On entend souvent gloser sur la fin du cinéma italien qui serait loin de retrouver ses lumières des années 60-70 quand Fellini, Rosi, Bertolluci, Etore Scola portait haut l'étendard de ce cinéma transaplin, avec une dimension sociale, politique et poétique très forte.

Depuis à part Nanni Moretti et Marco Bellocchio et Paolo Sorrentino,  peu de grands noms sont apparus, et surtout ceux ci ne sont pas de toute première jeunsse,et la relève tarde à apparaitre.

Heureusement, vont débouler dans les prochaines semaines  sur nos écrans plusieurs longs métrages- dont deux sont des premiers longs, et l'autre un second-  qui prouvent la vitalité de ce cinéma italien qui à travers trois exemples différents bousculent un peu les genres et proposent une vision plutot singulière et personnelle de différents genres cinématographiques .

Présentation et brèves chroniques de ces 3 longs métrages différentes par ordre de leur sortie en salles, l'un sort dès mercredi prochain en salles, les autres au cours des deux semaines suivantes :    

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   1. L'affranchie, Marco Danieli- 19 avril : un joli récit d'émancipation 

Après quelques courts-métrages et plusieurs documentaires pour le petit écran, Marco Danieli réalise son premier long. métrage  pour le cinéma mais on voit que l'aspect documentaire est bien présent.. Notamment dans la façon dont il traite son sujet et l'univers qui lui sert de toile de fond à son intrigue..

Ce sujet, c'est celui assez méconnu et plutôt  souvent caricaturé  par les médias des Témoins de Jéhovah, qu'on étudie  ici à la fois à l'aune de ses  pratiques et la vie de ses membres.
On y découvre un univers replié sur lui-même dans lequel tous ses adeptes participent à l’œuvre commune et vont régulièrement faire du porte-à-porte afin de  tenter de rallier d’autres personnes à leurs croyances.
Mais  l'appartenance à cette communauté particulièrement autarcique est ainsi traitée sous l'angle de l'émancipation et de la volonté d'une liberté personnelle, puisqu'on y suit une jeune membre de 18 ans, Guila, qui est membre depuis sa naissance, et qui à l'aune d'une histoire d'amour avec un jeune voyou, va tenter de s'affranchir de la tutelle particulièrement scélérosante de cette corporation .
La  partie documentaire au sein de la communauté des témoins de Jéhovah est ici joliment combinée à la fiction sur  la naissance d’une histoire d’amour et le passage à une vie d’adulte libre d’une jeune fille dont le mode de vie avait été, jusque là, dicté par sa communauté et ses parents.
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Si le scénario prend bien comme élément central cette histoire d’amour complexe et touchante, L'affranchie, comme le titre l'indique est surtout le récit du difficile passage à l’âge adulte et l’émancipation d’une jeune femme- interprèté de façon très convaincante par la jeune Sara Serraiocco, qui ne parvient pas vraiment  à s'affranchir des carcans de son éducation. 

L'amour de Guila pour Libéro  sera plus le catalyseur d'une métamorphose et d'une volonté d'émancipation que d'une vraie passion amoureuse durable, et  Marco Danieli  filme cette histoire de recherche de liberté avec délicatesse et sans porter de jugement.

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L’affranchie est une œuvre honnête et rigoureuse, qui permet de mieux d’appréhender le mode de vie de l’une des plus anciennes secte religieuse du monde, mais aussi d’y découvrir une belle histoire d’amour émancipatrice .

La réalisation est parfois un peu scolaire, mais les personnages  très attachants et le scénario moins attendu que prévu, le long métrage est une belle réussite sur un sujet difficile .

Le cinéaste a obtenu le David di Donatello (le César italien) du meilleur réalisateur débutant et on espère que cette Jolie Affranchie soit le début d'une carrière prometteuse.

 

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 2. ONE KISS d’Ivan Cotroneo- 26 avril : un teen movie hors des sentiers battus 

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 Ivan Cotroneo, écrivain et scénariste italien connu dans son pays, réalisateur de séries télévisées et des webséries réussies  aborde pour son second long métrage de cinéma le genre  teen movie, mais  l'aborde là aussi sous un angle particulièrement convaincant, avec énormement de pudeur, de justesse et de singularité.

En adaptant son propre roman à l’écran, Ivan Cotroneo nous montre la complexité du monde adolescent, ses angoisses ses espoirs, et aussi la difficile insertion à l'intérieur d'une communauté dans laquelle la cruauté reflète le mal-être de chacun.  

One Kiss n'hésite pas  à mettre pas mal d'humour et aussi beaucoup d'émotion à sa chronique qui évite le coté éculé du sujet , en transgressant de manière plutot habile avec les habituels codes des films sur la recherche de son orientation sexuelle et du très difficile coming out, des sujets très souvent abordés dans les teens movies actuels.

La difficulté d’être adolescent et l'amitié sont des thèmes très souvent traités par le cinéma, mais  ici le réalisateur prend soin de sonder  « la fragilité de la jeunesse, les blessures et les joies soudaines » avec une acuité et un tact qui emporte le morceau 

 LorenzoBlu et Antonio, lycéens d’une petite ville du Nord de l’Italie  sont considérés aux yeux des autres  comme marginaux,  et rejetés par ceux qui constituent " la norme", ils vont se lier d’amitié pour former un trio inséparable, du moins jusqu' à ce que le baiser promis par le titre vienne bouleverser l'équilibre du trio..

Chronique profondément touchante sur l'excès de l'adolesence,  l'âge de ces premières fois  et d'une sensibilité à fleur de peau, et nous dit tout de la fragilité de la jeunesse, les blessures et les joies soudaines,où tout ce qui  survient prend facilement une importance capitale et où l'on a tendance à surréagir un peu trop..

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La bande sonore est particulièrement judicieuse- De Placebo à Lady Gaga enpassant par Blondie, la musique et ainsi le  « Hurts » de Mika, et donne une saveur particulière à ce joli film sur la difficile acceptation de soi, et sur les sensibilités,différentes et autres cassures intérieures qui se dissimulent derrière des sourires de facade.

Un film joliment moraliste qui traite du rejet et de la différence et des douleurs de l'adolescence avec grâce et poésie. et en n'omettant pas de raconter la versalité de cet âge où les sentiments font sans cesse le grand huit. 

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Un film qui vaut aussi pour son jeune casting car les trois jeunes acteurs : Valentina Romani, Rimau Grillo Ritzberger, et Leonardo Pazzagli sont d'une immense justesse et apportent énormément d'intensité et de crédibilité à leur rôles.

Une description des potentiels  dangers de la mélancolie et  des risques de l'isolement  et de la marginalisation des adolescents dans notre monde contemporain -  et une ode aux désirs de survie et de résistance coute que coute, c'est ce que réussit parfaitement le cinéaste avec son One Kiss  aussi charnel et intense qu'un premier baiser...

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 3.  On l’appelle Jeeg Robot : un super héros radioactif - 3 mai  

 Découvert dans différents festivals tels que l’Étrange Festival,jeeg

 ON l'appelle JEEG ROBOT est une vraie curiosité car un  film de super héros italien qui s'aventure du côté de la franchise Marvel mais avec moins de moyens et plus d'idée et de fraicheur!

Premier long métrage  pour Gabriele Mainetti qui nous conte l'histoire d'Enzo,  petite frappe dont le but dans la vie est de faire quelques  braquages

Lors d’une course-poursuite avec les forces de l’ordre, Enzo va se retrouver par hasard  plongé dans une cuve de substances radioactives et acquérir ainsi de  super-pouvoirs.

Le premier long-métrage de Gabriele Mainetti reprend ainsi de façon assez habile les codes ainsi que la mythologie des supers héros  de Marvel en les incorporant dans le contexte d’une Italie rongée par la mafia et le terrorisme. 

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Certes la trame narrative qui suit bien le film de genre du super héors n'est pas follement originale, mais voir cette culture du super-héro , qui prend sa source dans la culture  américaine et également japonaise, à la sauce du réalisme italien et du film de mafia s'avère in fine un défi périlleux relevé au haut la main et un film assez jouissif à regarder .


 Les situations sont souvent loufoques, et toujours mises en images avec pas mal de soin mettant bien en valeur ce Rome gangréné par la misère et les petits délinquants. 
semble aussi avoir Tarantino période Kill Bill, comme référence ultime, avec une tonalité assez commune, pour ce cocktail d'ironie et de second degrès  et des situations souvent assez loufoques et une galerie de personnages bien haut en couleur et souvent bien atteint psychologiquement.

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  Savoureux mélange de comédie, film de gangster,  film de science fiction et action movie,On l'appelle JEEG ROBOT  est une vraie curiosité qui ne pourra que plaire à tous les fans de super héros et même à ceux qui ne le sont pas tant le film est un peu plus qu'un simple film de super héros..

Film-Annonce Officiel France ON L'APPELLE JEEG ROBOT from Nour Films on Vimeo.