MADEMOISELLE, dernier film de Park Chan-Wook, qui fut une des révélations du Festival de Cannes 2016, est sorti en DVD et VOD mercredi 22 mars 2017, chez M 6 Vidéo.
De retour en Corée du Sud après un essai mitigé aux USA ( Stocker), le retour au pays du maître sud-coréen lui semble avoir profitable, tant ce thriller sensuel , audacieux et ambitieux , retrouve une bonne partie des immenses qualité de son oeuvre phare, à savoir Old Boy , Grand prix à Cannes en 2004.
Présent cette année de nouveau à Cannes, Park Chan-Wook repartit étrangement bredouille alors que de nombreux fans du film lui prédisaient la Palme d'Or.
Mademoiselle est tiré l'ouvrage Du bout des doigts, de la Britannique Sarah Waters, en Corée, au moment de son occupation par le Japon, dans les années 1930.
Un escroc qui se passer pour un comte cherche à se marier avec Hideko qui vit dans un manoir avec son oncle bibliophile. Pour arriver à ses fins, l'escroc introduit une domestique, Sookee, chargée de servir Hideko et influencer ses sentiments, sauf que les deux femmes vont dangeureusement se rapprocher l'une de l'autre.
Ce film somptueux, rafiné, à la photo magnifique et aux travellings particulièrement aériens, est d'une élégance formelle à couper le souffle, avec notamment pas mal de séquences proches d'être de magnifiques tableaux parfaitement composés et aux couleurs particulièrement soignées.
Ce thriller à multiples rebondissements qui s'amuse et amuse le spectateur sur le thème de l'arroseur arrosé ou plutôt de l'anarqueur arnarqué , en nous montrant par exemple plusieurs fois la même scène sous un angle différent ( procédé toujours jubilatoire quand c'est bien maitrisé, à l’instar de Rashomon de Kurosowa, si on veut prendre une autre référence asiatique), est un must du genre tant le spectateur prend beaucoup de plaisir à se faire manipuler de la sorte.
Mais Mademoiselle s'avère être in fine un peu plus qu'un simple jeu de dupes, aussi brillant soit il, car sous couverts des différents twist, le récit propose une belle et intense réflexion sur les liens qu'il peut exister entre amour et érotisme et également une sorte d' opposition entre deux pays rivaux, la Corée et le Japon.
Cette initiation sensuelle et sexuelle entre les écrits de Sade et l'Empire des Sens, est profondément charnelle et assume son coté saphique tant les liens qui se crééent entre Mademoiselle et sa servante est notamment d'une profonde sensibilité.
Mademoiselle nous plonge dans les faux-semblants et les apparences et si on se perd un peu parfois devant ce petit jeu de qui arnarque qui, on ne boude pas son plaisir devant cette fresque jouissive et délibérement féministe dans lequel les femmes ont le beau rôle et les actrices ,notamment Kim Tae-ri lumineuse dans son premier rôle à l'écran, particulièrement mises en valeur.
Troublant, sensuel et profondément féministe, ce Mademoiselle est un véritable travail d'orfèvre.
LES BONUS :
Suppléments un peu decevant eu égard à la qualité du film : quelques modules dont une interview du réalisateur et un making off qui reste à la surface et sont plus des teasers professionnelles que des débats de fond sur un film qui garde, du coup, une certaine aura dégagée tout du long..