Bon, il parait que le festival de Cafestivnnes, tout le monde s'en fout, d'après un article d'un journaliste de rue 89  qui stigmatise "une ’enflure de la bulle médiatique qui se forme autour du Festival de Cannes et qui  ne connaît plus de limites" pour des films que seuls 0.1% de la population pourrait voir.

Vu la forte audience qu'a connu la cérémonie d'ouverture et le nombre de tweets consacrés au festival que je peux voir passer depuis mercredi dernier, je ne suis pas sur que ce soit un avis partagé par tout le monde quand même...

 Car même ceux qui n'ont pas eu la chance d'être présent à la croisette  en parlent, et je ne dérogerai donc pas à la régle  en vous faisant un petit bilan, à mi parcours  des films présentés  compétition ont déjà été présentés à la presse et aux festivaliers depuis l’ouverture mercredi dernier de cette 66ème édition du Festival de Cannes.

Le ton a été  donné dès la cérémonie d'ouverture présidée par une  Audrey Tautou que je n'aime pas trop généralement, mais qui, reconnaissons le en toute bonne foi,  a su séduire les Festivaliers grâce à un discours émouvant qui s'est achevé sur les battements de son coeur. Cette cérémonie d'ouverture a également été l'occasion de rendre un hommage appuyé au président du jury 2013 du Festival de Cannes Steven Spielberg, et me donner envie d'aller prendre le lendemain à ma bibliothèque le DVD d'E.T, mon premier émoi de cinéphile à 5 ans, et de le montrer à mes enfants ce week end où j'en avais la garde exclusive pendant 3 jours.

Cette première soirée de Cannes,  s'est conclue par la projection du long-métrage Gatsby le magnifique de Leonardo DiCaprio qu'il me tarde de voir, malgré l'accueil plutot mitigé de la presse, qui a eu mal à digerer ce patchwork et cette overdose de musique et de kitsch.

Et évidemment, les choses sérieuses ont commencé dès le jeudi avec les premiers films présentés.  De ces films, parlons en puisqu'il  est plus  temps de faire un petit bilan de la façon dont  les médias du monde entier ont reçu les quelques candidats à la Palme déjà projetés. Globalement, la sélection est pour le moment à la hauteur de l'espérance qu'elle suscitait et semble être d'excellente qualité. .

Evidemment, si je ne peux vous parler de tous les films en sélection, je ne retiendrais que les principaux, et vous dire s'ils sont susceptibles de figurer ou non dans le palmarès du Président Spielberg de dimanche prochain. Petit aperçu en 6 films par ordre de leur potentialité respective de "palmitude" :

1. Inside Llewyn Davis


Une Palme d'Or et trois Prix de la Mise en scène plus tard (Barton Fink a remporté les deux trophées), les Frères Joel Coen étaient  de retour samedi  en compétition officielle avec un biopic musical plus qu'harmonieux.

La salle pleine à craquer a ri de bon cœur, et souvent, devant cette comédie mélancolique qui a sauvé une journée bien tristounette.

Le nouveau film des frères Coen, qui réunit l'inattendu Oscar Isaac, ainsi que Carey Mulligan et Justin Timberlake, a réussi à mettre la totalité  des critiques , notamment  celle du Le Monde, pour qui « Inside Llewyn Davis" est une comédie, vive et noire. Comme on n'arrête jamais très longtemps de rire, on se laisse prendre dans les replis sombres de la pensée des deux frères. »

Musique divine, photographie sublimée et humour imparable, a enchanté un public "comme à la maison", qui s'est volontiers laissé emporter par la prestation d'un Oscar Isaac bluffant et d'une Carey Mulligan joliment "en rogne". Du haut niveau encore une fois pour un film qu'on devrait retrouver dimanche dans le palmarès, mais à quelle place, exactement?.

 2. Le passé


Internationalement reconnu depuis l’Oscar du meilleur film étranger décerné à ce chef d’œuvre de dramaturgie qu’est "Une séparation", Asghar Farhadi se devait d’être présent cette année sur la Croisette. D’abord parce que Cannes était, jusqu’à présent, toujours passé à côté du réalisateur iranien ("Une séparation" fut primé à Berlin). Ensuite, parce que son nouveau long-métrage, "Le Passé", en lice pour la Palme d’or, a été tourné en France avec, à la distribution, deux valeurs sûres du cinéma hexagonal rompus à la montée des marches, Bérénice Bejo et Tahar Rahim. Le film est sorti simultanément à sa projection à Cannes dans les salles vendredi dernier, et incontestablement, à  deux ou  trois grincheux près, c'est une incontestable réussite.

  Les premières projections de presse ont été très flatteuses.  Le dernier film d’Asghar Farhadi est parmi les favoris pour la Palme d’Or cette année,  ce film, que je n'ai pas encore eu la possibilité de voir en salles,   a été reconnu comme  magnifiquement interprété, et étant également un drame de haute volée.

 Dans ce drame aux rebondissements perpétuels au sein d’un couple et d’une famille recomposée, Farhadi explore le phénomène du déjà vécu, du déjà senti et du déjà visité d’une manière obsessionnelle.

 Peut-être déjà un sérieux prétendant à la Palme d’or, ou alors, plus certainement, un prix du meilleur scénario ou alors   Bérénice Béjo  mis en avant pour le prix d’interprétation féminine.

 3. Jeune et Jolie 


 Dix ans après l'accueil très mitigé reçu au Festival de Cannes par le pourtant très bon Swimming pool, François Ozon revient. Avec Jeune et Jolie, un projet dont il a le secret : teasing mystérieux et alléchant ; casting sans stars évidentes ; pitch minimaliste , conceptuel et sexy : portrait d'une jeune de 17 ans qui se prostitue pour le plaisir, en 4 saisons et 4 chansons
,Le film était annoncé comme étant tout aussi sulfureux. Et pourtant,s'inscrivant dans la veine sensible et intimiste qui caractérise une partie de son cinéma, Jeune & Jolie a nimbé de douceur et de pudeur la compétition.

 Emmené par la lumineuse Marina Vacth, l'émouvante Géraldine Pailhas et le ténébreux Frédéric Pierrot, le film dresse le portrait sans fard d'une adolescente en émois et en quête de soi. Avec subtilité. Le film plait parce que François Ozon a réussi à transformer un sujet osé en regard décomplexé sur les audaces de l'adolescence. Pour son absence de manichéisme et ses mystères non résolus. Pour , qui est bien plus qu'une belle plante.

Le film ne devrait pas figurer aux premières marches du podium, mais peut- être un prix d'interprétation Marine Vacth devrait être une concurrente sérieuse à Bénérice Bejo.

 4. Jimmy P. (Psychotherapy...)


Desplechin, Amalric, Del Toro : trois noms chéris de Cannes pour ce film français mais en langue anglaise, tourné aux Etats-Unis. Arnaud Depleschin s'est inspiré d'une histoire vraie en adaptant le livre de Devereux, Psychothérapie d'un Indien des plaines. Jimmy P. marque sa 5ème participation en compétition officielle, la dernière remontant à 2008 avec Un conte de Noël.  Il retrouve son acteur fétiche Mathieu Amalric, également présent au casting de La Vénus à la fourrure de Polanski.

 La première vraie grosse déception de Cannes tant le film était attendu et laissa l'impression d'un pétard mouillé. Même les afficionados du cinéma de Desplechin ( dont je ne fais assurément pas partie) ne soutiennent pas leur poulain : jugé  trop bavard, trop long et complètement dépourvu d'émotions, le premier film américain du réalisateur français est reconnue par beaucoup comme étant une grosse déception. 

Pour une bonne partie de la critique, on ne reconnaît rien du cinéma d'Arnaud Desplechin dans ce film bavard et creux made in USA et où les acteurs ne brillent pas outre mesure. Un prix dimanche prochain serait une surprise énorme pour une grande majorité des festivaliers. Desplechin va certainement revenir au cinéma germanoprontin qui lui sourit mieux.

 5.  Un chateau en Italie :


La seule femme réalisatrice en compétition(  tout le monde est au courant avec la mysoginie latente de la compétition depuis 2 ans)  cette année à Cannes était sous le feu des projecteurs lundi dernier . Valeria Bruni Tedeschi, soeur de la chanteuse et ex first lady (dont je vous reparle bientot) a présenté son  Château en Italie,   chronique familiale particulièrement inspirée de son expérience personnelle.
Dans l'ensemble le film a séduit les festivaliers, bien que certains ont pu lui reprocher un manque d'originalité ( chronique bourgeoise familiale, on s'attend un peu à ca avec la cinéaste) et un petit  manque d'ambition formelle . Mais beaucoup de festivaliers ont apprécié ce château en Italie, situé  quelque part entre Tchekhov et la comédie italienne,  dont l'humour a pu toucher juste.
 
Là encore, le prix du scénario ou celui de la meilleure interprete ( pour la réalisatrice elle même, ce qui n'a jamais été fait) peut être envisagé.
6. Tel père tel fils
 
Samedi soir, Le Japonais  Hirokazu Kore-Eda qui  avait déjà foulé le tapis rouge cannois en 2004 avec Nobody Knows,  puis Still Walking, en 2009, et dont le I Wish m'avait quelque peu ennuyé, présentait son tout nouveau film, qui voit l’existence d’un homme bouleversée quand il apprend que son fils a été échangé avec un autre à la maternité( sujet souvent traité dans le cinéma français de la vie est un long fleuve tranquille au récent le fils de l'autre) .
 
Si la critique a parfois trouvé que le film n'était pas le meilleur de son auteur, le film a énormément plu en séance publique. A l’issue de la projection, les applaudissements sont allés grandissant dans la salle et l’on a vu bien des mains essuyer furtivement une larme au coin des yeux. Pendant vingt longues minutes, le parterre et le balcon ont applaudi et se sont laissés gagner par l’émotion.
Le parcours émotionnel de ce u père fortuné jusqu’à la révélation finale, bouleversante, du sens de sa paternité, qui émeut le public aux larmes.
Rien de tel pour que dès le  lendemain, le film  fut annoncé favori au Palmomètre 2013, un peu devant celui des Frères Coe, Spileberg pouvant être touché par cette ode à l'enfance et à la paternité.
Mais évidemment, rien n'est fait, puisqu'au moment de la rédaction de cet article, on attendait encore pas mal de films particulièrment escompté tels que  BEHIND THE CANDELABRA de Steven Soderbergh, ONLY GOD FORGIVES de Nicolas Winding Refn,  ONLY LOVERS LEFT ALIVE de Jim Jarmusch, NEBRASKA d’Alexander Payne ou encore THE IMMIGRANT de James Gray et MICHAEL KOHLHAAS d’Arnaud des Pallières. Pas sûr toutefois que l’un d’eux parvienne à recueillir la même unanimité qu’INSIDE LLEWYN DAVIS et TEL PERE, TEL fils, les deux chouchoux incontestés des festivaliers et qui devraient figurer dimanche dans les premières marches du podium.