Vendeur, Gilbert Melki et Pio Marmai en pleine cuisine interne..
Vendeur- sorti en DVD le 7 septembre dernier chez BAC Films- est le premier long métrage de Sylvain Desclous, sur un scénario qu’il a écrit avec Olivier Lorelle ( notamment crédité au scénario d’Indigènes, réalisé par Rachid Bouchareb en 2006)
Pour son premier film, Sylvain Desclous nous plonge dans un univers pas forcément très cinématographique de prime abord mais qui a justement l'avantage d'avoir été jusque là assez peu traité, à savoir les vendeurs de cuisine équipés,'une profession impitoyable où le chiffre et le devoir de performance comptent finalement bien plus que les relations humaines.
A travers la relation entre Serge, un vendeur particulièrement experimenté, arrogant, et connaissant toutes les ficelles du métier et Gérald son fils, un trentenaire désargenté contraint de travailler avec son père qui va lui apprendre malgré lui les rouages du milieu, le scénario dévoile avec pas mal de finesse et de justesse les différentes facettes de la profession, tout autant l'adrédaline et la fierté carnassière liée à la conclusion d'un beau contrat, ainsi que les vices et ruses qu’il impliquent et les nombreux sacrifices personnels auxquels il conduit.
Les scènes de vente, qui se déroulent dans des zones commerciales froides et peu accueillantes, sont accompagnées d’une musique à la batterie dominante qui en accentue encore le rythme afin d' illustrer parfaitement cette soif insatiable de pouvoir et de réussite, cette soif qui va peu à peu abandonner Serge alors qu'elle va commencer à gagner Gérald, au grand détriment de son paternel qui se désole de voir son fils prendre le même chemin que lui.
Mais au delà de l’histoire d'une chronique sociale de la dure loi du marché et dans laquelle un homme perd de vue sa motivation et sa vie en cours de route, Vendeur est aussi et sans doute avant tout une histoire de filiation entre un père et un fils qui ont du mal à communiquer .
Et dans le rôle de ce père et de ce fils, Pio Marmai et Gilbert Melki sont impeccables, le second surtout - rare ces dernières années sur grand écran- formidable de charisme et poignant lorsqu'il prend conscience qu’il est passé, sans s’arrêter, à côté de choses plus importantes dans sa vie que sa réussite professionnelle.
La trame - un père et un fils qui apprennent à se connaitre- est certes classique, mais le contexte , la justesse des situations et l'interprétation font de ce "Vendeur " une belle réussite qui donne envie de surveiller avec un bel intérêt les prochains projets du cinéaste.
Bande annonce Vendeur VF
Dans les bonus, deux courts-métrages de Sylvain Desclous réunis dans une même édition, et qui comme le long métrage mettent en avant les relations familiales et distendues.
- Mon héros (court-métrage de 30 min)
- Le monde à l’envers (court-métrage de 37 min)
- Entretien avec Sylvain Desclous. qui a connu l'experience de VRP dans sa jeunesse, une experience qui a alimenté ce premier long..