Une histoire d'amour d'Hélène Fillières : chronique & concours
Si mes concours peuvent parfois servir à remettre un coup de projecteur sur des films qui ont été très fortement et à mon sens injustement boudés au cinéma, tant mieux!!!
Car, après Le sexe des anges la semaine passée, qui a carrément été ignoré des distributeurs français, j'aimerais ce dimanche matin, jour de concours, revenir sur le film au titre si beau, Une histoire d'amour, premier film réalisé par la comédienne Hélène Fillières, vu notamment dans la série Mafiosa.
Ce film a certes lui bien connu les faveurs d'une sortie cinéma, lors du tout début de l'année, mais, et en dépit de son sujet sulfureux et de son casting vraiment excitant (Laeititia Casta et Benoit Poelvorde), il est resté trés peu de temps à l'affiche et il a connu une vrai hostilité de la part des critiques qui a certainement porté préjudice à ce film, pourtant bien ambitieux sur le papier.
Grâce à Univers Ciné, j'ai pu le visionner quelque temps après son bref passage éclair en salles, et si ce n'est pas une réussite flagrante, le film mérite bien mieux que le sort qui lui a été réservé.
Pour sa première réalisation, on peut reconnaitre à Hélène Fillières d'avoir su choisir un sujet difficile, à mille lieux des sujets traités souvent par le cinéma.
Alors qu'on aurait pu raisonnablement penser qu'elle allait surfer sur les rives de sa soeur Sophie, réalisatrice (Aie, Gentille), à savoir la comédie parisienne un peu branchée et un peu molle, Fillières adapte un roman brulant de Régis Jauffret, lui même inspiré d'un fait divers brulant, et aurait tendance à aller flirter du coté du cinéma de Catherine Breillat, cru et sulfureux.
Le roman et le film reprennent donc à leur compte l’affaire Stern, ce fait divers survenu le 28 février 2005 en Suisse dans l’appartement d'un célèbre banquier assassiné par sa maitresse, avec qui il s''adonnait à de droles de patriques sado masochistes. Et si le générique de fin précise que le film , "bien qu’inspiré par des faits réels, est une pure fiction", et que les personnages ne sont jamais nommés, personne n'est dupe : c'est bien cette histoire passionnelle et mystérieuse que la jeune réalisatrice a voulu filmer. Edouard Stern & sa maitresse , c’est une histoire tumultueuse, où ruptures et réconciliations se succèdent, où il est certes question d’amour (comme le titre le déclame, non sans une certaine ironie), mais aussi d’argent et de jeux à caractère Sado maso, donc forcément du grain à moudre pour un scénario.
Mystérieuse, cette histoire l'est assurément sur le papier, et, ce qu'on peut dire sans dévoiler tout le film, c'est qu'elle le restera à la fin tant la volonté de Fillières n'est pas de tout raconter du fait divers, à l'instar de ce qu'avait pu faire Eric Guirado dans Possessions, l'adaptation d'un autre fait divers célèbre, l'affaire Flactif, chroniqué ici même.
Fillières a cherché, de son côté, à conserver des zones d'ombres à cette histoire, et opte donc pour un film très peu dialogué et extrêmement stylisé.
Alors, certes, j'ai souvent tendance à dire que je préfère largement un film qui privilégie le fond à la forme, et ici c'est assurément le contraire, tant on ne saura pratiquement rien de ces personnages qui restent en l'état de silhouettes (sans parler des personnages secondaires, comme Richard Bohringer qui joue le mari, un personnage plus en l'état de fantôme), mais force est de reconnaitre que le film possède quand même de bien belles qualités visuelles qui contribue pour beaucoup à la puissance envoutante du film.
Le soin apporté à la lumière, la photo et la musique (superbe bande son d'Etienne Daho qui colle parfaitement à l'esprit du film) contribue grandement au charme vénéneux et hyptonisant laissé par le film.
La froideur apparente servent parfaitement ce fait divers qui revisite l'histoire d'amour traditionnelle, une histoire où le fric et le cul est évidemment le moteur essentielle, mais où les sentiments peuvent parfois affleurer au détour d'un geste ou d'un regard.
Et pour retranscrire ces sentiments ambivalents avec peu de mots, il fallait d'immenses interprètes, ce qui est le cas ici: si Laeitia Casta a rarement été aussi juste, passant de la force à la fragilité en une seconde, Benoit Poelvorde nous démontre une fois de plus toute l'étendue de son jeu, et sa grande aisance dans les rôles tragiques, d'hommes odieux mais si vulnérables en même temps. Il retrouve ici les sommets d'Entre ses mains dans un rôle pas si éloigné en fin de compte...
Il paraitrait, au vu des rares interviews qu'il a donné après le tournage, qu'il en aurait conservé un très mauvais souvenir, n'appréciant pas les relations tendues entre les divers protagonistes du film, et pourtant c'est à mes yeux un de ses rôles les plus intenses, donc la méthode de la réalisatrice n'était pas si mauvaise que cela (cf le fameux débat suite aux révélations du tournage de la Vie d'Adèle) ....
Bref un film imparfait, qui ne plaira évidemment pas à tout le monde, mais que, pour ma part, j'ai trouvé assez fascinant, comme l'illustre bien la bande annonce ci dessous :
Ma chronique vous a mis la puce à l'oreille? Parfait, car, comme je le fais régulièrement depuis quelques semaines , j'ai 5 codes de téléchargement à vous offrir pour voir le film sur le site de mon partenaire Universciné.
Pour participer, pas de questions, mais comme la semaine passée, j'attends simplement un petit commentaire sous ce billet pour me dire pourquoi vous voulez jouer et voir ce film.
Je tirerais au sort parmi toutes les réponses données. Vous avez jusqu'au dimanche 23 juin 18 h pour participer.
EDIT 23.06 : Le concours est fini Bravo à Topirat, Paola, Virginie78, Jakob et Sabine Delphs!!!:
A noter que le film est sorti aussi en DVD chez Wild Side ( un autre de mes fidèles partenaires), depuis le 23 mai dernier.