« Simon ne parvient pas à se détacher de cette vision d’accouplement jupitérien et pourtant il le faut. Mais il a des scrupules à interrompre cette magnifique séance de baise. Au prix d’un violent effort de volonté, son instinct de conservation lui fait balayer le rayonnage où s’entassent les livres de Duras qu’il projette par terre. »
Le point de départ de ce roman de Laurent Binet, Prix Interalié 2015 et qui est sorti au Livre de Poche à la rentrée 2016- lu dans le cadre de la sélection du livre de poche de la rentrée 2016- après un beau succès grand format lors de la dernière rentrée littéraire est bien la mort de l’illustre sémiologue Roland Barthes l’auteur de Fragments d’un discours amoureux- que tous les comédiens de France disent avoir comme livre de chevet-
Celui-ci a été renversé par une camionnette de blanchisserie le 25 février 1980 Mais cet accident en était-il vraiment un?
De ce doute que beaucoup d'observateurs ont ressenti à l'époque, Laurent Binet- auteur d'un livre étonnant sur François Hollande- imagine une enquête policière menée par un certain inspecteur Bayard ancien de la guerre d’Algérie qui s’adjoint les services de Simon jeune universitaire de Vincennes pour mener l’enquête.
Un thriller déjanté, assez déroutant, qui s’évertue pendant de (trop ?) nombreuses pages à tenter d’expliquer des théories particulièrement pointues et érudites- on est chez Roland Barthes, pas Fabien Barthes sur le langage et la sémiologie..
On ne comprend pas tout, on s’instruit parfois, on s’agace même aussi devant certaines digressions et on a une certaine nostalgie sur cette époque si particulière parmi laquelle la France avait les plus grands penseurs du monde, Barthes, mais aussi Deruda, Deleuze ou Foucault..
Certaines scènes éveillent particulièrement l’attention- comme celle qui se déroule dans les bains douches en compagnie de Foucault et de son gigolo, une scène qui avait beaucoup choqué Yann Moix sur le plateau d’on n’est pas couché- d’autres ennuient voire indiffèrent un peu plus.
L’ensemble, qui dépasse hélas rarement le simple exercice de style , restera pour le moins original et inattendu et surtout met en valeur la langue et le langage d’une fort belle façon….