Nocturnal animals : un très bel écrin mais sans doute un poil vain..
Grace à la (plus si) nouvelle chronologie des médias on peut désormais dès le mois de mai voir en DVD des films sortis en début d'année et qui compteront donc pour les tops TEN 2017 chers à la majorité des blogueurs ...
C'est notamment le cas pour un film qui sort aujourd'hui en DVD chez Universal Pictures, le second film de l'ex styliste Tom Ford, Nocturnal animals, en salles la première semaine de janvier, et que certains, totalement sous le charme, avaient considéré sans voir évidemment ceux des 51 semaines suivantes, qu'il ferait assurément partie de leur top ten de fin d'année...
Sa sortie en DVD permet donc de me faire ma propre idée sur un des premiers films événements de cette année cinéma 2016.. Verdict? Un peu mitigé..
Dans son premier long métrage l’excellent A Single Man, le génial créateur de mode Tom Ford, ex pilier de la maison Gucci et qui a aussi travaillé pour Yves Saint Laurent, faisait taire mes craintes en prouvant que la beauté des images n'oblitère pas la force de l'intrigue et que la forme, aussi travaillée soit elle ne primait pas ( beaucoup) sur le fond, vraiment intéressant et audacieux.
En repassant sept ans après derrière la caméra pour adapter le roman d’Austin Wright, Tony and Susan, Tom Ford ne transforme hélas pas totalement ce formidable premier 'essai .
Formellement, Nocturnal animals est d’une élégance remarquable, de la mise en scène aux choix des costumes et des décors, et l'on reste constamment subjugé par la beauté visuelle qui se dégage de ce film, illustrant la véritable maitrise formelle de Tom Ford et l'immense puissance esthétique de son film.
L'ambition n'est pas que formelle, elle est aussi narrative, avec une histoire qui oscille sans cesse entre réalité et récit, nous plongeant dans une singulière mise en abime ( l'héroine lit un roman envoyé par son ex mari qui pourrait avoir des liens avec sa propre histoire) et des allers-retour entre fiction et réalité, assez déconcertants.
Nocturnal animals est ainsi un thriller dérangeant et maîtrisé auquel on pourra juste reprocher une relative froideur, et un coté assez inégal dans l'écriture; la partie "roman" étant plus réussie que la partie " réaliste à Los Angeles, qui n’est guère palpitante, s’avérant surtout in fine un peu poseuse et artificelle.
Du coup, le décalage est net avec l'autre partie du film , la transcription du roman proprement dite une histoire particulièrement tendue, dans un Texas vraiment haletant et glauque à souhait, une partie où se met en valeur un casting masculin particulièrement bon, entre Jake Gyllenhaal, le toujours impeccable Michael Shannon et surtout la révélation Aaron Taylor-Johnson en petite frappe bien allumée, qui livrent des prestations remarquables.
Le roman lue par l'héroine se veut comme une parabole de ce qu’aurait pu être leur vie commune, et l'échec de leur aventure avortée dix-neuf ans plus tôt et si la scène finale est assez poignante, le reste du puzzle- qu'on ne dévoilera pas pour ne pas spoiler le film- s'accorde un peu trop difficilement - il faut aller dans différents forums sur le net pour tenter d'avoir une explication sur le comment du pourquoi ce qui est toujours un peu dommage - pour que la vision du film puisse nous subjuger totalement.
A cause de cette difficulté à ancrer totalement la vie de Susan - Amy Adams, un peu decevante- et la lecture du roman, l'émotion peine à venir, contrairement au bouleversant "A single man", et le film se contente dès lors d'être un jeu de dupes malin, déroutant, certes mais quand même un peu vain..
Vraiment dommage en fin de compte car cet Nocturnal animals, qui bifurque parfois dans son meilleur du côté de chez David Lynch, est quand même d'une grande ambition et d'une belle maitrise, qui, faute d'un récit vraiment emballant, verse finalement plus dans un thriller un peu esthétisant.
Du coup, le film lorgne finalement plus sur le cinéma à la Brian de Palma, et hélas, plutot dans la seconde partie de sa carrière de ce dernier ...