Je disais l'autre fois en commentaire sous un billet de ma blogueuse préférée, (ma chère Potzina pour ne pas la citer) que j'avais quelques chroniques de films vu en salles qui m'attendaient depuis belle lurette, et que je me demandais si je n'attendais pas la sortie du film en DVD pour les mettre en ligne.
Parmi ces films, figurait en bonne place La religieuse, le film de Guillaume Nicloux sorti il y a maintenant plus de 2 mois, et qui devrait être édité en DVD dans le même laps de temps.
Concernant ce film (présenté à Berlin alors même que les films de Cannes commencent à sortir), j'avoue m'être posé la question vu que le film ne doit plus être présenté dans les salles, mais finalement, j'ai décidé d'en parler maintenant, comme cela, je serais le tout premier à en parler avant qu'il ne sorte en DVD (voyons la bouteille à moitié pleine, une fois n'est pas coutume).
Ce film, je vous en avais pourtant parlé bien tôt, quelques semaines avant sa sortie, car même si je suis un athé convaincu, j'avais bien envie d'aller voir du coté de cette adaptation du fameux roman de Diderot, un roman dont j'ai beaucoup entendu parler mais que je n'avais pas lu, de même que je n'avais pas vu la première adataptation au cinéma de Jacques Rivette, adaptation d'ailleurs qui avait déchainé les passions puisqu'il avait été interdit sous la France si puritaine et si conservatrice de De Gaulle.
40 ans après, cette version de Guillaume Nicloux, plus habitué aux polars qu'aux drames historiques, a beaucoup moins fait parler de lui, mais en général a bien plu aux critiques, et c'est ainsi que lorsqu'il a été diffusé par mon cinéma de quartier (un mois et demi après sa sortie, d'où ma chronique tardive), j'ai eu envie de voir si le parfum de souffre était toujours présent.
En fait, cette religieuse, comme devait l'être le roman à la base, nous propose une lecture d'une troublante ambiguité et ambivlance : bien que nous montrant montre la lutte pour la liberté et la foi intacte de cette jeune fille révoltée contre sa condition, le film n'est jamais un pamphlet anticlérical contre les institutions et la religion, mais plus un réquisitoire subtil dans cet univers carcéral où se côtoient bonté, folie et perversité.
Je craignais, au vu de la bande annonce, film un peu trop austère et ennuyeux, or le matériau est suffisamment riche et la mise en scène de Nicloux d'une vraie rigueur et beauté formelle (avec notamment un très beau travail sur la lumière), pour que le film, sans être profondément subvsersif, reste toujours captivant à suivre, et dans sa forme, et dans son propos.
Malgré une interprétation parfois inégale (Louise Bourgoin dans le rôle de la mère tyrannique n'en fait pas assez, Isabelle Hupert dans celui de la mère trop aimante, un poil trop), le film est sublimé par la prestation épatante de la jeune Pauline Etienne dans le rôle titre, d'une force et d'une fragilité absolue.
Elle est l'interprète idéale pour jouer cette jeune fille à la fois innocente mais qui refuse des compromissions, un personnage somme toute assez passionnant à suivre, et qui fait tout l'interet de l'oeuvre.
Bref, avec cette religieuse, Guillaume Nicloux, dont les polars étaient souvent ambitieux mais bancals, nous propose certainement son meilleur film, en filmant avec une vraie maitrise cette belle ode au libre-arbitre et à la liberté de choix, surtout celui de croire en Dieu ou non.
C'est également un film qui résonne aussi aujourd'hui, dans le sens où il questionne les droits de la femme et son émancipation alors que son seul devenir à l'époque se résume soit à se marier, soit à entrer dans les moeurs. Bref, un film, finalement, contrairement à ce que j'aurais pu penser, qui se trouve être d'une étonnante modernité.
Et dire que j'ai failli attendre encore un peu avant d'en parler, cela aurait été dommage, non?