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A l'occasion du dernier festival  Ciné O Clock spécialisé dans le cinéma britannique  début février à Villeurbanne,  j'ai eu un vrai coup de coeur pour The Young Lady, un premier film que j'ai trouvé vraiment formidable.

Visiblement ce film a produit le même effet chez tous ceux qui l'ont découvert lors de différents festivals de la région ( le film était aussi en compétition à Annonay, mais assez étonnamment, il est reparti bredouille alors que les autres films de la compétition que j'ai pu voir ne lui arrivaient pas à la cheville) et on espère qu'il puisse rencontrer un beau succès d'estime lors de sa sortie en salles le 12 avril prochain.

Le réalisateur de The Young Lady, William Oldroyd, et la scénariste, Alice Birch, réalisent ici leur tout premier film de cinéma, mais auparavant ils se sont fait connaitre du théâtre londonien et cet amour pour le théâtre se sent fortement dans leur façon de magnifier les décors et les espaces et d'optimiser le matériau d'origine.
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Ce matériau d'origine, ce n'est pas, comme on pourrait le croire, le Lady MacBeth de Shakespaere mais celle du district de Mtsensk, écrit par Nikolaï Leskov en 1865.
Les deux dramaturges britanniques ont en effet eu la riche idée de  transposer l'intrigue du roman de  de Leskov dans l’Angleterre victorienne.
 
Les thèmes abordés dans le livre, notamment celui la soumission des femmes dans la société du 19è siècle, les difficiles conditions de  vie dans les communautés rurales et la passion interdite qui fait soulever des montagnes  constituent certes  des thématiques assez prégnantes dans les oeuvres de l'époque victorienne,   sauf que l'intrigue et l'héroïne de l'histoire sont finalement bien moins prévisibles et plus retorses qu'attendus.
Contrairement à ce qu'on aurait pu penser au  tout début du film où la jeune Katherine semble subir un mariage forcé avec un homme qu'elle n'aime pas, il n'y aura par la suite  chez cette jeune héroïne, aucune soumission ou d'acceptation de son triste sort.
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Celle qu’on prenait pour une jeune ingénue victime des événements va, en effet, peu à peu, et au gré d'une passion sauvage et interdite avec un beau palefrenier, se muer en une monstre sans scrupules, osant des actes de plus en plus repréhensibles et totalement inhumains, au grand effroi des témoins de ces actes, comme cette jeune domestique noire qui subit sans rien pouvoir dire les actions terribles que sa jeune patronne commet.

The Young Lady  va donc nous montrer comment cette quête de liberté d'une femme victime des inégalités sexuelles de l'époque  va la faire plonger dans une sorte de folie, voire d’auto-destruction.

 

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Le spectateur, sidéré par cette transformation radicale d'une petite agnelle en loup, va être partagé entre stupeur et une certaine admiration devant ce personnage sans foi ni loi, qui trouve des solutions radicales aux épreuves qu'elle traverse, et jubile pas mal devant les limites morales sans cesse repousées par chaque nouvel acte de la jeune jouvencelle.

Radicaux également les choix  du metteur en scène qui, avec un tout petit budget (600 000 euros) évite totalement l'académisme inhérent à la plupart des films en costume et  opte pour des choix radicaux en exploitant superbement son huis clos et son climat anxiogène et oppressant que se perdre en beaux extérieurs et costumes hors de prix.

La réalisation, façon caméra à l’épaule du début, qui suit l'apprentissage douloureux de Katherine, va ainsi progressivement  laisser  place à des plans séquences d'une maitrise totale qui contribue au malaise ressenti devant les situations d'une cruauté indéniable.

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 Pas de grande musique  ni de grandes envolées de mise en scène : William Oldroyd marche en cela sur les traces d'Andréa Arnold et de ses hauts du hurlevent pour un film tout aussi emballant et remarquable.

Et Katherine ne ferait pas autant d'effet sur le spectateur si elle n'était pas jouée par une comédienne remarquable, ce qui est le cas avec une vraie révélation la jeune Florence Pugh-- qui avait joué auparavant dans un seul film, The Falling inédit en France- et dont le jeu, formidable d'intensité et de présence efface un peu ses autres partenaires  pourtant impeccables aussi, exception faite de la jeune Naomi Ackie,  éblouissante dans le rôle de la servante, dont la terreur muette imprimera longtemps la rétine.

William Oldroyd et Alice Birch (scénariste), tous deux venus du théâtre londonien, signent pour leur premier essai au cinéma un vrai coup de maitre qui devraient logiquement être suivis d'autres...

 A noter qu'une  Avant-première du film THE YOUNG LADY de William Oldroyd, le mardi 4 avril à 20H au cinéma UGC Odéon.

La séance sera suivie d'une rencontre avec William Oldroyd.

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Distribué par KMBO Cinema, sortie le 12 avril en partenariat avec Marie Claire France, Le Monde, SO FILM, madmoiZelle.com, Club V.O., SensCritique et Classiques Garnier.