Baz'art  : Des films, des livres...
26 février 2014

Crying freeman: le beau chant d'amour de Christophe Gans

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 Comme le dit Christophe Gans dans le passionnante interview de presque une heure qui accompagne la nouvelle édition en Blu Ray du film, la sortie de Crying Freeman en 1995 fut surtout un énorme évenement pour ceux qui adoraient à la fois le cinéma de Hong Kong (une cinématographie qui commencait à peine à émerger en France  à cette époque), ainsi qu'également les mangas et les jeux vidéos, tant le film rassemblait ces 3 piliers importants de la culture geek.

Personnellement, étant à cette période, peut-être encore moins que maintenant, très peu interessé par ces trois composantes, je n'avais pas pris la peine d'aller voir le film au cinéma, alors même que j'allais encore plus dans les salles obscures en 1995 que maintenant ( si si c'est possible), et alors même que pas mal de gens autour de moi en disait le plus grand bien.

J'étais persuadé que j'allais vraiment detester ce film, ses scènes interminables de tueries, ces personnages très métaphoriques,  cet univers visuel trop marqué pour moi, et du coup, pendant 20 ans, je n'ai jamais pris la peine de regarder de près ce film, pourtant à ranger du coté des films cultes.

Heureusement, l'opération un DVD contre une chronique de Cinétrafic a été l'occasion d'aller au delà de mes a priori d'il y a 20 ans, et de corriger cette carence puisque j'ai pu voir enfin le film, profitant d'une très belle réédition en Blu Ray (sortie le 10 février dernier et édité par Métropolitan films), et à la fin du film, je me suis dit que j'avais bien fait de le voir maintenant que j'ai plus de distance et de codes cinéphiliques pour l'apprécier.

Car incontestablement, si Crying Freeman est bien un film où la culture manga  (le film est d'ailleurs tiré d'un manga original écrit Ryôichi Ikegami et dessiné par Kazuo Koike à partir de 1986), et la culture Japonaise et Chinoise transparaissent à chaque plan, et où les influences vienent du cinéma d'Hong Kong, de John Woo à Tsui Hark, Ringo Lam, un cinéma que je connais très mal et qui ne me parle pas plus que cela, Crying Freeman possède un troisième paramètre,  qui m'interpelle forcément plus, à savoir une belle romance impossible entre une très jeune fille et une créature frappée d'une malédiction.

En ce sens, Crying Freeman peut-être rapproché de "la Belle et la Bête", le nouveau film de Gans actuellement en salles ( on imagine que la ressortie en Blu Ray de Crying Freeman surfe sur l'actu salles) qui reprend cette même trame romanesque.

Car de ce Crying Freeman il se dégage ici  et là  une réelle poésie qui fait que malgré mes réticences de départ, j'ai vite fini par me laisser  charmer par la sensualité qui transpire de cette histoire d'amour aussi crédible que touchante qui a résonné visiblement pour les protagonistes dans la vraie vie, puisque  les deux acteurs principaux, particulièrement cinégéniques vont tomber amoureux  Julie Condra l'actrice qui joue la jeune Emu,  deviendra d'ailleurs la véritable femme dans la vie de Mark Dacascos, et qu'elle l'est toujours, on l'apprend de la bouche même de l'acteur lors de l'itw présente dans un autre bonus du Blu Ray).

Car si l'histoire d'amour exerce un tel plaisir de fascination,  c'est avant tout parce que le film possède une puissance visuelle assez incroyable et qui reste évidente, et ce, même vingt années après. Le film apparait ainsi comme particulièrement esthétique - et parfois un peu trop esthétisant- : décors, mouvements, look des personnages, rien absolument ne semble être laissé au hasard.

Cependant, Crying freeman possède quand même un coté peu daté dans certains parti pris de sa réalisation et notamment dans  cette profusion de ralentis notamment dans les scènes d'actions semble vraiment obsolète 20 ans après). Mais en même temps, ces excès évident de ralentis correspondent  visiblement, d'après mes recherches, tout  fait à l'esprit des films hongkongais (notamment ceux de John Woo) dont Christophe Gans est un vrai fan et auxquels il rend ici un hommage sincère et dans le film, et dans la longue itw d'une heure qui accompagne le DVD.

"Crying freeman" réussit donc  le tour de force de marier avec un brio évident  la puissance d'un film d'action et de yakuzas orientaux ( pas la partie qui me passionne le plus, vous l'aurez compris, mais que j'ai néanmoins pu suivre sans déplaisir aucun) avec la subtilité et la douceur d'une romance d'un film d'auteur occidental.

Bref une oeuvre un peu datée, mais qui reste importante, tant elle montre avant tout à quel point Christophe Gans est de prime abord un cinéphile plein de référence et qui a souhaité faire un hommage aux genres de cinéma qu'il aime par dessus tout.

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