Révélation des lettres américaines- qui habite actuellement en Afrique du Sud, Steven Boykey Sidley a livré en 2016 en France deux romans publié chez Belfond qui mettent en avant son humour dévastateur et sa belle émotion, entre sens de l'absurde et réflexions métaphysiques.
Grand provocateur devant l'éternel, son univers oscille entre un Philip Roth et un Woody Allen en plus contemporain..
Steven Boykey Sidley explore avec talent la crise de la quarantaine, le tout est traité avec humour, distance, profondeur existentielle , des ingrédients que ne renieraient pas les génies pré- cités.
Le premier de ces romans paru en France:” Meyer et la catastrophe” était très bon et c’est dans la foulée que Belfond a décidé de publier un de ces romans écrits avant, Borowitz broie du noir
Cet auteur mérite assurément qu’on le suive. comme les deux chroniques de ces romans l'illustrent parfaitement :.
1. Meyer et la catastrophe
Meyer est angoissé. Mais ' en même temps, cette angoisse n'est elle pas "la seule réaction saine que l'on puisse avoir face au monde qui nous entoure?".
C'est vrai quoi, il possède un bon job, concepteur de logiciels, mais un patron odieux. Divorcé deux fois, deux enfants, il partage la vie d'une jeune femme mais sans enthousiasme. Saxophoniste, il ne fait que des petits concerts de quartier.
Son angoisse se verra plus que justifiée puisque de grands malheurs s'abattront sur lui. Ce livre est parsemé de remarques fort intéressantes sur le monde dans lequel nous vivons .
" Il y a des gens qui mènent une existence construite à la manière d'une superbe tapisserie ", ce qui ne semble pas etre le cas de notre héros qui, résigné, finira par danser sur "ses amours, ses vies, ses pertes, ses héritages" nous l'accompagnons tout le long du livre, car il ressemble à beaucoup d'entre nous.
SH
2.Borowitz broie du noir
« Laissons l’évolution décider, se dit-il, laissons la faculté d’adaptation et l’ingéniosité arbitrer. Á supposer que les adeptes de l’Occident l’emportent, nous pourrons féliciter notre civilisation supérieure. Mais si, en face, les autres acquièrent la bombe et nous tuent tous dans une joyeuse bacchanale de ferveur religieuse, alors, qu’il en soit ainsi. Ni le bien ni le mal ne l’emporteront, seulement les blattes qui vaquent à leurs affaires en ricanant. »
Jared Borowitz, quadragénaire de belle vitalité, professeur d’université reconnu par ses pairs et aimé de ses élèves est un intellectuel juif très sûr de lui qui doute tout le temps. Est-ce la crise de milieu de vie ?
Cette semaine Borowitz broie du noir, mais pas que. Cette semaine Borowitz fait un drôle de discours à l’Université, Borowitz dine avec un ami d’enfance et sa nouvelle girl-friend, Borowitz rend visite à son vieux professeur mourant, Borowitz fait le coup de poing dans le métro, Borowitz découvre que son ex-femme est devenue lesbienne, Borowitz déjeune chez sa vieille mère juive possessive et aimante, alors pour se remettre d’une semaine éprouvante Borowitz part en weekend à la montagne avec sa compagne et des amis, un weekend décisif qui pourrait bien mettre à mal les certitudes de Borowitz.
Une question, cher professeur : « Un psychopathe, doublé d’un sociopathe peut-il décrocher un master de Philosophie ? »
Comme dans son précèdent roman: « Meyer et la catastrophe » Steven Boykey Sidley explore avec talent la crise de la quarantaine.
Humour, distance, profondeur existentielle et un virage bien négocié du côté du thriller rural. Ou quand Woody Allen rencontre Sam Peckinpah.
MD