Baz'art  : Des films, des livres...
28 septembre 2016

Trois belles curiosités de la rentrée littéraire 2016..

  Un roman chinois, un allemand et un du Zimbabwe : et si, alors que les romans français pourtant très médiatisés déçoivent un peu, les vraies perles de la rentrée littéraire de 2016 nous provenaient de plus ou moins lointaines contrées dont les littératures ne sont pas toujours reconnues par les médias, les libraires et le grand public à leur juste valeur?

La réponse en trois chroniques  dont on parle de suite : 

chen

1. Il était une fois l’inspecteur Chen  ;  Qiu Xiaolong ( edition Liana Levi)

« Chen ne se réjouissait guère de sa potentielle promotion au sein de la police. Il avait du mal à traduire mentalement le proverbe chinois : La mante religieuse qui veut attraper  la cigale ne voit pas l’oiseau jaune qui guette derrière, qui lui-même ne voit pas le dangereux lance pierre dans la main du garçon…Il commençait à comprendre qu’il n’était pas facile pour un flic de naviguer sur les eaux troubles de la nouvelle société. Peut-être aurait-il mieux fait de se consacrer à sa carrière littéraire… »

On a connu Hercule  Poirot, détective Belge et anglophile, Jean-Baptiste Adamsberg, inspecteur parisien pelleteux de nuages, Harry Bosh, flic désabusé dans la cité des Anges, Luther l’inspecteur insomniaque des bords de la Tamise et tant d’autres, il faut compter depuis quelques années avec l’inspecteur poète Chen Cao de Shangaï.

Depuis « Mort d’une héroïne rouge » en 2001, il est le héros récurrent de plusieurs enquêtes dans une société chinoise moderne gangrénée par l’argent.

Dans son dernier ouvrage, Qui Xiaolong à la très bonne idée de nous raconter la première enquête  de Chen, un préquel comme l’a fait Arnaldur Indridason pour son inspecteur Erlandur.

 Chen Cao n’est qu’un jeune intellectuel qui fait ses premiers pas  dans un commissariat de quartier. La Cité de la Poussière Rouge devient un décor formidable pour raconter la Chine qui s’éveille. L’intrigue policière  n’est plus qu’un prétexte, Chen, plus poète que flic va replonger dans l’histoire de son pays, une histoire qui va raisonner douloureusement avec la propre histoire de ses parents.

Qiu Xiaolong et sa famille ont vécu de plein fouet la révolution culturelle, son père, petit industriel, dut faire son autocritique et recommencer sa vie au bas de l’échelle sociale. Il nous raconte la peur, les privations, la crainte de l’autre et la corruption qui gangrénait le système. Il nous questionne aussi : comment en Europe à cette époque avons-nous pu être Maoïste ? Un livre nécessaire.

 A noter que Quais du Polar  propose une rencontre avec Qiu Xialong le 10 octobre  à Lyon- Espace Culturel Saint Hélène.

2. Le noyau blanc; Christoph Hein ( ed Metaillie)

Le-Noyau-blanc

"Krupfer l'écoeure. Non il ne veut pas devenir un Manfred Krupfer, il ne veut pas tomber si bas dans la vulgarité.Lorsque les deux hommes se croisent, ils ne s'adressent quasiment pas la parole. Pendant un instant ils se regardent et un petit nuage de joie malsaine et poisseuse éclate au dessus d'eux et les éclabousse tous les deux."

 Vous vous intéressez à l’argent mais vous n’en avez pas, ou plutôt pas assez pour les critères de votre classe sociale et de votre profession, et vous n’en souffriez pas jusqu’à ce qu’on vous le fasse remarquer, parce que vous étiez passionné par vos recherches littéraires.

Rudiger, le héros du Noyau Blanc le dernier roman de  Christoph Hein, aussi. Mais si  notre héros  semble un peu patauger dnas la semoule le livre, marche  plutôt bien puisqu'il est s' retrouve ce mois-ci sur la premiere sélection du prix Médicis étranger.

Il faut dire aussi que Christoph Hein  n'est pas le premier perdrau venu: c'est même un prolifique romancier allemand, qui a vécu d’abord en Allemagne de l’Est et de divers métiers avant de se consacrer à l’écriture. Il a déjà publié une vingtaine de pièces de théâtre et une dizaine de romans est un auteur méticuleux et sobre, avec un beau souci du détail et de l'analyse psychologique.

Ce portrait parfaitement maîtrisé  de ce Rüdiger Stolzenburg , un homme assez médiocre et  peu reluisant aux prises avec un monde désenchanté, et  mal à l’aise avec les règles d’une société dans laquelle chacun est en concurrence avec tous pour conquérir sa place au soleil, est l’éternel perdant de ce nouvel ordre du monde peut aussi déconcerter par son caractère caustique et une vision incontestablement pessimiste,  dans une société, on peut le déplorer,  ­obnubilée par l’argent. 

 3. Le livre de  Memory Petina Gappah, JC Lattes 

livre memory

"Mes souvenirs ne sont pas ceux des festins passés, sauf si vous comptez les fêtes d'anniversaires que ma mère a organisées pour nous. Le jour où ma mère et mon père m'ont venus à Llyod est le jour où nos sorts respectifs, le sien et le mien sont entrés en collision pour former finalement le fil qui m'a conduite jusqu'ici, dans une cellule de la prison de Chikurubi."

Le Livre de Memory nous plonge dans l’Afrique contemporaine,  et dans un pays le  Zimbabwe  qu’on connait finalement tous assez mal.

Sous la plume de Petina Gappah, Le livre de Memory  nous montre un  Zimbabwe dont l’auteure est originaire authentique et émouvant, forcément aux antipodes de notre monde

Memory est la seule femme enfermée dans le couloir de la mort à Chikurubi. Grâce à une journaliste américaine qui s’intéresse à son cas, elle peut désormais raconter sa vie, écrire pour sa défense ce qui deviendra le livre de Memory : son enfance dans un township de Harare puis son arrivée chez Lloyd Hendricks, cet universitaire blanc qu’elle est accusée d’avoir tué.

Grâce à de constants allers-retours narratifs, elle décrit également son quotidien en prison, parmi les prostituées et les infanticides. Sauf que Memory n’est pas une femme comme les autres : elle est albinos, ce qui lui a valu toute sa vie d’être mise à l’écart.

L’auteur utilise pas mal de mots issus du vocabulaire local  qui confère une vraie sincérité et une belle musicalité au texte  et réussit à nous peindre un contexte idéologique  plein de complexité, qui reste à la fois encore fortement ancré par  le colonialisme, mais  dans lequel les traditions restent vives.

Avec ce premier roman percutant et intense, Petina Gappah nous fait toucher du doigt la complexité et la réalité de son pays. Elle donne voix à un personnage riche et touffu qui porte la narration avec vivacité et émotion.

Roman à la fois classique dans sa trame et singulier par son décor, et surtout qui nous apprend pas mal de choses sur ce pays mal connu par les occidentaux, ce  livre de Memory est assurément une des  bonnes surprises de la rentrée littéraire, chez JC Lattès....

 

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