Baz'art  : Des films, des livres...
1 septembre 2014

Que c'est bon de retrouver nos Zebda tant aimés!!

zebda cdLorsque j'ai commencé ce blog, il y a trois ans et demi, je n'aurais pu imaginer qu'un jour, dans le cadre de ce blog, je serais, mine de rien, en train de dialoguer avec un des membres d'un groupe totalement mythique pour moi...

En effet, figurez vous que jeudi midi dernier, j'ai eu la chance immense de procéder à une interview par téléphone avec Hakim, l'un des membres fondateurs du groupe Zebda, ce groupe emmené par Magyd Cherfi et les frères Amokrane, qui a réveillé la chanson française voilà  désormais 20 ans, et qui incontestableemnt écrit les plus belles lettres de la chanson française des années 90 avec cette alliance parfaite entre rythmes festifs et paroles engagés.

Evidement,  je suis de ceux qui ont tombé leurs chemises des milliers de fois sur les "dance- floors" des années 1990,  mais je n'oubliais jamais que, sous la dimension festive, le groupe en possédait une seconde  plus sociale, plus politique et parvenait parfaitement -  notamment avec  Le Bruit et l'Odeur ou en 1998 avec Je crois que ça va pas être possible (pour les titres les plus connus ) à atteindre ce délicat équilibre entre ces deux composantes, pourtant difficiles à allier sur le papier.

Alors, évidemment, lorsqu'en 2003, j'ai appris que le groupe se séparait pour tenter des carrières solo musicales- et même littéraires pour ce qui concerne Magyd Cherfi ( auteur d'un émouvant et poétique "Livret de Famille") j'étais assez triste; une tristesse seulement épongée par  leur retour il y a deux ans. En effet, ce retour,  après huit années de silence et un nouvel album « Second tour " était forcément vu comme une bénédiction pour les fans de la première heure tant Zebda avait laissé un vide dans la chanson française engagée.

Si cet album "Second Tour" m'avait un poil déçu par rapport à mes attentes, ce n'est absolument pas le cas de leur tout nouvel album, "Comme des Cherokees", sorti lundi dernier, et qui, seulement deux ans après ce "second Tour",  sonne le véritable retour des Zebda qu'on aimait tant.

Cet opus nous démontre- si on en doutait- que le groupe a toujours énormément de choses à dire sur notre société  qui va mal.

Zebda continue d'aborder dans leurs textes des problématiques fortes et profondes (l'intolérance grandissante, l'assimilation-immigration, la standardisation de la société avec la perte des accents, les victimes des marchands de sommeils , le mal être des anciens immigrés qui ne peuvent repartir au pays...), mais le fait toujours sans pathos et sans misérabilisme aucuns, et en cherchant toujours la mélodie la plus entrainante et la plus enjouée possible pour contrebalancer la gravité des thèmes choisis.

zebdaEt puis, franchement, le bonheur c'est que Zebda revient avec une put...d'envie, comme il le claironne dans le premier titre qui ouvre cet album, une envie de faire la fête et de montrer qu'ils sont toujours là, fidèles à leurs convictions et leurs envie d'allier chansons engagées et morceaux qui fait trémousser. L'enthousiasme est plus que jamais de mise chez les Zebda, avec une énergie invariable et une musique qui percute, mais qui ne fait jamais oublier la puissance et la gravité de certains des textes. 

Pour cet album, pour la première fois, le groupe a décidé de s'entourer à la réalisation de Yarol Poupaud, guitariste du fameux groupe F.F.F (Fédération Française de Funk), de la même génération qu'eux et qui apporte une collaboration plus funky à plusieurs morceaux de l'album, apportant un vrai plus et une vraie ouverture au son Zebda.

Témoin ce premier single qu'on a déjà pas mal entendu cet été, ces fameux " Les petits pas», très funky et qui pourrait bien avoir le même potentiel tubesque que l'intersidéral Tomber la chemise». Jugez en plutot avec ce clip eigthies aux couleurs chatoyantes, et une chorégraphie parfaitement huilée. Bref, un morceau festif en diable teinté d'influences funk terriblement prêt à envahir les dance-floor  de France et de Navarre!

Mais évidemment, un album de Zebda ce n'est pas un album de Patrick Sebastien ( heuresement me diriez vous)... Autrement dit, on n'est pas là que pour s'amuser. Et d'ailleurs, comme des Cherokees frappe par son parfait équilibre entre des chansons festives et enjouées  au fond plus léger ( Les petits pas, mais aussi l'essai ou Les morfals, amusante petite attaque contre ceux qui ne peuvent se passer de pain dans un repas)  et des  chansons engagées  disant des  choses importantes de société.

Parmi elles, on notera le magnifique  «Fatou», abordant les victimes des  marchands de sommeil parisiens et les tragédies qui en découlent quand brûlent les hôtels insalubres, notamment celui de l'Opéra il y a quelques années. «Quand on est noir c'est les travaux d'Hercule/Pour trouver une chambre ridicule»,  ou encore les Chibanis, poignant hommage aux Anciens qui par peur de ne pas toucher leur retraites, sont obligés de rester dans cette France qui les tolère à peine ("ils vivent quand tout est fini et meurent sans cérémonie... ce sont les vieux, nos anciens, ce sont les vieux réunis... ce qui nous laisse démunie, le soir quand on se réunit, c'est que l'on a oublié la compagnie des Chibanis").

Cette chanson- dont on reviendra avec Hakim tout à l'heure est joliment mise en images par Rachid Oujdi a partir du film documentaire "Perdus entre deux rives, sur l'histoire de ces Chibanis.

Mais malgré ces deux morceaux plus graves, "Comme des cherokees" touche surtout énormément par sa vision jamais totalement sombre de la société. Les Zebda ont certes perdu quelques illusions  en route au fil des années, le contraire serait évidemment impossible, mais ils continuent de se battre avec force contre les injustices criantes de la société, mais aucune colère ni d'agressivité dans ce constat.

Les Zebda ont juste pris conscience qu'ils ne sont pas les cowboys qu'ils adoraient tant étant petits, mais  bien les  chefs indiens «comme des Cherokees», auprès desquels les belles paroles des cowboys ne prennent plus. «À l'époque, on ne se doutait pas que Géronimo, portait notre souffrance comme un frère jumeau. On ne savait pas qu'on était du même camp. Malheur à nous, on prenait tout pour argent comptant» déclament  les Zebda dans ce magnifique Panneau, sans doute le plus beau morceau de l'album, lorsqu' on s'apercoit comme tout un chacun que les illusions  de gamins se fracassent à la dure réalité de la vie d'adulte.

Bref, "Comme des Cherokees" dégage parfois une certaine amertume  ("c'est dans l'amour qu'on s 'est cassés les dents") mais  sans jamais être nihiliste ni  désesperer de la société, avec toujours l'écriture métophorique et poétique de Magyd Cherfi qui touche bien et juste contre les injustices criantes de la vie.

En résumé, ce nouvel album fait sacrément du bien dans cette rentrée qui débute pourtant pas terrible, un anditote sacrément efficace à la morosité ambiante, sans éluder pour autant celle ci...

Quant à l'itw dont je vous parlais au début de l'article, où est il passé, me diriez vous? Rassurez vous, il arrive sans plus tarder...

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