Baz'art  : Des films, des livres...
16 décembre 2014

Truffaut, 30 ans après : 3 grands livres pour immortaliser sa vie et -surtout- son oeuvre..

 truffautAprès mon long article sur Claude Sautet lié au Festival Lumière, voici que, quelques semaines à peine avant la fin de l'année, et pour évidemment la dernière fois de 2014,  j'ai eu envie de mettre à l'honneur un autre immense cinéaste français, à l'occasion des Trente ans après sa disparition, ainsi que de la rétrospective que consacre la Cinémathèque française à cet immense cinéaste, j'ai nommé évidemment François Truffaut.

Si Michel avait  déjà  eu 'l'occasion de parler longuement e Truffaut  lors de la parution d''un hors série du Monde en mai dernier,  il va de soi que les 30 ans de sa disparition ont donné lieu à énormément de parutions, en plus des différentes rétrospectives sur lu, dont celles de la Cinémathèque de Paris fut bien sur la plus prestigieuse.

Figure phare de la Nouvelle vague et du cercle des Cahiers du cinéma, François Truffaut a produit un cinéma d'auteur archétypal et intime, dans lequel il s'est subtilement dévoilé par le biais de la fiction. De son enfance turbulente, que l'on devine dans son premier film, Les Quatre cents coups, à sa relation étroite au livre et la littérature qui l'amena à adapter de nombreux romans au cinéma, le réalisateur de Jules et Jim et de L'Argent de poche est reconnu par un public large pour un cinéma d'auteur dans lequel perce l'intime. Truffaut donne l'image d'un cinéaste romantique, qui, à l'image de son personnage Antoine Doinel, cherchait à conjuguer une grande sensibilité à une reconnaissance de ses pairs et du plus grand nombre.

François Truffaut est le plus célèbre des réalisateurs Français, il est connu et respecté dans le monde entier par tous les théoriciens du cinéma, et il est normal qu'on en remette une couche sur  celui qui est sans doute  le réalisateur Français le plus important de la fin du siècle dernier, à travers les trois publications les plus passionnantes et les plus comoplètes qu'on a pu lire sur lui  :

 1. François Truffaut,  La cinémathèque française sous la direction de Serge Toubiana

truffaut toubianaCet ouvrage  est en fait le catalogue de l'exposition organisé par le Cinémathèque du  du 8 octobre 2014 au 25 janvier 2015 qui se propose d’approcher au plus près l’univers intime du cinéaste, pour lequel l'écrit et la chose écrite tenaient une place essentielle.

Scénarios annotés, ouvragés, raturés, correspondances, notes manuscrites, carnets se mêlant à des extraits de films, documents audiovisuels, photos ou encore affiches attendent votre visite pour comprendre le génie de l’artiste qui était également un habitué de la Cinémathèque qu’il fréquentait assidument.

L'ouvrage suit donc la lignée de l'expo en puisant  dans les archives personnelles de François Truffaut et propose de parcourir sa vie et son œuvre en revisitant les grands thèmes qui l'ont inspiré : le rapport masculin/féminin, l'Amérique, l'éducation sentimentale, la littérature... 

Cet ouvrage explore l'intimité de la création, et propose de parcourir, à la lumière de jalons biographiques, les grands thèmes qui l'ont inspiré (le rapport masculin / féminin, l'Amérique, l'éducation sentimentale, la littérature, etc.), les mettant en relation avec son travail d'écriture (de scénarios en critique cinématographique, de carnets noircis en facsimilés de correspondance, etc.).

Illustré de photographies de tournages inédites, enrichi de témoignages de ceux qui ont travaillé sur ses films, cette sorte de journal nous guide dans la découverte des facettes moins explorées d'un cinéaste fervent lecteur, admirateur de Balzac comme des auteurs américains, d'un écrivain volcanique et infatigable.

Si François Truffaut s'est dévoilé tout en se cachant derrière ses personnages, cet ouvrage rassemble les indices qu'il nous a laissés, pour mieux rendre hommage à l'une des plus grandes figures du cinéma français.

Photographies de plateau inédites, séquences de films, carnets annotés, livres raturés, listes de travail, plans de tournage sont associés aux témoignages inédits de ceux qui ont travaillé à ses côtés. Ils mettent en lumière, au plus près de l’œuvre, les thématiques clés qui parcourent de bout en bout la filmographie de cette grande figure du cinéma français.

le catalogue de l’exposition, recueil de contributions et de documents coordonné par Serge Toubiana, rend compte avec beaucoup d’attention de l’œuvre du cinéaste en reprenant la mise en valeur inédite des très nombreuses notes de travail opérée par l’exposition.

Cette richesse documentaire permet aussi d’explorer une facette moins connue du public, qu'on retrouvera évidemment dans le troisième livre de ma sélection,  celle d’un fervent lecteur, admirateur de Balzac, Cocteau, Roché ou encore Bradbury, d’un écrivain volcanique et infatigable, entre critique de cinéma, correspondance foisonnante, projets de films et scénarios. Un somme inconsidérable que tout fan de Truffaut se doit de posséder dans sa bibliothèque!!

2. Truffaut & Godard; Arnaud Guigue  (CNRS éditions)

truffaut godardTruffaut et Godard sont tous deux associés à la Nouvelle Vague dont ils restent, dit-on, les plus flamboyants représentants.:Arnaud Guigue, agrégé de philosophie mettre en parallèle leurs deux carrières.

Leurs deux noms résonnent comme ceux des figures tutélaires du cinéma français d'auteur. Ces pères fondateurs de la Nouvelle Vague, critiques de la "qualité française", ressemblent-ils à leur image : l'un, créateur de formes cinématographiques, bénéficiant d'une aura extraordinaire auprès des milieux intellectuels, non commercial, et l'autre, aimé, populaire, sachant raconter des histoires et mettre en scène sans avoir révolutionné le cinéma ? C'est à une brillante analyse que nous invite cet ouvrage à travers toute la cinématographie des deux célèbres réalisateurs. Jouant adroitement de la chronologie de leurs films respectifs, Arnaud Guigue met en évidence leur différence dès le départ. Qu'ont de commun ces films noirs détournés, Tirez sur le pianiste et A bout de souffle ; ou ces films de science-fiction Fahrenheit 451 et Alphaville ?

L'analyse des scénarios, de la direction d'acteurs, de thèmes spécifiques tel celui de l'éducation, et surtout des images approfondit cette confrontation de deux pratiques et de deux visions du monde tout en ajoutant au plaisir de la lecture du cinéphile et de l'amateur. A contre-courant des images toutes faites, un essai revigorant qui est aussi une traversée et une relecture non conformiste de l'histoire du cinéma français.

L'un et l'autre ont toujours dit qu'en dehors de cet amour pour le cinéma, ils n'avaient rien partagé. Tout au long des années 60, l'écart se creuse entre leurs films. Le point de rupture, c'est 1968. Tous deux tournent alors avec le même acteur, Jean-Pierre Léaud, des films radicalement différents : pour Truffaut, c'est Baisers volés, un film assez intemporel, et pour Godard, un manifeste politique interventionniste, Le Gai Savoir.

Si d’emblée l’auteur précise  que : « Ce livre n’est donc aucunement une attaque contre Godard, tout au plus un plaidoyer en faveur de Truffaut » on sent bien de quel coté penche  l'auteur aime particulièrement Truffaut et se montre prêt à le défendre bec et ongles pourfendant jusqu’aux limites de la mauvaise foi.

  L’ouvrage s’articule autour de « duels » ou un film est comparé à un autre ( A bout de souffle et Tirez sur le pianiste.Bande à part contre Jules et Jim, Alphaville contre Fahrenheit 51...) et on voit bien qu'entre Godar et Truffaut, l'auteur a clairement choisi son camp... Partial mais néanmoins pasisonnant

 3.  François Truffaut au travail ; Carole Le Berre ( Cahiers du Cinéma)

francois_truffaut_au_travail_broche_couverture-f537eParmi l’abondante littérature consacrée à François Truffaut, il m'a semblé bienvenu de cloturer sur  l’ unique ouvrage se proposant d'analyser sa méthode de travail à partir de ses archives.

L’investigation patiente de l’intégralité d’une documentation de travail inespérée permet à Carole Le Berre d’accéder comme rarement à l’univers et au processus de création d’un cinéaste. Il faut dire que Carole Le Berre n'est pas n'importe qui puisqu'elle se pose comme spécialiste de l’œuvre de François Truffaut. Ses recherches approfondies dans les archives du cinéastes l’ont conduite à publier un essai sur Truffaut (Cahiers du cinéma), ainsi qu’un ouvrage sur Jules et Jim.

Après une première parution il y a quelques années, la réédition de l'ouvrage Truffaut au travail aux Editions des Cahiers du Cinéma, relate avec une précision d’orfèvre le travail de création du cinéaste, film après film, depuis son premier court-métrage, Une visite, jusqu'à Vivement dimanche, son dernier film, sorti quelques mois avant sa mort.

Cinéaste du romanesque, Truffaut a beaucoup écrit, annoté, archivé et collectionné, conservant avec la plus grande attention aussi bien des textes de référence que des articles mineurs.

Parce que Truffaut écrivait beaucoup, couvrait ses scénarios de remarques manuscrites, qu’il avait la passion de tout conserver, le lecteur peut assister, comme en catimini, au mouvement même de l’élaboration de l’œuvre.

L’organisation de l’ouvrage est chronologique et chaque chapitre aborde un film sous un angle mettant en valeur un aspect de la méthode de Truffaut. Une abondante iconographie enrichit le propos de l’auteur et de nombreux documents inédits sont ici reproduits, désormais accessibles aux amateurs des films de Truffaut.

«Je considère que je dois ma liberté de création à la fidélité du public américain, japonais, ou scandinave», a ainsi reconnu Truffaut. C’est aussi un lieu d’attache, un bureau où il pouvait se retrancher, collecter et conserver ses archives, recevoir ses amis et collaborateurs.

Très bien illustré (photos de tournage, extraits de films, scripts annotés), cet ouvrage peut être vue comme un somme, une référence de tout admirateur de l’œuvre du cinéaste qui aurait envie d'observer un esprit créatif en marche.

 

Commentaires
P
Merci beaucoup filou pour cette triple chronique. Je me demandais ce que valait ces livres, impossible de les feuilleter chez mon libraire car ils étaient sous cello. Grâce à toi je sais que ma CB risque de chauffer encore un peu dans les prochaines semaines ;)
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