Baz'art  : Des films, des livres...
19 décembre 2013

Génial,Guillaume Galienne n'est pas le mâle du siècle!!

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Il est plus que temps, je pense, que je cloture enfin ma trilogie des comédies françaises réussies (à moins que Casse tête chinois que je devrais voir très bientôt ne la transforme en quadrilogie), entamée avec "Neuf mois ferme" et "Quai D'orsay," et je la cloture avec une comédie, qui incontestablement, se situe encore un cran au dessus des deux autres.

Je veux bien évidemment parler du fameux film " Les garcons et Guillaume à table", que j'ai pu voir grâce à Dame skarlette que je remercie énormément.

Car évidemment, j'avais très envie de le voir, ce film dont tout le monde parle depuis le festival de Cannes, cette adaptation par Guillaume Galienne de sa pièce de théâtre qui avait triomphé un peu partout, que je n'avais pas pu voir à mon grand regret (il était pourtant passé au théâtre de la Croix Rousse, à 5 mns de chez moi et je me suis rattrapé sur le texte réédité à l'occasion de la sortie du film) mais dont j'étais sur qu'elle me plairait tant le sujet pouvait me parler plus que de raison.

Car, même si je n'ai pas été élévé comme Guillaume Galienne en ayant le sentiment d'être une fille (merci papa et maman), j'ai pu quand même éprouver une partie des memes questionnements que lui. Ces questionnements qui traversent les gosses qui n'ont pas forcément les mêmes centres d'interet et les mêmes façons de se comporter que tous les mecs plein de testostérones qui les entourent (et d'ailleurs, pas plus tard qu'hier, mon quotidien préféré Libération consacrait une pleine page à ces garçons qui ne sont pas des parangons de virilité mais qui ne sont pas homosexuels pour autant, un sujet dont on ne parlait pas avant le film de Guillaume  un grand  merci aussi pour ça à lui). 

Car, à l'instar de Guillaume, je dois avouer que le rugby et la piscine notamment étaient pour moi des grands moments de souffrance,  comme lui, j'ai tout fait pour éviter le service militaire qui était ma sainte terreur depuis que j'ai eu 8 ans, et comme lui, j'avais  en fait tendance à me complexer devant le moindre mec un peu mieux bati que moi ( bref, tous les mecs...ou presque!!)

C'est peu de dire que Ce "les garçons et Guillaume à table" ne pouvait que me parler, et forcément les questions que Guillaume Galienne posent dans son film m'ont forcément interpellé, que ce soient celles, oh combien fondamentales, de l'inné face à l'acquis, du rôle à jouer dans la société quand celui qui nous est dévolu ne semble pas taillé pour nous, et surtout celle de l’influence des parents sur le développement de l’enfant.

Grâce à une écriture fine et parfaitement ciselée, Galienne nous montre en effet parfaitement comment des relations « mère-fils » peuvent engendrer le doute et la confusion dans l’esprit d’un enfant, puis d'un adolescent, au point de lui faire croire que de toute évidence,  il ne peut être que différent de ses frères, et par conséquent, ne peut être qu'une fille....

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Le film peut décontenancer au début car il nous présente  une succession de scènes pas forcément chronologiques, et avec pas mal d'éllipses, mais qu'on comprend rapidement comme étant des scènes clés qui ont construit ou déconstruit Guillaume. On imagine le recul que Guillaume  Galienne possède sur lui même pour être capable de  revenir sur ses scènes certainement douloureuses au moment où il les a vécues,  mais qui ,désormais, grâce à la distanciation et le recul de l'auteur, savent à la fois nous faire rire et nous toucher.

Guillaume Galienne a certainement profondément souffert du regard accablant et stéréotypé de sa famille sur lui, mais ce qui est très beau dans son film (et dans sa pièce), c'est l'indulgence qu'il a in fine pour sa famille, qu'il pourrait largement accabler, mais qu'il parvient à décrire non sans une certaine tendresse. 
En cela, l'idée de Guillaume Gallienne  d'avoir lui même joué le rôle de sa propre mère est une excellente idée, saluée comme il se doit un peu partout, une idée qui est à la fois d'une vraie force  comique indéniable, et à la fois une idée donnant au film et, par miroir inversé au personnage de Guillaume une vraie profondeur et un côté vraiment touchant.  Car interprétée ainsi par celui qui la connait si bien depuis des décennies,  cette grande bourgeoise, qui semble totalement aveugle à la quête désespérée de son fils, mais sans doute  aussi car elle pensait bien faire en agissant de la sorte, apparait ainsi très irritante mais également, il faut le reconnaitre, finalement assez touchante , et pour qui on éprouve (un peu) de compassion.
Car si Guillaume et les garçons à table est évidemment une comédie aux dialogues ciselés et truffé de quelques scènes vraiment jubilatoires (j'enleverai néanmoins la scène avec Diane Kruger, vulgaire et inutile, qui tranche avec la subtilité de l'ensemble de l'oeuvre) c'est un film qui  joue aussi avec énormément de réussite sur la corde de l'émotion et qui nous offre une puissante et subtile réflexion sur ce qu'est l'identité sexuelle, invitant le spectateur à se questionner sur son propre regard  que l'on porte sur les autres, et l'impact que ce regard peut avoir sur eux .
En parlant de regard, on ne peut qu'être touché par celui que porte Guillaume Galienne sur les femmes, un regard d’envie qui se transforme progressivement en regard d’amour.  Les femmes occupent une place de choix dans la vie de Guillaume, qui n’a jamais cessé de les étudier depuis l’enfance, pour les imiter, être au plus proche d’elles… Ces femmes qui ne sont pas ses « semblables »,  contrairement à ce qu'il pensait, mais ces femmes qu'en fait, Guillaume n’a jamais cessé d' aimer…
Et la fin est vraiment bouleversante, puisque on y comprend qu'on a assisté pendant l'heure vingt que dure le film ( un peu trop courte tant on s'y sentait bien) à la métamorphose d'un être qui s'est enfin trouvé et qui, après avoir longtemps couru le risque d'être passé à coté de lui toute sa vie durant, peut enfin s'assumer comme il est vraiment.

Avec ce portrait chaleureux et très pertinent d'un homosexuel ( ou prétendu comme tel aux yeux des autres) en route vers l'hétérosexualité, Guillaume Galienne nous invite ainsi dans son monde à la fois singulier et univers, et son invitation, toute en finesse et en intelligence, a touché énormément de spectateurs, ce qui ne peut que me ravir en cette année 2013, où la fréquentation des salles de cinéma n'a pas été en conformité avec la qualité des films présentés.

Et parrallèlement au film, j'ai pu me plonger avec délectation dans le texte de la pièce, paru, 3 ans après la première édition aux éditions Les Solitaires Intempestifs. Je l'ai lu aussitot après avoir vu le film, et j'ai pu ainsi trouver avec beaucoup de plaisir les petites différences, certains dialogues qui n'apparaissent pas dans le film, et voir ce que le montage et certaines idées ingénieuses de mise en scène valorise dans le film. Une lecture à conseiller pour ceux qui comme moi ont adoré ce premier film de Guillaume Galienne et qui ont envie de prolonger la jubilation ressentie pendant ce qui est incontestablement une des meilleures comédies françaises de l'année, si ce n'est la meilleure.

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Commentaires
P
J'ai très envie de le voir et pas encore trouvé le temps mais cette critique me conforte dans cette idée. Je regrette déjà d'avoir manqué la pièce.<br /> <br /> Merco
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D
Très intéressante chronique là où le cinéma fait appel à nos subjectivités ! <br /> <br /> Bises et passe de bonne fête. <br /> <br /> J'aurais adoré voir la pièce de théâtre.
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B
j'ai beaucoup aimé bien sur, mais je ne pense pas personnellement que je le mettrais dans le top 10...trop de bons films à coté, et peut etre un petit bémol dont je n'ai pas parlé : il ne réussit pas totalement au niveau de la mise en scène à s'affranchir du coté théatral tout le temps... mais ca reste un excellent film évidemment!!!
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R
Bonjour, ce fim m'a particulièrement touché, très bon billet. Pour moi il fait parti des tops 10 de l'année 2013. Il a reçu pas mal de prix déjà et je pense qu'il sera nommé aux césars, dans quel catégorie on verra bien. Bonne continuation.
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L
Une vraie réussite ce film, je partage ton avis (mas ça, tu le sais déjà!).
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