop.
En résumé, ce Hors les murs est un fort joli film gay mais pas uniquement pour une belle édition vidéo, composée d'interwievs interessantes des acteurs et du cinéaste, ainsi que d'une présentation en avant première du film dans le cadre du festival Chéries Chéries, festival spécialisé dans les films homosexuels, même si, je le répète, le film va bien au delà de la représentation des couples homosexuels et aurait mérité d'être présentés dans tous les festivals, et bien entendu les plus généralistes qui soient.