Cinq excellentes lectures poches pour bien commencer le mois de février
Vendredi, c'est le jour de la lecture d'après le bien connu site de Vendredi Lecture et nous avons donc ressorti nos 5 meilleures lectures en poche parmi les récentes parutions de fin 2016/ début 2017 idéales pour les prochaines vacances de février qui s'annoncent dès ce soir pour les parisiens et dans 15 jours pour nous les lyonnais:
1.Un an après, Anne Wiazemsky ( Folio )
« Notre séparation définitive prit plus d'un an, presque deux. Cela fut extrêmement douloureux pour lui comme pour moi, même si l'initiative semble me revenir. La fin malheureuse de notre histoire devint banale et privée, je cessai d'être un témoin privilégié de l'époque. Je ne l'écrirai pas".
On avait beaucoup parlé d'Anne Wiazemsky au moment de la sortie de son livre Une année studieuse dans lequel elle racontait, comment alors jeune actrice, petite fille de François Mauriac, elle avait rencontré puis tourné avec Godard qui allait devenir son futur époux.
Un an après commence là ou une année studieuse se termine. , Anne Wiazemski, 20, et quelques rôles prestigieux déjà derrière elle, chez Bresson (Au hasard Balthazar) ou chez son mari (La Chinoise). Cet second- et dernier, au vu de la citation que j'ai mis en exergue et qui clot le livre, raconte Mai 68 et la moitié de 1969 alors que le couple vient d'emménager dans un appartement du Quartier Latin.
Voici donc de la même époque que dans le roman de Chantal Pelletier, mais ce coup ci du coté des nantis et des célébrités. Nous partageons la vie trépidante et les rencontres incroyables qu'Anne peut faire, avec Deleuze, Brel, les Beatles Truffaut, ou encore le trs à la mode Cohn Bendit, aussi grand ami d'Anne W...
L'auteur nous décrit un Godard fidèle à l'image qu'on peut se faire de lui : extremement cérébral et torturé, colérique, exigeant, possessif et aussi profondément amoureux, malgré les différences de points de vues et d'âge entre les deux membres du couple.
Malgré un intérêt certain pour le sujet et cette époque, et une vraie admiration devant la précision et la justesse des souvenirs de l'auteur presque 50 ans après on peut être un peu agacé par le coté un peu trop tourné sur elle même de l'auteur, ses préoccupations de jeune bourgeoise privilégiée et la frivolité de certains des passages. Interessant mais aussi un peu vain, ce livre est à réserver aux fans de Godard et de ce cinéma de l'époque...
2.Marina Belleza, Silvia Avallone ( J'ai Lu)
" Marina s'en fichait un peu, de savoir ce que l'Italie allait devenir. Si on lui demandait le nom de l'actuel Président de la République,elle n'aurait pas su répondre.Elle prendrait ce qui restait à prendre, en se moquant de tous et de tout."
Je n’avais rien lu de Silvia Avallone auparavant, et j’ai plongé dans ce roman par curiosité pour la littérature italienne que je connais, somme toute, assez peu.
Si, au départ, les descriptions géographiques de cette région du Piémont peuvent un peu embrouiller pour suivre le cours de la narration, j’ai vite fini par adopter ces montagnes et ces petites villes et villages accrochés à leurs flancs. Premier pari réussi, donc, d’autant plus que la note de l’auteur à la fin du livre montre bien son réel souhait de parler de cette région qui lui tient à cœur car ancrée dans son histoire familiale.
Ensuite, cette histoire d’amour entre une starlette et un fils d’avocat m’a intriguée. Le personnage de Marina est terriblement agaçant tout au long du livre, parfois un peu trop caricatural en starlette capricieuse au passé difficile. Le personnage d’Andrea m’a semblé beaucoup plus réaliste et plus profond, plus attachant aussi.
Et puis me voilà embringuée dans cette relation amoureuse compliquée, tordue, peut-être impossible et je me suis justement laissée prendre au jeu de l’intrigue : comment tout cela allait donc finir ? L’auteur sème non pas des indices, mais des pistes, des options de fin, au fil des pages : mais j’ai beau être devenue un fin limier à force de lire des polars, je ne pas réussi à deviner la scène finale. Deuxième pari réussi.
Ce n’est finalement pas tant l’ancrage de ce roman dans une Italie en crise (un point important pour l’auteur) qui m’a le plus marquée, mais bel et bien cet imbroglio amoureux et les relations des deux protagonistes avec leur famille respective, ces vieilles casseroles que l’on traîne tous, plus ou moins ou, comme l’exprime si bien mon expression fétiche, “des rats crevés sous le tapis” que l’on finit par découvrir un jour ou l’autre.
Certes, Marina Bellezza n’est pas le roman de l’année, mais l’écriture, savoureuse et intrigante, donne irrésistiblement envie de le dévorer. Pari amplement gagné !
3. Soeurs de Misericorde ; Colombe Schneck ( J'ai lu)
"Et cette femme qui vient chez elle depuis deux ans, trois fois par semaine, faire le ménage, à qui elle donne ses vieux vêtements, cette Amérindienne quechua, élevée dans un minuscule village par une mère analphabète, Azul, son diplôme de secrétariat et se robe colorées, jaune citron, orange flamboyant, vert acide, ongles mauves irisés, le corps rond, ses jambes solides, s’exprimant dans un italien incertain mélangé à de l’espagnol, lui demande à elle, ancienne étudiante en architecture d’intérieur à l’université de Milan, prenant soin de s’habiller en blanc, beige et noir, égoïste, habitant un pays riche : « Est-ce que je vous ai assez donné ? » Comment est-ce possible de poser une question pareille, se demande Ingrid. »
Chaque matin, Azul, très tôt, prend le RER D pour se rendre rue de L’Assomption dans le très chic XVI arrondissement de Paris. Chaque matin elle craint d’être en retard pour le déjeuner des petites, Madame Isabelle compte sur elle. Il y a plus de dix ans que Azul a quitté Moïse son mari et ses deux enfants Miguel et Alondra, elle a quitté Chuqui-Chuqui ce petit village de Bolivie pour faire vivre sa famille. Elle a quitté sa maison, ses amis, ses enfants pour s’occuper de la maison et des enfants des autres. De rencontres en rencontres avec un optimisme et une force de vie incroyable, Azul, déracinée, va réussir sa vie et faire le bonheur autour d’elle.
Quelle belle histoire que voilà : dans ces Soeurs de Miséricorde, Colombe Schneck donne la parole à une invisible, une de ses femmes que l’on croise dans les beaux quartiers, tirant un cabas rempli de victuailles ou promenant des enfants, blonds et bien nourris, dans les squares. Ces femmes qui font partie du décor Haussmannien. On suit l’histoire d’Azul, son enfance, ses débuts dans la vie adulte en Bolivie, un pays touché par la crise économique et une crise politique grave.
Son arrivée en Europe, à Rome puis à Paris au couvent des sœurs de Marie-Immaculée, puis au service de Madame Isabelle, une bourgeoise écrasée par son mari qui voudrait donner mais qui ne sait pas. « Sœurs de miséricorde » est un beau roman, qui raconte la formidable solidarité entre les femmes, et les liens qui se tissent entre personnes en détresse. Un beau récit, une belle chanson d’amour réaliste qui donne de l’espoir.
4. L'ile du Point Némo, Jean- Marie Blas de Roblès ( Points)
" Laissons Holmes et Grimod rassembler leurs esprits en devisant sur les curieux passagers de cette nef des fous, pour suivre Canterel après qu'il eut laissé ses compagnons derrière lui et traversé deux voitures pour regagner sa chambre."
Livre d'aventures intéressant et riche en rebondissements qui fait penser a la littérature populaire du XIXème siècle, dont certains romans de Jules Verne, Jean-Marie Blas de Roblès nous plonge dans un récit truculant et tentaculaire riches en rebondissements en tiroirs indéfinissable et in-racontable.
Tout part d'un diamant fabuleux qui disparaît du coffre de Lady Mac Rae. Toute une fine équipe se met en place pour poursuivre le dangereux Enjambeur Nô autour du monde...
D'autres invidividus tout aussi étranges et tout aussi truculents, rencontrés lors de leurs pérégrinations déjantées, vont rejoindre la petite bande, de Sibérie en Chine, d'Australie au Pacifique, sur la trace de ce u diamant disparu.
On suit les périples improbables et absolument déjantées de nos héros dans une plume assez désuette mais au charme certain.
De la littérature ambitieuse, avec plusieurs intrigues finement entrecroisées. pour un récit assez baroques et improbable absolument coquasse et loufoque,
Déconcertant, inventif , farfelu, parfois un peu long L'ile du Point Némo, sorti en grand format à la rentrée littéraire de 2014 est un Objet Littéraire non identifié qui ravira les fans de curiosités .
5. Ils savent tous de vous, Ian Levison ( ed Liana Levi Piccolo)
« Quelques minutes plus tôt il dormait à poings fermés. Il avait rêvé de la fille qui travaillait chez un concessionnaire de voitures, celle qu’il avait rencontrée dans un bar de Kearns quand il commençait à être télépathe. Dans son rêve tout se passait bien mieux que dans la vie réelle. Elle était impatiente de le suivre chez lui. Et soudain BANG. Il s’était réveillé et avait regardé dehors, où un homme la gorge en sang titubait sur le parking d’un hôtel merdique sous la pluie. La réalité était horrible. Il ouvrit la porte. Un jeune policier pointait son arme sur lui. Il soupira… »
Lire dans les pensée des gens, un sacré don que Snowe, jeune flic d’une petite ville du Michigan se découvre du jour au lendemain. Très pratique lors des enquêtes, il sait tout de suite lorsque les inculpés disent la vérité ou non, en quinze jours il est devenu un superflic. C’est plus problématique auprès des collègues, découvrir que le sergent responsable de patrouille rêve de prendre une douche avec le jeune stagiaire Latino est plutôt gênant, et dans les transports amoureux lire que sa partenaire se demande si le lave-vaisselle a été vidé, a tendance à freiner la libido.
Mais bon, la carrière de Snowe prend un nouveau départ, une jeune et jolie agent du FBI a besoin de lui, il doit retrouver Denny, un autre télépathe qui a mal tourné. Mais au fait, comment le FBI sait que Snowe est devenu télépathe ?
Quand un marquis rencontre un autre marquis, ils se racontent des histoires de marquis. Quand un télépathe rencontre un autre télépathe, ils se racontent forcément la vérité et Snowe et Denny vont rapidement s’apercevoir qu’ils ont des ennemis en commun. Des personnes qui savent tout de nous…
Un paranoïaque a tout de même de vrais ennemis, non ? Si en plus ils lisent dans nos pensées…Télésurveillance, GPS, Internet, smartphone, Big-Brother est dans la toile et dans notre poche. Bienvenue dans le thriller parano de Iain Levison.
Du couloir de la mort d’un pénitencier, aux bureaux de l’ONU à Manhattan, une course poursuite entre New-York et Boston pour un final dans un motel glauque on ne voit pas le temps passer. En conteur né, Levison nous accroche avec un sens du tempo et un humour ravageur. « Arrêtez-moi là » et « Un petit boulot » ces précédents romans adaptés au cinéma en France sont sortis l'an dernier, et qui sait, ce Jared Snowe, le flic intègre et mentaliste, pourrait bien devenir un sacré héros récurrent, enfin, si ceux qui savent tout de nous lui prête vie…