Les échauffements liés au palmarès passé, on abandonne un peu les films présentés lors du dernier Festival de Cannes.- on y reviendra largement dans les jours et semaines à venir, pour revenir sur un film sorti le mois dernier, mais qui fait partie des (rares) bonnes surprises d'un cinéma français populaire et accessible avec "Tout pour être heureux", une comédie familiale avec Manu Payet et Audrey Lamy....
Adapté du roman de Xavier de Moulins, "Un coup à prendre", "Tout pour être heureux " (le titre du film prête moins à confusion :o) est le second long métrage de Cyril Gelblat dont le premier film "Les Murs porteurs " traitait déjà des thématiques de la transmission, de la place que l’on a au sein de sa famille et du rapport parents-enfants.
Cette chronique d'une séparation est finement racontée, avec des dialogues justes et souvent amusants de la vie quotidienne, de personnages profondément humain, jamais caricaturaux donnant des scènes souvent touchantes marquée par le jeu naturel et maîtrisé des acteurs.
"Tout pour être heureux " se propose d'étudier sans prétention mais avec finesse, les conséquences d'une séparation dans ce qu'elle oblige chacun des membres du couple à prendre ses responsabilités par rapport aux relations avec les enfants, un sujet finalement rarement abordé sous cet angle.
On s'identifie facilement à ces êtres humains plein de failles, qui courent après le temps ou au temps qui poursuit cette famille, à ce duo qui a le plus grand mal à communiquer.
Résultat, on a affaire à une jolie comédie moins convenue qu'on aurait penser de prime abord avec le pitch et les comédiens présents à l'affiche. Et Manu Payet, au jeu parfois limité, étonne ainsi dans le rôle d'un adulescent qui va réussir à assumer progressivement son statut de paternel.
Sincère et nuancé, Manu Payet est une des bonnes surprises de cette chronique douce amère, savant dosage toujours difficile à trouver entre rires et émotions, pleine de tendresse et de sensibilité, et surtout moins délibérement comique et stéréotypée qu'annoncée.
Et l'autre belle surprise du film, c'est incontestablement Joe Bel qui est à la fois une des actrices et la compositrice de la bande originale d'un film qui se passe dans le milieu de la musique- Manu Payet joue un ancien batteur manageur d'un groupe de pop dont Joe est la chanteuse.
Joe Bel , je vous en avais déjà parlé l'an passé, tant cette artiste- lyonnaise de surcroit- qui a fait une entrée remarquée sur la scène soul/folk avec son premier EP acoustique "In The City" en 2014 puis ce second EP "Hit The Roads", a délivré sept compositions sur les quinze titres de cet album- dont certains titres étaient présents dans cet EP.
On aime toujours autant son style épuré, acoustique, et une voix profonde, qui s'enrichit de basses vibrantes, de rythmes intenses et de pianos inspirés et habités.
En écoutant la soul folk et envoûtante de Joe Bel, on se laisse totalement sous le charme de cette musique sensible et envoutante, qui laisse à la fois percer une vraie fragilité mais une vraie assurance en filigrane. Et celle qui est un peu notre Norah jones francaise nous le prouve avec son tube tout son talent :
Bref, une artiste terriblement charismatique, comme sa reprise du salut les amoureux de Joe Dassin, qu'on entend à la toute fin du film (ah, on spoile un peu le dénouement là :o)- donne une vraie profondeur et une belle mélancolie au long métrage de Cyril Gelblat.
( ahah en effet, " Un coup à prendre" n'est pê pas le titre le plus heureux qui soit ^^)