Tunnel ( critique) un film catastrophe malin et prenant!!
Le cinéaste coréen Kim Seong-hun avait marqué les esprits avec son premier long-métrage Hard Day mêlant suspense, action et humour au travers d'un film imprévisible enchainant les rebondissements dans un film qui tenait le spectateur en haleine du début à la fin.
Rebelote avec ce TUNNEL, qui sort en salles mercredi prochain, et qui a fait la clôture du festival lyonnais des Hallucinations collectives.
Dans ce film catastrophe maitrisé et haletant, le réalisateur coréen nous tente encore un audacieux et trés réussi mélange des genres autour d'un pitch qui au départ semble un peu basique et éculé.
En effet, en prenant pour trame principale, la survie d’un homme qui reste coincé seul dans un tunnel,Kim Seong-hun a la bonne idée de ne pas rester uniquement focalisersur cet homme, au grand soulagement des claustrophobes qui ne se sont pas remis des films à la Burried où on suivait pendant une heure trente un type enfermé vivant dans un cerceuil.
En effet le cinéaste coréen qui monte nous montre avec ce qu'il faut d'intelligence et d'humour un peu noir, l'extérieur, tous ces personnes qui , des proches aux pouvoirs publics pourraient aller aider à sortir la victime de ses décombes, mais a tendance à se perdre en conjonctures et palabres au lieu d'être dans l'action et le sauvetage.
Le cinéaste film avec un plaisir évident ces individus qui devraient aller normalement sauver cet homme sans l'once d'une hésitation, mais préfèrent tergiverser et à discuter au lieu d’agir.
Kim Seong-hoon réussit ainsi très habilement à éviter les pièges du huis clos grâce à un savoureux mélange des genres et en utilisant des ingrédients - action, tension, humour, et émotion qu'il savait déjà saupoudrer dans son précédent long métrage.
Le film est surtout passionnant lorsqu'il quitte le tunnel où est enfermé le pauvre Ha Jung-Woo- excellent acteur vu notamment dans The Chaser et dernièrement dans le très beau Mademoiselle - pour livrer une critique acerbe du sensationnalisme, à la manière étonnamment d'un Billy Wilder dans son Gouffre aux chimères.,qui suivait un journaliste sans scrupules exploiter l’histoire d'un homme coincé au fond d’une galerie effondrée.
Dans Tunnel, tout le monde ou presque en prend pour son grade, des policitiens arrivistes aux grandes entreprises de travaux publics incompétentes dominant l’ensemble de la Corée en passant par les médias qui préférent la recherche d'un scoop à la vie d'un homme- cette formidable scène dans laquelle les journalistes envoient des drones dans le tunnel pour suivre le déroulement , seulement dans l'intention de faire de bonnes images et sans trop savoir ce que le mot déontologie veut dire.
Comme Dans Hard Day, où la police coréeenne particulièrement corrompue était bien dans sa ligne de mire, Kim Seong-hoon n'aime rien de mieux qu'égratigner une société coréenne où l'individualisme et le sensationnalisme semble primer sur des valeurs plus respectacles. Au vu du succès énorme du film en corée ( 7 millions de spectateurs), les coréens ne semblent pas lui en vouloir de l'image que son pays renvoie à travers ces films.
La particularité de ce réussi Tunnel c'est qu'il met en avant l'importance d'une vie humaine face aux rouages d'une société qui aurait tendance inconsciemment ou non à trouver la vie d'un invididu assez dérisoire, et le fait avec ce qu'il faut d'ironie et de justesse.
Le film a surement quelques longueurs ici et là- 2h06 quand même pour un survival movie, c'est un poil long, mais le réalisateur sait garder de l'intensité et parvient à instiller à l'intrigue éléments assez inattendus et sait doser scènes très tendues- parfois même assez angoissantes voire horrifiques- et séquences plus légères donnant à l'ensemble un peu de respiration salutaire.
Bref un divertissement très efficace et bien plus intelligent que les habituels blockbusters que l'on voit avec ce genre de trame narrative, que demander de plus, surtout en cette période pré Cannoise un peu pauvre en grand films?