roméo langloisLorsque j'ai appris la semaine passée que c'est Roméo Langlois qui avait été récompensé du prestigieux  prix Albert Londres pour son reportage d'avril 2012 sur une opération anti drogue de l'armée colombienne qui a tourne au fiasco et à l'enlèvement du journaliste, correspondant de France 24 en Colombie, je me suis rappellé que dans ma PAL figurait justement ce récit de l'enlevement et de la séquestration, que Langlois a publié en février dernier aux éditions Don Quichotte.

En effet, j'avais vaguement entendu parler de cette séquestration à l'époque, et pourtant visiblement l'opinion publique avait beaucoup mis médiatisé l'affaire  : le 28 avril 2012, embarqué dans un hélicoptère par des militaires colombiens, Roméo Langlois s’apprête à filmer une opération de démantèlement de laboratoires artisanaux de pâte de coca, quand le commando tombe dans une embuscade des Farc. Retenu pendant 33 jours aux mains de la guerrilla des FARC  jusque fin mai 2012, il  raconte  dans ce livre ces trente-trois jours de détention.

 Embarqué avec une patrouille militaire dont l'opération tourne au fiasco à cause d'une attaque des FARC, Roméo Langlois, blessé, est récupéré par la guerrilla et devient monnaie d'échange entre le gouvernement et les FARC, alors que des négociations de paix sont déjà amorcées.

Témoigner et transmettre. Neuf mois après sa libération par les FARC de la jungle colombienne, Roméo Langlois livre au grand jour enfin «son histoire, telle qu'il a vécu ».

Car Jungle Blues permet certes  d'apporter un éclairage sur le conflit colombien,  et sur cette prise d'otages vues de l'intérieur, mais  le livre nous propose aussi  de nous raconter tout un pays et surtout toute une situation géopolitique pour le moins complexe. C'est en tant que journaliste qu'il restera tout au long de ces trente jours de captivité  et qu'il tentera d'aller au fond de l'inextricable situation de cette région latino-américaine.

L’auteur alterne le récit de sa détention, succession de situations critiques et d’échanges parfois cocasses avec ses geôliers,comme  notamment ce croustillant échange avec Antonio, le chef de l'escuadra, qui lui suggère : «quand tu t'ennuies, écris ! ça soulage, tu verras. Rien de tel pour chasser les idées noires…», avec  dans les pages juste après, des réflexions sur le journalisme de guerre et une analyse du conflit fratricide qui, depuis 50 ans, déchire la Colombie.

Roméo Langlois tente de nous expliquer  dans ce Jungle Blues en quoi ce pays peut avoir des aspects hypnotiques, tant la folie meurtrière se mêle à ce qui est de l’ordre de la pulsion de vie, un état propre aux pays en guerre.Il évoque en creux l'histoire frontale de ces jeunes paysans colombiens ayant pris cause et armes au nom de l'idéologie communiste.

Une lecture parfois complexe , pour qui ne possède pas toutes les clés du pays  et éprouvante, mais totalement essentielle.