Alata, une belle et tragique romance sous fond de conflit israëlo palestinien
La semaine passée, pendant que les films cannois accaparaient toute l'attention des cinéphiles, sortait parrallèlement une oeuvre bien moins fortement médiatisée que les oeuvres cannoises, mais qui mérite pourtant une belle attention.
Récompensé entre autres à Toronto, Chicago, Hambourg et sacré Meilleur film au festival international du film de Haïfa, Alata est donc ce "petit film sorti mercredi dernier en salles, et j'ai pu le voir avant sa sortie grâce au distributeur Outplay, à qui je suis profondément fidèle.
J'ai vu ce Alata juste après le très beau Yossi d'Eytan Fox,et je dois dire que ce film m'a fait beaucoup penser aux films de Fox, pas forcément Yossi, mais plutôt l'excellent The Bubble, qui reprend d'ailleurs plusieurs élements du scénario : Tel Aviv, une histoire un peu à la Roméo et Juliette entre un juif et un palestinien, et une société israélo palestienne forcément hostile, et qui leur fera payer cet amour.
En effet, le film, comme beaucoup d'autres que j'ai vu récemment, relate un amour impossible entre deux hommes, Nimer, étudiant palestinien réfugié clandestinement à Tel-Aviv et Roy, un jeune avocat israélien.
Dans le dossier de presse du film, Michael Mayer a soutenu qu’il ne voulait pas d’un film politique qui aurait revendiqué, contesté, dénoncé le conflit israélo palestinien mais un drame humaniste, une histoire d’amour, de loyauté dans un contexte socio-politique existant et très fort. Michael Mayer place ainsi ses personnages au cœur du conflit israélo-palestinien, même si leur seul désir serait justement d’en sortir.
La famille de Nimer, l’arabe, appartient à une mafia anti-israélienne, mais Nimer cherche justement à s’extraire de tout ça : il fuit à Tel-Aviv où il a obtenu un permis de séjour pour faire ses études…
La toile de fond du film est forcément pretexte à une tragédie qu'on devine depuis le tout début du film. En effet, si l’homosexualité constitue depuis toujours une agitation très vive dans tout le Moyen Orient, Israël et surtout Tel Aviv constituent une zone de liberté pour cette population.
Avec cette toile de fond, Alata opte clairement pour le mélodrame, un de mes genres préférés, avec cette passion impossible et interdite, mais il emprunte aussi quelque peu des codes du film social ou du thriller, avec des scènes de course poursuite où le héros est poursuivi par une inquiétante et peu sympathique police secrète israélienne qui traque ses proies de jeunes gays palestiniens marginalisés, et les soumet à d’horribles chantages.
Le film prend cette tonalité thriller surtout dans sa seconde partie, abandonnant un peu trop l'aspect histoire d'amour à mon gout, mais le cinéaste est également à l'aise dans cette partie là, laissant le spectacteur captivé par l'issue de l'intrigue et du sort de ce couple toujours attachant, et jamais schématique.
Un scénario riche et interessant et une mise en scène parfois maladroite mais toujours honnête et puissante, cet Alata a tout de la bonne suprise qu'il ne faut pas laisser passer, vu que le film ne devrait pas rester longtemps à l'affiche.