Baz'art  : Des films, des livres...
11 novembre 2015

Trois beaux romans féminins d'apprentissage

  Hasard des lectures,   on a lu dernièrement  plusieurs romans d'apprentissages écrit par des plumes féminines qui nous replongent dans des enfances difficiles mais salvatrices:.

 1.Place colette, Nathalie Rheims

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 Présentation : 

 A l’âge de 9 ans, la narratrice de Place Colette est victime d’une erreur de diagnostic qui la cloue sur un lit d’hôpital, le corps prisonnier d’une coquille de plâtre. Au terme de trois années de calvaire, un professeur finit par découvrir la véritable maladie ; il l’opère et la sauve. La jeune fille a passé ce temps immobile à découvrir la littérature et les textes classiques. Elle voue une passion sans limite au théâtre. Revenue à la vie, elle tourne autour de la Comédie-Française et de la place Colette. Le jour de ses 13 ans, elle entre dans la loge d’un comédien dont elle est tombée amoureuse. Bien qu’il ait trente ans de plus qu’elle, elle lui propose de devenir son cadeau d’anniversaire. 

Ce roman, qui aurait pu s’intituler Détournement de majeur, est l’histoire d’une double initiation, à l’amour charnel et à la passion du théâtre. Écrit à la première personne, il est pourtant aux antipodes de ce que l’on qualifie d’autofiction : le mensonge enveloppé dans une rhétorique de vérité. C’est un « roman-vrai », où l’auteur se cherche et finit par faire tomber le masque.

 Extrait  :

Le seul mot d’anniversaire, ma tenue provocatrice, tout le renvoyait à ce qui lui interdisait de me désirer, à ce qui l’empêchait même d’imaginer qu’il pourrait m’aimer. Ce fut la seule et unique phrase que je parvins à prononcer. J’aurais eu envie d’ajouter, pour détendre l’atmosphère : « Au secours, Phèdre, au secours ! » mais je trouvai que j’en avais assez dit comme ça et restai muette, attendant sa réplique. « Ah oui » fut sa réponse, puis, me regardant droit dans les yeux : — Et qu’est-ce qui te ferait plaisir, pour un si grand jour ? — Que vous m’embrassiez.

 Notre avis :

Nathalie Rheims, romancière célèbre qui a notamment été la dernière compagne de Claude Berri revient dans son livre sur son enfance, entre l'âge de 9 ans et celui de 13 ans, où deux évènements à la fois différents et étroitement liés vont surgir, une maladie très handicapante et très longue qui va provoquer une passion pour les grands textes, et une rencontre avec une comédienne qui va provoquer une passion non plus littéraire mais amoureuse.

Portrait d'une double initiation, à l'amour charnel et à la passion du théâtre, Place colette n'est pas ce qu'on peut qualifier d'autofiction, car cet'éveil d'une passion amoureuse et artistique est joliment dépeint, malgré la gene qu'on peut ressentir à la lecture de cette histoire d'amour entre une très jeune fille et un homme beaucoup plus âge qui la manipule et joue avec ses sentiments.

 Place Colette en  quelques scènes, charnelles mais dépeintes avec beaucoup de sobriété, de tact et parfois quand même un brin  d'emphase «Dans ce gigantesque théâtre dominait la couleur de la passion: rouge sang.» est un beau roman d'enfance écrit avec force et simplicité.

  2. La Madeleine Proust, une vie, Lola Sémonin

 

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 Présentation :

 Ma drôle de guerre est  le deuxième volume d'une fresque romanesque qui commence en 1925 (Quand j'étais p'tite) où la voix de la Madeleine, haute en couleur, se fait entendre sous la plume sensible, fouillée et généreuse de Lola Sémonin. Une description à l'os des conditions de vie à cette époque dans le milieu paysan, la force de la pensée républicaine, l'omniprésence de l'Eglise, la dure condition des femmes, un état des lieux de la France très documenté. Et bien sûr, un texte parsemé d'humour.

La Madeleine a 14 ans quand les soldats mobilisés viennent s'installer dans les fermes qui longent la frontière suisse du Haut-Doubs. Ils bousculent et parfois enchantent la vie réglée comme une horloge de cette famille, jusqu'à la débâcle en juin 40. Le flux des réfugiés, décrit avec un réalisme poignant, entre en résonance avec les évènements d'aujourd'hui.
Ces images à la Courbet et ces dialogues truculents révèlent un véritable écrivain.

 Extrait : 

Cet été-là, on a fauché et rentré cinquante charrettes de foin sous un soleil cuisant. Et on a commencé la moisson du blé par grand beau. À la tombée de la nuit, les charrettes pleines à ras bords et tirées par les chevaux comtois se suivaient à la queue leu leu sur les chemins qui mènent dans les hameaux, au-dessus du village des Gras.
On était toute une floppée à revenir des champs, saoulés de chaleur, la peau brûlée, le corps fourbu mais le coeur joyeux. Le sang bouillonnait dans nos veines. On avait toute la vie devant nous.C
On chantait à tue-tête « Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ? » et on n'entendait pas le bruit des bottes des nazis qui écrasaient la Pologne.

  Mon avis  :

 

 Ce livre à été écrit par l'humoriste qui a porté le personnage de la Madeleine Proust sur scène. deuxième volume d'une fresque romanesque qui commence en 1925 (Quand j'étais p'tite) où la voix de la Madeleine, haute en couleur, se fait entendre sous la plume sensible, fouillée et généreuse de Lola Sémonin.  On devine ainsi, grâce àun beau travail documentaire, les difficiles conditions de vie à cette époque dans le milieu paysan, et notamment  la dure condition féminine.

On sent au travers de cette belle écriture la grande tendresse que l'auteur, même cachée derrière son personnage, a  pour le monde paysan.

Un regard tout en humour, sensibilité et en humanité.

  3. Une enfance de rêve, Catherine Millet

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Présentation :

Après avoir traité avec éclat (et succès) de ses libertinages (La Vie sexuelle de Catherine M., Seuil, 2001) et de ses jalousies (Jour de souffrance, 2008), la fondatrice et directrice d'Art Press livre le récit très cérébral et impressionnant de lucidité de son enfance dans les années 1950. Loin de la vie de château, c'est dans un petit appartement de Bois-Colombes, en banlieue parisienne, que niche la famille de l'auteur. Un quotidien rythmé par les mésententes entre le père, Louis, marchand de voitures, et la mère, Suzanne, sténodactylo. Bizarrement, Catherine, bonne élève excentrique, sort renforcée de cet "enfer familial" qu'elle trahira bientôt en se hissant, telle une Annie Ernaux, dans la classe sociale supérieure.  

Extrait :

L’enfer, comme le paradis, c’est pour l’éternité, et les enfants qui n’ont pas encore éprouvé les souffrances et les pertes engendrées par le temps qui passe ne doutent pas que le temps puisse passer sans jamais s’arrêter, ils ont confiance dans la promesse d’éternité, et peu importe qu’elle se situe dans un espace qu’on appelle l’au-delà. C’est à peine s’ils s’enquièrent du détail de ce qui fait les délices du paradis et les supplices de l’enfer.

Notre avis :

Catherine Millet est malheureusement trop souvent ramenée à son livre " la vie sexuelle de Cahterine M " qui avait fait jazzer au début des années 2000, or c'est une romancère sensible qui parvient souvent à rendre simple des  situations et des problématiques n peu complexes.

Dans ce livre qui retrace une enfance à priori banale, dans la France des prétendues trente glorieuses pas aussi révée que le titre le laisserait supposer, on apprend combien l'écriture a été très tôt le fondement primordial de son existence

Reconstruction à la fois minutieuse et légendaire des souvenirs d'enfance, on pense à Annie Eernault ou Jean Rouaut,  accessible, et humaniste, et à l'écriture bien moins plate et simple que ce qu'on pourrait penser de prime abord.  

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